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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu’il l’acceptait. Totalement. Bien sûr il continuerait sans doute à chérir Antoinette, à la prendre peut-être encore, mais il ne se trahirait plus.
    Il longea la chambre de sa maîtresse sans remords et poussa le loquet de celle de son épouse. Elle était vide. Un feu gaillard crépitait dans la cheminée de pierre. Il avait insisté auprès des servantes pour qu’il soit entretenu. Derrière son rideau de flammes, il imaginait la lente transformation, son cri, sa détresse. Plus qu’aucune autre de ses nuits, il se sentait à ses côtés. Il noua les doigts en une prière, visage offert à la lune ronde au travers de la croisée, et attendit l’aube.
     
    Philippus dormait paisiblement lorsque le hurlement le fit sursauter. Il se redressa et tendit l’oreille, inspectant malgré lui la grotte alentour. Cythar était paisible à ses pieds. Il le veillait sans faillir tel un bon chien son maître. Ce n’était pas tant le cri qui l’angoissait, que cette certitude diffuse qu’il était autant humain qu’animal. Il se souvenait l’avoir déjà entendu une fois au château. Il n’avait ici aucune notion du temps. Il chercha la douceur de Loraline à ses côtés mais ne la trouva pas.
    –  Loraline ? lança-t-il dans l’obscurité, mais son écho rebondit sur la roche sans amener de réponse.
    Seul Cythar, éveillé par sa voix, se dressa pour poser sa tête sombre sur son torse. La sérénité de l’animal le rassura. Il ne devait pas s’inquiéter. Loraline était sans doute partie quérir des simples. Certaines sorcières qu’il avait rencontrées auparavant lui avaient certifié l’importance des cueillettes nocturnes. Il n’avait pas à se soucier de sa conduite. Il se recoucha, riant de sa sottise. Loraline n’avait nullement besoin de sa protection !
    Il flatta le col de Cythar et se détendit. Quelques instants plus tard, cependant, il sursauta de nouveau. Le grognement était là tout près. Cythar cette fois avait redressé la tête. Philippus inspecta les alentours puis l’aperçut. Dressé sur un rocher à quelques mètres au-dessus de lui, un loup gris dardait sur lui un regard métallique chargé de haine, babines retroussées et sauvages.
    Une sueur froide glissa le long des reins de Philippus. Cythar se dressa en geignant, ce qui l’effraya davantage. Il n’avait jamais vu de loup aussi puissant dans ce lieu. Celui-ci était différent des protégés de Loraline.
    « Ne pas bouger, ne pas lui faire sentir que tu as peur, se répéta-t-il. Tu vis au milieu de ses semblables, tu portes leur odeur. »
    Un instant il ferma les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, l’animal avait disparu, mais Cythar continuait de geindre et les autres loups terrés dans les tréfonds de la grotte mêlaient leurs gémissements aux siens. Philippus hésita à appeler Loraline de peur de l’exposer à la bête. Peut-être était-elle d’une autre meute, égarée et affamée ? Et si la jouvencelle avait déjà croisé son chemin ? Une angoisse indicible noua sa poitrine.
    Malgré sa blessure et ses résolutions, il se força à s’asseoir. Lorsqu’il posa le pied par terre, la douleur, qu’il avait fini par oublier, le transperça. Mais il refusa de s’y plier. S’aidant de la paroi, il se leva et s’empara de la lanterne à son chevet. Il lui suffirait de gagner le feu que Loraline entretenait au centre de la cavité. Les loups n’approchaient jamais des flammes. Il chercha la nuque de Cythar et s’y agrippa de toutes ses forces.
    –  Mène-moi, chuchota-t-il à l’animal en lui désignant la braise.
    Cythar s’avança, entraînant Philippus sautillant sur un pied. Il était à mi-chemin lorsque le grognement dans son dos lui fit comprendre son inconscience.
    –  Avance, ordonna-t-il à Cythar.
    Mais l’animal s’était figé, haletant à ses côtés, comme obéissant à un ordre plus pressant encore. Alors Philippus se retourna. La bête s’était ramassée sur elle-même, prête à bondir. Il sentit les poils de Cythar se dresser sous son poing. Il le lâcha malgré lui. Un instant les deux loups s’affrontèrent du regard tandis que Cythar s’interposait entre Philippus et la bête.
    « Gagner le feu. Gagner le feu », tambourinait à ses tempes une toute petite voix. Sa jambe lui faisait atrocement mal. Philippus se contraignit pourtant à reculer, laissant Cythar face à la hargne du loup gris. Plus il se rapprochait des braises plus il lui semblait que Cythar se

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