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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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yeux de cette poitrine nue au-dessus de lui.
    Loraline dégagea le bol de ses lèvres et le posa à terre, puis pencha son doux visage vers celui de Philippus. Une fois encore leurs regards s’accrochèrent, et brusquement la peur de Philippus disparut. Ne resta que le désir, brutal, animal, un désir incontrôlable.
    –  Je… commença-t-il, mais les lèvres de Loraline se fondirent aux siennes.
    De nouveau les coups frappèrent ses tempes, mais il s’en moqua. Ces lèvres sur les siennes avaient un goût de baies et de simples. Il entendit le bruit sourd de la pelisse tombant à terre. Instinctivement, il attira à lui ce corps qu’il devinait nu. Loraline se coucha sur lui avec douceur. C’est à son contact contre sa virilité en éveil qu’il découvrit sa propre nudité. Il s’en grisa tandis que, souple et féline, Loraline l’enfourchait déjà en se redressant sur son ventre.
    Elle poussa un petit cri de douleur tandis que tout son corps se cabrait en une danse langoureuse que seul l’instinct guidait. Philippus se laissa prendre, s’obligeant à contrôler son désir pour mieux jouir de l’image. Jamais encore il n’avait vu corps et visage plus parfaits, entendu chanson plus belle que cet hymne au plaisir qu’elle lui offrait sans pudeur, sans tabou. Lorsque, n’y tenant plus, il se libéra en elle, elle se laissa glisser contre lui en souriant, cala sa tête aux boucles soyeuses, longues et sauvages contre son épaule, et s’endormit.
    Alors seulement il prit conscience d’avoir beliné une criminelle.
     
    Il n’avait pas osé bouger, pas seulement respirer plus fort de crainte de l’éveiller, s’obligeant à reconstituer dans sa mémoire les fragments de son aventure depuis qu’il était en Auvergne. Et plus les minutes s’allongeaient au souffle régulier de la sauvageonne, plus il avait le sentiment que quelque chose était incohérent. Il avait besoin de réponses. Dans le regard amande qui avait fouillé le sien, il n’avait trouvé que douceur, lumière et tendresse. Ce n’était pas ce que l’on pouvait imaginer des yeux d’un meurtrier. Non, il y avait autre chose. Quelque chose qui ressemblait à une blessure. Et plus que son corps lui-même dont il prenait progressivement conscience dans la douleur, celle-ci lui faisait mal. Mal de son mystère.
    Il ramena une main sur les seins de la belle et les caressa tendrement. Leur peau était souple et fine, tant qu’il ne put s’empêcher de sourire et de s’en apaiser. Il remonta lentement jusqu’à la nuque et apprécia la chevelure glissant entre ses doigts. Non, elle n’avait rien d’irréel ni de diabolique. Elle était seulement la plus belle des femmes qu’il lui ait été donné de rencontrer, et il ne pouvait parvenir à comprendre ce qu’elle faisait là, au milieu des loups dont vraisemblablement elle connaissait le langage.
    Il finit par tourner vers elle un regard que l’émotion autant que la curiosité animait. Elle le scrutait en silence, éveillée sans doute par sa caresse. Il la figea sur son épaule, comme si cela eût pu suffire à la rendormir, frustré brusquement qu’elle ait cessé de lui appartenir. Elle remua l’omoplate sous sa main en un appel silencieux. Il laissa ses doigts la parcourir de nouveau. Elle s’alanguit en gémissant d’aise, le visage illuminé d’un bonheur sincère. Il se risqua :
    –  J’ai tant de questions !
    Mais déjà elle reculait entre ses cuisses.
    –  Plus tard, répondit-elle en glissant ses doigts sur son bas-ventre.
    Elle le fixa longuement, une lueur sauvage au creux des prunelles tandis qu’il sentait de nouveau s’enflammer sa verge.
    –  Encore ? demanda-t-elle, sûre de sa réponse.
    –  Oui. Encore.
    Fermant les yeux sur sa plénitude, Philippus se laissa aimer pour la seconde fois.
     
    Ensuite il lui fallut affronter la réalité.
    –  J’ai endormi et immobilisé ta jambe, expliqua Loraline après lui avoir révélé son nom. La fracture était ouverte et tu avais perdu déjà beaucoup de sang lorsque je t’ai trouvé. C’est Cythar qui m’a aidée à te dégager de la crevasse, ajouta-t-elle en ébauchant une caresse entre les oreilles du loup qui précédemment s’était approché pour le renifler.
    –  Comment as-tu su ? Qui es-tu ? Pourquoi ne puis-je voir ma jambe ? Je suis médecin, je…
    –  Chut. Calme-toi. J’aurai réponse à toutes tes questions. Laisse-moi le temps, veux-tu ?
    Elle souriait,

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