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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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de
     mois…
    — Ben oui… Le monde peut encore attendre Marie-Ange !

    — Ah ben, j’ai-tu la berlue, moé là ? Y a une grosse souris dans ma
     carriole !
    La fillette rigola et se dépêcha de courir jusqu’à la maison de son oncle.
     François-Xavier y entra à la suite de Laura et, se découvrant la tête, salua
     poliment sa nouvelle belle-sœur Rolande. Il était gêné en sa présence. Il faut
     dire que la jeune femme était si timide qu’elle créait ce malaise uniquement par
     son attitude. Il y avait le fait aussi que Ti-Georges lui avait parlé, à
     demi-mot, du plaisir inégalé que le couple avait au lit et des images lui
     venaient à l’esprit lorsqu’il posait les yeux sur Rolande. Il avait honte de
     telles pensées surtout que Rolande était très gentille. Elle se comportait en
     deuxième mère pour les enfants nés de Marguerite. Samuel surtout l’avait prise
     en affection ; le bambin de quatre ans la suivait partout et prenait soin
     d’Augustin, son demi-frère, comme la prunelle de ses yeux. Ti-Georges arriva
     dans la cuisine en compagnie d’Elzéar et souhaita le bonjour à l’arrivant.
     François-Xavier fut surpris de la présence de son neveu.
    — T’es pas à l’école ? s’étonna-t-il.
    — Ben non, mononcle, répondit avec fierté l’adolescent. Papa vous l’a pas dit ?
     J’reste aider sur la ferme astheure. J’ai treize ans, chus un homme !
    François-Xavier n’eut aucune difficulté à comprendre pourquoi il avait été
     laissé dans l’ignorance de ce fait. Ti-Georges se doutait très bien que
     François-Xavier et Julianna désapprouveraient une telle décision. S’il y avait
     une chose qu’Ernest lui avait laissée en héritage, c’était l’importance de
     l’éducation.
    — Y en sait ben assez de même, marmonna Ti-Georges. Pis toute la ferme va y
     revenir, ça fait qu’y est aussi ben d’apprendre comment bien la faire
     rouler…
    François-Xavier ne répondit pas et se contenta de tourner sa
     casquette entre ses mains. Il changea de sujet. Il s’adressa à la jeune
     femme.
    — T’es ben sûre, Rolande, que ma Laura te dérangera pas ?
    — Ben non voyons ! J’entends pas les jumeaux quand a l’est là !
    — Pis j’te jure que c’est rare ! surenchérit Ti-Georges avec bonne
     humeur.
    François-Xavier suivit Ti-Georges et Elzéar à l’extérieur. Tous trois se
     dirigèrent vers le côté de la grange. Ils avaient prévu commencer la
     construction d’un enclos d’hiver pour les moutons que Ti-Georges s’apprêtait à
     acquérir. Rolande voulait de la laine au printemps prochain.
    — C’est une tricoteuse pis une tisseuse, ma Rolande, avait fièrement déclaré
     Ti-Georges au cours de l’été. J’viens d’y acheter un beau métier à tisser. A dit
     qu’a va nous faire les plus belles couvertes du pays. Vous viendrez voir comment
     ça marche rondement !
    Quand Rolande, assise sur le banc de bois devant l’énorme machine à tisser,
     avait fait une démonstration de son art à Julianna, celle-ci s’était exclamée
     que cela ressemblait un peu à un piano. Des jeux de pédales, des cordes et en
     plus, Rolande créait une mélodie, rythmée et joyeuse au fur et à mesure qu’elle
     passait la navette et qu’elle ramenait vers elle les cordeaux.
    François-Xavier se dit que Julianna devait s’ennuyer d’avoir un piano. Ils ne
     pouvaient se permettre une telle dépense en ce moment. Elle devrait se contenter
     de jouer la musique des tisserands. François-Xavier se concentra sur son
     travail. C’est lui qui avait dessiné les plans de l’enclos. Tandis qu’il
     mesurait une planche et qu’il faisait sa marque à l’aide du gros crayon noir de
     menuisier, qu’il plaçait sur son oreille, il se dit qu’il avait hâte au
     printemps pour tondre la toison de ces bêtes. Ce serait intéressant. Il vérifia
     à nouveau sa mesure. « Vaut mieux y voir à deux fois que de s’en mordre les
     doigts » disait son père.
    Il s’apprêta à scier la planche quand cette tâche lui fit
     penser à une de ses nombreuses conversations avec Henry. Ils étaient attablés
     devant une bière et les deux amis discutaient une fois de plus de politique.
     Henry parlait encore en mal de Taschereau, disant que lui et ses libéraux
     étaient au pouvoir depuis 1920 et que ce parti faisait ce que bon lui semblait.
     Leur façon d’agir n’était pas étonnante ! Henry s’enflammait de plus

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