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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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dépêcha de terminer
     sa besogne. Il avait hâte d’embarquer sa souris.

    Cette enfant était irrésistible. Marie-Ange fondit devant la moue qu’arborait
     sa nièce Laura.
    — Matante May, a l’aime pas ben ben le gruau, confia-t-elle à la fillette à
     mi-voix. Mais dis-le pas à ta mère…
    Julianna était montée faire les lits. Elle avait le champ libre. La tante se
     leva, alla chercher une galette et la donna à l’enfant. Avec bonheur, Laura
     accepta le gâteau. Marie-Ange sourit devant le caprice de l’enfant. Elle en
     tendit une à Mathieu. Celui-ci la refusa. Tout à coup, l’attention de la femme
     fut attirée par un drôle de bruit provenant de l’étage. Elle fronça les sourcils
     puis en comprit la signification.
    — Surveille ta sœur pis le bébé, dit-elle à Mathieu.
    Elle monta l’escalier et se dirigea vers la chambre de Pierre. Elleavait vu juste. Étendue sur le lit de celui-ci, Julianna
     sanglotait.
    — Bon, c’est toujours ben pas parce que je t’ai dit que tu couvais trop tes
     petits que tu pleures comme une Madeleine ? demanda l’aînée en s’asseyant sur le
     bord du lit.
    Julianna se redressa et fit signe que non. Marie-Ange prit un mouchoir propre
     dans la poche de son tablier et le tendit à sa jeune sœur.
    — Qu’est-ce qu’y a d’abord ?
    Julianna se jeta dans les bras de sa sœur en pleurant de plus belle.
    — Chus malheureuse, Marie-Ange !
    Celle-ci berça sa jeune sœur comme une enfant. Doucement, elle lui
     demanda :
    — C’est-tu à cause de Henry ?
    Julianna se recula un peu.
    — Non, oui, non… oui, je le sais pus ! balbutia-t-elle.
    — Julianna, des fois tu m’fais penser à une p’tite fille…
    — Chus pas une p’tite fille ! se défendit-elle.
    — T’aimes ton mari, ça se voit comme le nez en pleine face ! Quand tu regardes
     ton homme, tes yeux brillent, reprit Marie-Ange.
    — C’est vrai, j’aime François-Xavier très fort, admit Julianna en se calmant.
     Mais des fois, j’ai l’impression d’aimer Henry aussi, avoua-t-elle dans un
     souffle.
    — Ben non, la rassura sa sœur. C’est des idées que tu t’es mis dans la caboche.
     Un cœur, ça appartient juste à un homme quand l’amour est le vrai. Pis toé, tu
     l’aimes vraiment ton mari. Je peux-tu te parler franchement ?
    — Comme si tu t’étais déjà gênée ! répondit avec tendresse Julianna.
    — C’est sur ta vie de princesse que tu pleures à matin.
    — Ma vie de princesse ?
    — La grande vie que tu menais à Montréal, tes belles robes, la galanterie de
     Henry, danser pis chanter à un bal…
    Julianna resta silencieuse. Marie-Ange reprit.
    — La vie, Julianna, c’est pas une fête où tu t’étourdis de
     champagne. C’est des enfants qui demandent de ton temps, qui sont malades des
     fois, qui partent à l’école, qui grandissent…
    — Je sais ça !
    — C’est un mari à rendre heureux, une maison à tenir à l’ordre…
    — Ben oui, le lundi, le lavage, le mardi, le repassage, le mercredi, le
     reprisage, le jeudi… commença Julianna sur un ton sarcastique.
    — J’connais les jours de la semaine, la coupa Marie-Ange. C’est important que
     t’apprennes à tenir une maison, sinon tu y arriveras jamais icitte !
    Depuis leur arrivée, Marie-Ange avait tout pris en main. Elle avait établi un
     horaire de tâches. Le jeudi, c’était le grand ménage, le vendredi, on cuisinait
     pour la semaine, et le samedi, c’était pour compléter ce qui n’était pas fini.
     D’un air renfrogné, elle ajouta :
    — J’serai pas toujours icitte à tout faire à ta place ! Astheure que Ti-Georges
     m’a remboursée, j’pourrais enfin partir faire le tour du monde !
    Julianna eut un hoquet.
    — Oh non, Marie-Ange ! S’il fallait que tu partes… je… j’mourrais !
    — Julianna…
    La jeune femme se rendit compte à quel point sa réaction était puérile. Elle
     prit sur elle et dit :
    — Je m’excuse, Marie-Ange. J’ai pas le droit de te demander de rester quand tu
     pourrais aller visiter d’autres pays. T’as raison, chus trop gâtée… C’est
     tellement difficile de vivre icitte !
    — Allons, tu fais pas si pitié que ça ! T’as juste à te décider, Julianna, pis
     ça va mieux aller. Au lieu de nourrir ton malheur de larmes, souris pis fais
     pousser ton bonheur.
    Julianna regarda sa sœur.
    — J’vas essayer, promit-elle. Mais aide-moé encore un peu. Une couple

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