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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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patron lui
     avait pleuré dans les bras comme un bébé. C’est qu’il l’aimait, sa belle du
     Lac-Saint-Jean. Hélas pour lui, il était déjà marié et sa riche épouse
     américaine aurait eu tôt fait de le larguer si elle avait eu connaissance de ses
     écarts.
    Albert avait été surpris que l’Américain cède au chantage de la jeune femme. Il
     lui aurait été très facile de la réduire au silence… Son patron avait toujours
     été un mou, un faible. Monsieur Morgan lui avait exposé ses intentions. Il
     laissait à sa jeune maîtresse une maison au Lac-Saint-Jean et celle de Montréal
     qui abritait son logement et les bureaux de la compagnie maritime. Il fermerait
     cette dernière. Albert avait eu un instant de frayeur. Il allait se retrouver
     sans emploi ? Monsieur Morgan l’avait rassuré. L’Américain lui avait confié
     qu’il venait d’acquérir une nouvelle entreprise, dans un tout autre domaine,
     située elle aussi à Montréal, et il lui avait offert d’en superviser le bon
     fonctionnement pendant son absence. Il avait juréqu’il
     reviendrait dans le courant des prochaines années, qu’il tenait à garder un lien
     avec Montréal. Il lui avait également demandé de surveiller les alentours de la
     maison de Montréal. Si jamais la jeune femme y venait, Albert devait le mettre
     au courant à l’instant même. Il serait récompensé de ses services par un
     généreux salaire. Albert avait à peine haussé un sourcil. Ces riches Américains
     avaient de drôles de manies… Quand la jeune maîtresse avait débarqué à Montréal,
     Albert avait été agréablement surpris. Cette Léonie était encore plus jolie
     qu’il l’avait imaginé. Il était allé se présenter. Ce fut quand la jeune femme
     lui avait parlé, de façon naïve, de son projet de magasin que le plan avait
     germé dans sa tête. Il serait agréable de mettre la main sur tout ce que l’amant
     avait laissé à la jeune femme. Il lui serait facile de faire semblant d’être
     amoureux d’elle. Sauf que Léonie s’était montrée complètement fermée à ses
     avances. Il avait eu beau s’évertuer à se montrer indispensable, avenant et
     patient, il était clair que jamais, Dieu seul savait pourquoi, elle ne
     consentirait à l’épouser. Il avait donc changé son fusil d’épaule. Dans le fond,
     c’était pour le mieux. Il avait le champ libre pour ses petites magouilles sans
     s’encombrer d’une épouse. Aujourd’hui, il avait fait un très gros coup. Elle
     devait l’épouser. Il avait été contraint de la menacer pour y arriver. Au début,
     l’idée de ce voyage à Saint-Ambroise avec sa fiancée lui avait franchement
     déplu. Il ne fallait pas qu’il perde l’avantage. À Montréal, Léonie, coupée de
     sa famille, était sous son emprise. Ici, avec cette Marie-Ange qui semblait voir
     clair dans son jeu… Il prit une gorgée de bière. Son silence passait pour une
     marque de respect envers François-Xavier. Comme s’il ne mettait pas de pression
     pour que l’homme accepte sa généreuse offre de financement. Alors que c’était
     lui qui réfléchissait et qui se disait qu’après tout, ce voyage pouvait se
     révéler bénéfique. François-Xavier lui offrait le levier qui lui manquait pour
     accélérer le mariage.
    — Cela ne serait qu’une aide financière, reprit Albert. La fromagerie serait sous ton entière gouverne. Tu rembourseras avec tes
     profits.
    François-Xavier ne savait plus trop quoi penser… Une petite voix intérieure lui
     disait que cet homme avait quelque chose de louche mais d’un autre côté, il
     serait le mari de Léonie. Ravoir sa fromagerie. Enfin… Il fit taire ses
     appréhensions. Il chercha l’approbation sur le visage de Ti-Georges et de Henry.
     Ceux-ci haussèrent un peu les épaules en voulant dire : « Pourquoi pas ! »
    — J’accepte, monsieur Morin… euh Albert.
    Celui-ci fit mine d’être désintéressé. Il fallait qu’on croie que ce n’était
     que par bonté d’âme qu’il agissait ainsi. Il répondit :
    — C’est une sage décision.
    — Vous le regretterez pas. Vous le savez comment chus vaillant pis
     honnête !
    — Mais oui ! L’honnêteté, c’est si important, répliqua monsieur Morin.
    François-Xavier se laissait gagner par les émotions. Dans sa tête, il imaginait
     déjà l’avenir.
    — J’en reviens pas ! J’vas ravoir ma fromagerie ! Avec cette mise de fonds,
     dans

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