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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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environ deux ans, j’vas être capable de la construire !
    — Tu vas devoir convaincre Léonie de se presser pour le mariage. Je ne pourrai,
     hélas, t’aider si je ne suis pas marié.
    — J’peux vous rédiger un contrat si vous voulez, offrit Henry.
    Monsieur Morin répondit sèchement.
    — Ma parole est un contrat.
    Henry n’insista pas.
    — Bon, comme vous voulez.
    — J’en reviens pas encore. Merci Albert ! C’est la première bonne nouvelle
     depuis longtemps. On s’est battus pour rien pendant des années…
    — Allons, mon ami, dit Henry, même si le comité de défense existe plus, ça veut
     pas dire que vous vous êtes battus pour rien. Je tel’ai
     toujours dit, un jour Taschereau va avaler ses dents ! s’enflamma-t-il.
    Monsieur Morin donna son avis :
    — Mon cher Henry, je trouve que vous allez un peu fort dans vos déclarations.
     Notre chef libéral est le meilleur que l’on puisse avoir ! Et j’espère qu’il
     sera au pouvoir encore longtemps.
    Henry manqua s’étouffer avec sa bière. Il rétorqua :
    — Avec tout le respect que je vous dois, monsieur Morin, il faut pas voir plus
     loin que le bout de son nez pour voter libéral de nos jours.
    Les deux hommes aux idées opposées se toisèrent un instant. Henry reprit.
    — De toute façon, le prochain gouvernement ne sera pas libéral.
    — Vous parlez à travers votre chapeau, répliqua Albert. Jamais ce vulgaire
     Duplessis ne sera premier ministre !
    — Vous verrez bien, monsieur Morin… Il va certainement avoir des élections
     l’automne prochain. Le vent va tourner, j’en suis certain. J’aurais préféré que
     ça soit Gouin qui rentre mais en tout cas. Tout plutôt que les vendus de
     libéraux.
    — Paul Gouin, ce traître ? s’écria Albert. Quand on sabote son propre parti, on
     mériterait la prison !
    — Les libéraux se sont sabotés eux autres mêmes. Gouin a juste vu clair !
    François-Xavier s’interposa dans la conversation. Ti-Georges se contentait de
     regarder, amusé, l’avocat et le guindé se quereller.
    — J’en ai perdu des bouttes ! C’est qui, ce Gouin ?
    Henry lui expliqua.
    — C’est un dissident du parti libéral. Il a fondé un nouveau parti, l’Action
     libérale nationale. Leur programme était très bien, mais ils ont fait alliance
     avec le parti conservateur.
    Albert eut un rire méprisant.
    — Alliance ou pas, on a rien à craindre des petits nationalistes
     progressistes !
    — Si jamais, pis je dis bien si jamais, affirma Henry, les
     libéraux rentrent encore cet automne, ça va être très faible comme majorité pis
     je vous jure que ça va être rien qu’un dernier sursaut. Taschereau va avoir des
     comptes à rendre…
    Ti-Georges commanda une troisième bière. En riant, il dit :
    — J’commence à comprendre les créatures de pas vouloir que ça parle de
     politique dans les veillées !
    — Julianna dirait que c’est pas très civilisé pis que ça tourne toujours au
     vinaigre, dit François-Xavier.
    Bon prince, Henry avoua qu’il se laissait toujours emporter par ces
     discussions. Il offrit la trêve à monsieur Morin en même temps qu’une autre
     consommation.
    — Pis en parlant de civilisé, je vais arrêter à Québec en revenant, annonça
     Henry.
    — Vous reviendrez pas jusqu’à Montréal avec Léonie et moi ? demanda
     Albert.
    — Non, mon ami Jean-Charles Harvey m’attend. On va passer quelques jours
     ensemble. Les derniers temps ont pas été faciles pour lui.
    — C’est le journaliste qui a été mis à l’index ? questionna
     François-Xavier.
    — Oui, on a fait nos études de droit ensemble. Sauf que lui n’est pas devenu
     avocat mais journaliste et écrivain. Son roman Les demi-civilisés est
     pourtant de qualité, soupira Henry.
    — Julianna a lu celui que tu lui as fait parvenir, dit François-Xavier.
     Certains passages l’ont fait rougir.
    — L’avez-vous lu, monsieur Morin ? s’informa Henry.
    — Oui, j’avoue que la curiosité fut la plus forte. Tout Montréal ne parlait que
     de ce roman que l’évêque de Québec avait banni.
    — Monsieur Morin, c’était un péché mortel que de lire ça ! blagua Henry.
    — Je sais, ne le dites pas à Léonie…
    — Il faudra que vous pensiez à cacher celui que je vous ai
     donné, avertit Henry.
    — Tu penses ben que Julianna voulait pas qu’un enfant mette la main dessus ! Y
     est plus que ben caché, je pense qu’a

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