La chapelle du Diable
long à reprendre le
contrôle de la situation. Il souleva sa femme et la retourna face à lui. La
maintenant assise sur le petit banc du piano, il s’agenouilla devant elle. Du
bout des doigts, il se mit à lui caresser les chevilles. Il remonta le long de
ses jambes, entre ses cuisses. Elle haletait d’anticipation.
— Pis si je mets mes mains là, murmura-t-il, la voix enrouée de désir, ça te
plaît ?
Elle fit signe que oui.
— Pis là ? demanda-t-il de nouveau, cette fois en entrouvrant délicatement le
sexe de sa femme.
Elle n’eut pas à répondre. Ses gémissements étaient éloquents. François-Xavier
s’enhardit. Penchant la tête, il déposa sa bouche sur cet endroit unique, chaud
et si accueillant pour lui. Julianna eut unmouvement de
surprise. C’était la première fois qu’il lui offrait ce genre de plaisir. Elle
adora… N’en pouvant plus, excité par la vision de sa femme abandonnée à lui,
l’homme se releva, déboutonna son pantalon et d’un seul grand coup, la pénétra
profondément. Il se maintint là et, plongeant son regard dans celui, chaviré, de
son épouse, il murmura :
— T’es ma femme, à moé, rien qu’à moé…
Un peu plus tard, ils restèrent enlacés sur le tapis du salon où ils avaient
glissé à la fin de leur étreinte. À nouveau, Julianna prit la main de son mari
et la mit sur son ventre.
— Oh non pas encore, refusa François-Xavier avec un petit sourire. T’es pas
contentable !
— Ben non, rétorqua Julianna.
Elle recouvrit la main de son mari de la sienne. Elle murmura :
— C’est pas de Henry que j’attends mon deuxième enfant…
— On va avoir un autre bébé ?
— Oui, encore pour le printemps comme Pierre.
François-Xavier serra sa femme contre lui.
— Tu m’aimes ? lui demanda-t-il.
— Même si je le voulais... je pourrais jamais arrêter de t’aimer.
Il y eut un court moment de silence pendant lequel François-Xavier pensa à cet
autre enfant qui était en route. Il se dégagea et se releva. Rajustant son
pantalon, il alla se placer devant la fenêtre et tassa un coin du rideau.
Julianna le regarda lui tourner le dos. Il avait une attitude rigide et la voix
empreinte d’émotion quand il lui avoua ses projets.
— Demain, j’me rends sur la Pointe, dit-il. J’vas aller fermer la maison pour
de bon. Pis j’ai trouvé quelqu’un à qui vendre l’équipement de la
fromagerie...
— Tu arrêtes les démarches avec le comité de défense ? fit-elle étonnée, en se
levant.
— Jamais, affirma-t-il en se retournant vers Julianna. J’ai donnéma parole qu’on irait jusqu’au boutte. Pis j’ai signé comme endosseur à la
banque au nom du comité. Ça coûte cher, les frais d’avocat, pis le reste... Le
comité a été obligé de faire un autre emprunt.
— Tu nous as endettés ? François-Xavier, t’as une famille, on va avoir une
bouche de plus à nourrir !
— Je l’sais ben, Julianna. J’ai une tête sur les épaules, imagine-toé donc !
Chus peut-être pas capable de t’acheter des bijoux de princesse mais t’as du
beurre sur la table ! s’emporta-t-il. Pis c’est en attendant qu’on reçoive le
montant de l’expropriation.
— Pis si on l’a pas avant l’hiver ? Réponds-moé, François-Xavier, comment qu’on
va passer l’hiver ? Tu vas travailler où ? Y a pus d’ouvrage pour toé à la base
aérienne.
— Ti-Georges itou, y a signé pour emprunter à la banque... Y a nous deux pis
d’autres personnes du comité dont Antoine Tremblay, le fils d’Onésime.
— J’m’en fous de savoir qui a signé ou pas dans ce damné comité-là ! s’emporta
Julianna. Je veux juste savoir comment on va manger cet hiver, moé pis ton
fils ! T’as toute donné l’argent au comité !
— Arrête de crier Julianna ! Dès les premières neiges, ton frère pis moé, on
monte aux chantiers.
— Quoi ?... Aux chantiers ? Couper du bois ?
— Pas des légumes certain !
— T’es pas drôle ! Tu vas pas me laisser toute seule tout un hiver ! Des mois !
Je... j’vas avoir ben trop peur pis... enceinte en plus, pis avec un bébé d’un
an et demi pis...
— Julianna ! T’es pas la première femme qui voit son homme aller bûcher ! J’ai
pas le choix, y faut que j’aille faire un peu d’argent.
— De l’argent, ma marraine a peut nous en passer.
— Julianna, y en est pas
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