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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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Léonie, prenant des décisions,
     devenant propriétaire d’un magasin, cette unique Léonie, si jamais elle se
     remariait, elle aussi disparaîtrait. À sa place, il y aurait une madame Albert
     Morin. C’était exactement comme cela qu’elle se sentait… en train de
     disparaître… comme la ville au loin. Il était temps qu’elle vieillisse et
     qu’elle s’efforce de devenir madame François-Xavier Rousseau. Mais pour cela,
     elle devait dire adieu à l’ancienne Julianna et à ses rêves.

    Lorsqu’ils revinrent de la gare, Léonie, silencieuse, ne s’aperçut pas tout de
     suite qu’Albert ne se contentait pas de la déposer et de repartir mais qu’il la
     suivait jusqu’à sa porte d’entrée et semblait bien déterminé à la suivre à
     l’intérieur. Elle se retourna et lui sourit.
    — Cela va me faire ben drôle une maison vide...
    Albert sauta sur l’occasion.
    — Si vous vouliez, ma chère Léonie, elle ne serait pas vide longtemps.
    — Oh Albert, je vous en prie... Parlons pas de ça aujourd’hui.
    Albert eut un geste d’impatience avant de se raviser et de susurrer à l’oreille
     de celle qu’il convoitait :
    — Ma très chère Léonie, une... hum... tasse de thé me rafraîchirait... les
     idées.
    Léonie, gênée, se déplaça un peu de côté et haussa un sourcil devant l’allusion
     de l’homme.
    — Albert, je... chus ben fatiguée... je... ferais une sieste, fut la seule
     excuse qu’elle trouva.
    Possédant un double de la clé de la maison, Albert s’en servit
     et poussa Léonie à l’intérieur. Il referma la porte derrière eux et retira son
     chapeau comme s’il était déjà maître chez lui.
    — Ma chère, dit-il en revenant près d’elle, une sieste... me sied très
     bien.
    L’acculant contre la porte, Albert se mit à l’embrasser avec maladresse.
    Léonie se débattit un peu. Elle n’avait pu s’empêcher de frissonner de
     répulsion au contact de l’homme. Albert se recula, fier de lui, certain d’avoir
     ému la femme.
    — Je plaisantais pour la sieste... chère Léonie.
    Sans attendre, il se dirigea au salon et prit place dans un des fauteuils.
     Léonie fut témoin de son soupir d’aise tandis qu’il allongeait ses jambes devant
     lui.
    — Ma chérie, apportez-moi un bon thé, je vous prie.
    Léonie était estomaquée. De nouveau, elle haussa un sourcil, puis elle se dit
     qu’après tout, il avait eu la gentillesse de l’accompagner à la gare et que
     cette expédition matinale n’avait pas été de tout repos. Elle alla lui préparer
     sa boisson. Lorsqu’elle revint avec le plateau contenant le service à thé, elle
     eut à peine le temps de le déposer sur la petite table basse qu’Albert revint à
     la charge. S’étant levé, il tentait de l’embrasser à nouveau. Léonie se retint
     pour ne pas crier. Là encore, Albert mit fin à son baiser avec un air de
     profonde satisfaction. Il se rassit, tel un roi dans son trône, et fit signe à
     Léonie de le servir.
    Encore une fois, elle haussa un sourcil.
    — Maintenant, je veux une réponse à ma demande. J’ai été patient…
    Effectivement, le lendemain du bal, Albert était venu lui rendre visite et
     l’avait suppliée de l’épouser. Elle lui avait demandé un temps de
     réflexion.
    Léonie s’éclaircit la gorge.
    — Vous êtes un homme bien, Albert… Mais…
    — Ah non ma chère, je n’accepterai pas de mais ni de non.
    — Albert, je ne crois pas…
    — Vous ne pouvez me refuser cette union, insista l’homme.
    — Ben voyons, vous exagérez !
    L’homme la reprit dans ses bras et cette fois se fit plus insistant. Il
     l’embrassa dans le cou, de petits baisers rapides et mouillés, tout en lui
     disant à quel point il n’était pas bon qu’une femme reste seule, qu’elle devait
     dire oui à sa demande, ne plus hésiter… Il la pressait contre son corps…
    Cette fois, Léonie eut un réel sentiment de dégoût. Avec fermeté, elle le
     repoussa et refusa de l’épouser. Monsieur Morin la regarda d’un air étrange. Il
     rectifia sa tenue et, calmement, reprit place dans le fauteuil. D’un ton
     menaçant, qui donna des frissons dans le dos de Léonie, il dit :
    — Ne m’obligez pas à vous forcer la main… Je détiens des informations sur votre
     passé que vous n’aimeriez certainement pas voir étaler au grand jour.
    — Que c’est que… que vous voulez dire par là ? s’étonna-t-elle.
    — Que je suis au

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