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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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saisit sans doute le coup d’oeil sardonique que Ranulf jeta sur le luxe qui les entourait : les tapisseries, les tapis turcs, les pots d’étain et d’argent qui scintillaient sur les étagères, les petits coffres de métal et trois longs coffres, sous une table, dans un angle.
    — Sir Hugh, s’excusa-t-il en sirotant son vin, je reconnais que l’hostellerie n’est pas, peut-être, le plus agréable ni le plus luxueux des logements.
    Corbett donna rapidement un coup de pied à Ranulf avant qu’il puisse répliquer.
    — J’ai dormi dans des endroits pires, rétorqua-t-il. Messire Norreys fait de son mieux !
    — Vous comprenez, intervint Lady Mathilda, les statuts de Sparrow Hall sont très clairs. Mon frère, que Dieu bénisse sa mémoire, a décrété que c’était une maison destinée aux études et, moi mise à part, nul autre visiteur n’est admis à loger ici.
    — Vous n’êtes pas une visiteuse, précisa Tripham avec tact.
    Lady Mathilda se contenta de renifler et de détourner les yeux.
    — De quand date la fondation du collège ? s’enquit Corbett.
    — Trente ans, répondit Lady Mathilda. L’année qui suivit le couronnement du roi Édouard. Mon frère, expliqua-t-elle avec une flamme dans les yeux, voulait créer un endroit pour l’enseignement et pour conserver livres et manuscrits. Des clercs, des érudits, des prêtres et des évêques sont issus de Sparrow Hall, souligna-t-elle fièrement. Mon frère en aurait été satisfait, bien que, ajouta-t-elle d’un ton maussade, sa contribution au collège et à sa fondation n’ait peut-être pas été reconnue à sa juste valeur.
    — Lady Mathilda, soupira Tripham, nous avons déjà abordé cette question moult fois. Nos ressources sont limitées.
    — Je continue à croire, dit-elle avec un léger reniflement de mépris, que le collège pourrait trouver de nouvelles ressources pour fonder une chaire au nom de mon frère.
    Elle se massa le cou.
    — Bientôt tous ceux qui ont connu Henry auront disparu et sa grande oeuvre sera oubliée.
    Elle jeta un regard au magistrat.
    — Le roi, lui aussi, est ingrat : une subvention en argent...
    — Notre roi ne peut octroyer, rétorqua Corbett, ce qu’il n’a pas.
    — Ah, c’est vrai, admit Lady Mathilda, la guerre en Écosse. C’est dommage.
    Elle prit sa coupe de vin et fixa le feu.
    — C’est grande pitié qu’Édouard ait oublié mon frère et le jour où il a défendu l’étendard royal à Evesham quand Montfort est tombé.
    — Personne ne l’a oublié, l’interrompit diplomatiquement Tripham.
    — Non, et moi non plus ! lança Lady Mathilda. Peut-être serait-il bon d’examiner les comptes du collège avec plus d’attention.
    — Que voulez-vous dire ?
    Dans le cou décharné de Tripham, tendu à présent, la pomme d’Adam montait et descendait comme un bouchon dans une mare.
    Ranulf et Maltote découvraient, médusés, la rancoeur qui existait entre deux de leurs hôtes. Corbett, embarrassé, regardait fixement le moineau gravé au-dessus de la devise sur le manteau de pierre de la cheminée. Il traduisit la citation latine tirée de l’Évangile : « Ne valez-vous pas plus que des petits oiseaux ? » Lady Mathilda avait sans doute remarqué le malaise de Corbett, car, soupirant, elle fit signe à Tripham que ces sujets devraient attendre.
    — Sir Hugh, entendez-vous quelque chose à la mort de Passerel ? Aurait-il pu être le Gardien ? demanda Tripham. Je veux dire que l’attaque des étudiants était impardonnable, mais...
    Il fit une grimace.
    — Ascham était un maître très apprécié, d’une candeur enfantine. Il a griffonné le nom de Passerel presque en entier sur un bout de parchemin avant de mourir.
    — Il serait tentant, remarqua Corbett, de décréter que Passerel était le Gardien ; de penser qu’il a assassiné Ascham parce que le bibliothécaire avait découvert son identité secrète et qu’ensuite il s’est enfui à St Michael où on l’a tué pour se venger.
    Le magistrat déposa sa coupe sur le sol.
    — Si cela s’avérait, et si je pouvais le prouver, le roi considérerait la mort de Passerel comme sans importance. Il déclarerait que le Gardien a été réduit au silence, que justice a été faite et moi je pourrais quitter Oxford.
    Corbett haussa les épaules.
    — Qui sait, nous pourrions même inventer une histoire où Passerel serait derrière la mort des vieux mendiants qu’on a trouvés dans les bois

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