Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
réunis. Il n’avait pas l’habitude de chevaucher sur un terrain accidenté,
mais, comme Hoelun ne se plaignait pas, il faisait de même. Il ne savait pas
pourquoi le khan lui avait demandé de l’accompagner. Peut-être parce qu’ils se
dirigeaient vers des pics enneigés, où la présence des esprits était forte, et
qu’il aurait à intercéder pour Gengis. Les Mongols ne se sentaient jamais
vraiment bien dans les terres chaudes, où les mouches les assaillaient et où
ils souffraient d’étranges maladies.
    Ils gravirent une colline jusqu’à ce que le soleil, suspendu
bas à l’ouest, projette de longues ombres devant eux. Leur progression était
ardue mais les chevaux avaient le pied sûr et la pente était rarement assez
raide pour contraindre les cavaliers à descendre de selle. Deux fois seulement
ils avaient dû marcher et le silence des hauteurs semblait s’être insinué en
eux au point que leurs gorges et leurs lèvres sèches auraient du mal à émettre
à nouveau des sons.
    Les premières neiges éternelles eurent raison de leur humeur
sombre, du moins en ce qui concernait Temüge, Khasar et Kachium. Ils n’avaient
pas vu de neige depuis qu’ils avaient quitté les montagnes de leur pays et ils
inspiraient l’air froid en savourant sa morsure.
    Gengis ne semblait ni la sentir ni remarquer le bruit
étouffé des sabots sur la neige. Il fixait des yeux la crête encore lointaine
et n’accordait pas même un regard aux vastes étendues révélées par leur
position élevée.
    L’épuisante journée touchait à son terme quand il arrêta
enfin son cheval. Le soleil était à demi caché sous l’horizon et sa lumière
dorée, luttant avec les ombres, les fit cligner des yeux lorsqu’ils mirent pied
à terre. Khasar aida sa mère à descendre de cheval et lui tendit une outre d’arkhi
qu’elle accepta avec reconnaissance. L’alcool redonna un peu de vie à son
visage mais elle frissonnait de froid et regardait autour d’elle avec
étonnement. Elle apercevait la tache floue de Samarkand au-delà des champs et, plus
loin encore, la ligne brillante des lacs, au nord. Il lui semblait qu’elle
pouvait voir jusqu’aux terres de son pays et cette pensée lui mit les larmes
aux yeux.
    Gengis dégaina son épée et le sifflement de la lame contre
le fourreau attira sur lui tous les regards. Lui aussi était réconforté par la
neige. Sur les hauteurs, on sentait mieux le souffle du père ciel et la
présence murmurante des esprits. Si cette impression le détendait un peu, elle
n’entamait cependant pas le bloc de rage qui oppressait sa poitrine depuis des
jours.
    — Tiens-toi devant moi, Kökötchu, ordonna-t-il.
    Le chamane approcha avec méfiance, le front couvert de sueur.
Le vent forcit soudain et souleva une poussière de neige tandis que Hoelun et
ses fils se regroupaient autour de Gengis. Le khan ne quitta pas le chamane des
yeux en leur déclarant :
    — C’est cet homme qui a égorgé Temülen, pas un des
soldats du shah. C’est lui.
    Kökötchu aurait fait un bond en arrière si Khasar ne s’était
pas tenu derrière lui.
    — Mensonge ! cracha-t-il. Tu sais que c’est faux !
    — Non, je sais que c’est la vérité, répondit Gengis, les
nerfs tendus, prêt à réagir si le chamane se jetait sur lui ou tentait de fuir.
Le corps de ma sœur n’a été découvert que le soir et le guerrier qui l’a trouvé
est venu aussitôt me porter la nouvelle. Pourtant, on t’a vu sortir de la yourte
de Temülen longtemps avant.
    — C’est un mensonge ! Seigneur, quelqu’un veut ma
perte. Certains estiment que tu me témoignes trop de confiance, que tu me
favorises ouvertement. J’ai de nombreux ennemis, comprends-le, je t’en prie…
    — Il a peut-être raison, intervint Temüge, vers qui le
chamane tourna aussitôt des yeux pleins d’espoir. Qui peut dire de quelle tente
il l’a vu sortir alors que le feu ravageait le camp ?
    Kökötchu tomba à genoux, serra dans chacune de ses mains
tremblantes une poignée de neige.
    — Il dit vrai, seigneur. Je t’ai tout donné : yourtes,
chevaux, sel et sang, tout. Je suis innocent.
    — Non, murmura Gengis.
    Terrifié, Kökötchu suivit des yeux le sabre que le khan
levait.
    — Tu ne peux pas verser le sang d’un chamane, seigneur.
C’est interdit !
    Il ne se tourna pas à temps pour voir Hoelun le frapper au
visage. Malgré la faiblesse du coup, il geignit en tombant dans la neige. Lorsqu’il
se releva à demi,

Weitere Kostenlose Bücher