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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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pas prononcer l’intégralité du serment au khan
tant que Gengis vivait, mais chacun d’eux jura d’honorer son fils Ögödei comme
son héritier. Tandis que la tension se dissipait dans la salle, Gengis lâcha la
poignée de son sabre pour poser la main sur l’épaule d’Ögödei. Temüge prêta
serment à son tour, puis Djötchi et Djaghataï s’avancèrent. De tous les hommes
présents, c’étaient eux que Gengis voulait le plus entendre s’exprimer
publiquement, afin qu’il ne puisse y avoir de doute. Tous les hommes de haut
rang du peuple mongol en seraient témoins.
    Djötchi grimaça en pliant le genou mais sourit ensuite à Ögödei.
Au plus profond de lui-même, il avait toujours su qu’il ne pouvait pas hériter.
Il n’était pas même sûr que son père en resterait là et ne lui infligerait pas
une autre punition pour son combat insensé contre Djaghataï. En cela au moins
il triomphait. Djaghataï n’hériterait pas non plus alors qu’il était, lui, convaincu
de régner un jour. Les espérances fracassées de Djaghataï eurent l’effet d’une
lampée d’arkhi brûlant dans les veines de Djötchi.
    Avec sa jambe éclissée, Djaghataï ne pouvait s’agenouiller
comme les autres. Il hésita sous le regard de son père alors que tous les
officiers fascinés attendaient.
    — Prosterne-toi à la mode jin, lâcha Gengis d’un ton
froid.
    Le visage empourpré, Djaghataï s’allongea sur le sol et
pressa le front contre la pierre. Il n’était pas difficile de deviner que son
père lui aurait fait subir un châtiment brutal s’il avait tardé à s’exécuter.
    Pour sa part, Ögödei paraissait ravi de voir Djaghataï
étendu par terre. Il eut un sourire radieux lorsque son frère prononça les mots
rituels avant de s’appuyer sur son bâton pour se relever. Dans la foule, Yao
Shu ne put retenir un sourire lui aussi. Le karma existait bien puisqu’il avait
vécu assez longtemps pour voir le jeune imbécile humilié devant tout le peuple.
Son envie de vengeance assouvie, Yao Shu se sentit vide et souillé. Il secoua
tristement la tête en songeant à ce qu’il était devenu dans le camp mongol. Une
seconde chance s’offrait à lui et il se promit de reprendre ses études, de se
consacrer de nouveau à l’éducation des fils du khan. La perspective de
travailler avec Ögödei le réconforta. Le garçon avait l’esprit vif et, s’il
parvenait à tempérer la violence de son sang, il ferait un jour un excellent
khan.
    Il fallut un long moment pour que tous les hommes présents
dans la salle prêtent serment à Ögödei. Lorsqu’ils l’eurent fait, la nuit était
presque finie et le ciel grisonnait à l’est. Gengis ne s’était même pas soucié
de leur faire apporter de l’eau. Quand le dernier chef d’arban se releva, tous
les autres poussèrent des acclamations, conscients d’avoir assisté cette
nuit-là, dans le palais juché sur la colline, à l’avènement d’une dynastie. Sous
l’œil du Grand Khan, même les officiers de Djötchi et de Djaghataï exprimèrent
leur joie avec enthousiasme, soulagés que le sang n’eût pas coulé à nouveau.
    Gengis écarta les bras pour réclamer le silence.
    — Allez, maintenant, et dites à vos familles ce que
vous avez vu. Nous donnerons une fête aujourd’hui à Samarkand pour célébrer l’événement.
    Ses traits se durcirent de nouveau tandis que la foule
souriante et bavarde se dirigeait vers les portes des deux extrémités de la
salle.
    — Kachium ? Khasar et toi, vous restez. Toi aussi,
Temüge. J’ai besoin de mes frères auprès de moi pour ce qu’il me reste à faire.
    Tandis que les trois hommes, surpris, s’immobilisaient, Gengis
se tourna vers l’endroit où Kökötchu était demeuré accroupi.
    — J’ai des chevaux qui attendent dehors, chamane. Tu m’accompagnes.
    Cachant sa confusion, Kökötchu s’inclina.
    — À tes ordres, seigneur.
     
     
    À l’aube, Gengis sortit lentement de Samarkand accompagné de
ses trois frères, du chamane et d’une monture de rechange. Temüge avait
commencé par poser des questions mais, comme le khan n’y répondait pas, il
devint aussi silencieux que ses frères. Aucun d’eux ne savait où Gengis les
conduisait ni pourquoi son humeur était aussi sombre.
    Les familles campaient à une lieue environ de la ville, hors
de portée de l’ennemi. Gengis n’hésita pas en parvenant aux premières rangées
de yourtes, d’où montaient lentement de minces colonnes

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