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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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travaillant pour Gengis. Le
chef mongol semblait se moquer qu’ils s’interrompent dans leur tâche pour
dérouler leur tapis de prière mais Yousouf ignorait si c’était par respect ou
par indifférence. Il penchait pour la dernière explication puisque le camp
comptait également des bouddhistes et des chrétiens nestoriens, avec bien plus
d’infidèles que de vrais croyants.
    Yousouf attendait que le khan ait fini son repas et s’adresse
à lui. Gengis avait autorisé les musulmans à tuer chèvres et moutons
conformément à leur foi car les Mongols les laissaient manger et vivre à leur
guise tant qu’ils obéissaient. Yousouf n’arrivait pas à comprendre l’homme qui,
assis devant lui, se curait nonchalamment les dents avec une écharde de bois. Lorsque
le khan avait ordonné qu’on le mène à lui, Süböteï l’avait pris par le bras et
lui avait conseillé de faire ce qu’on lui dirait.
    Mise en garde inutile. Cet homme avait massacré les siens par
dizaines de milliers ou plus. Mais feu le shah en avait fait tout autant avec
ses guerres et ses persécutions. Yousouf était résigné à ce genre de choses. Tant
qu’il survivait, il lui était égal que le khan réussisse ou soit abandonné aux
corbeaux.
    Gengis repoussa son assiette mais garda un long couteau sur
son giron et cela n’échappa pas au jeune Bédouin qui l’observait.
    — Tu semblais inquiet, au marché, dit le chef mongol. Ils
ont le bras si long, ces Assassins ?
    Yousouf prit une profonde inspiration. Il se sentait encore
nerveux rien qu’à prononcer leur nom, mais s’il n’était pas en sécurité entouré
de tumans, où le serait-il ?
    — J’ai entendu dire qu’ils peuvent frapper n’importe où,
maître. Lorsqu’ils sont trahis, ils exercent une vengeance terrible sur ceux
qui les ont défiés, leurs parents, leurs amis, et même des villages entiers.
    — Moi aussi, dit Gengis avec un léger sourire. La peur
retient des hommes qui auraient autrement combattu jusqu’à la mort. Parle-moi d’eux.
    — Je ne sais pas d’où ils viennent, se hâta de répondre
Yousouf. Personne ne le s…
    — Quelqu’un doit bien savoir où les trouver, le coupa
Gengis, dont le regard était devenu froid. Sinon, comment les paierait-on pour
tuer ?
    Le Bédouin hocha nerveusement la tête.
    — C’est vrai, maître, mais ils protègent leurs secrets
et je ne fais pas partie de ceux qui les connaissent. Je n’ai entendu que des
rumeurs, des légendes.
    Comme Gengis gardait le silence, Yousouf poursuivit, cherchant
à trouver quelque chose qui satisferait ce vieux démon avec son couteau sur les
genoux :
    — On dit qu’ils sont dirigés par le Vieux de la
Montagne. C’est un titre plus qu’un nom, depuis des générations. Ils forment
des jeunes gens à tuer et les envoient en échange de fortes sommes en or. Ils
ne s’arrêtent qu’après avoir exécuté leur victime.
    — Ce matin, ils ont échoué, fit remarquer Gengis.
    Yousouf hésita avant de répondre :
    — D’autres viendront, maître. Jusqu’à ce que le contrat
soit rempli.
    — Portent-ils tous cette marque sur leur peau ? demanda
le khan.
    Il pensait qu’il n’aurait pas trop de mal à protéger les
siens d’hommes qui s’identifiaient de cette manière, mais Yousouf le déçut en
secouant la tête.
    — Je croyais que cela faisait partie de la légende
avant de le voir de mes yeux au marché. J’ai été surpris. C’est pécher contre
Dieu que marquer ainsi son corps. Je ne pense pas que tous ceux qui viendront
porteront la marque, d’autant qu’ils savent maintenant que tu la connais. Ils
seront jeunes et auront la peau vierge de toute inscription.
    — Comme toi, murmura Gengis.
    Yousouf partit d’un rire creux.
    — J’ai été loyal, maître. Demande à tes généraux Süböteï
et Djebe. Je n’ai d’allégeance qu’envers toi.
    Cette réponse fit grogner le khan. Si ce jeune homme était
un Assassin, dirait-il autre chose ? L’idée que n’importe quel Arabe du
camp pouvait être un tueur inquiétait Gengis. Il avait des femmes et de jeunes
enfants, ses frères aussi. Il pouvait se protéger de vastes armées, pas d’ennemis
qui s’approchaient furtivement, prêts à donner leur vie pour prendre la sienne.
    Il se rappela le tueur jin venu de Yenking pour l’assassiner
dans sa yourte. La chance l’avait sauvé de justesse, cette nuit-là. Le poignard
empoisonné lui avait causé plus de souffrances qu’il n’en

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