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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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avait jamais connu et
ce seul souvenir fit perler de la sueur sur son front tandis qu’il fixait le
jeune Arabe. Il songea à le faire emmener loin des femmes et des enfants. Ses
guerriers le persuaderaient rapidement de dire tout ce qu’il savait.
    Yousouf se tortillait sous le regard féroce et tous ses sens
l’avertissaient qu’il courait un terrible danger. Il dut faire un effort
extraordinaire pour ne pas se ruer hors de la yourte et courir vers son cheval.
Seule le retint la certitude que les Mongols étaient capables de rattraper n’importe
quel cavalier. Le chariot eut une embardée en passant sur une ornière et
Yousouf faillit crier.
    — Je me renseignerai, maître, je te le promets. Si je
croise quelqu’un qui sait comment les trouver, je te l’enverrai.
    Tout pour me rendre plus précieux vivant que mort aux yeux
du khan, pensait-il. Il se moquait que les Mongols anéantissent les Assassins, il
se souciait uniquement que Yousouf Alghani soit en vie lorsque la tuerie
prendrait fin. C’étaient des ismaéliens, après tout, des chiites qui n’appartenaient
même pas à la vraie foi musulmane. Il n’avait aucun devoir de loyauté envers
eux.
    Gengis grogna en jouant avec le couteau.
    — Très bien. Rapporte-moi tout ce que tu apprendras. Je
chercherai de mon côté.
    Yousouf comprit qu’avec ces mots le khan le congédiait et il
s’empressa de sortir. Resté seul, Gengis jura et lança le couteau qui se planta
dans le poteau central de la yourte. Il pouvait détruire des villes, briser des
armées et des pays entiers, mais l’idée de tueurs fous se jetant sur lui dans
la nuit le mettait hors de lui. Comment protéger sa famille de tels hommes ?
Comment garder Ögödei en sécurité pour qu’il puisse hériter ? Il n’y avait
qu’un seul moyen. Gengis tendit le bras, retira la lame du poteau. Il fallait
trouver ces Assassins et les exterminer là où ils se cachaient. S’ils étaient
nomades comme lui, il les chercherait partout. S’ils avaient un repaire, il le
détruirait. La conquête de cités attendrait.
    Il convoqua ses généraux et ils vinrent dans sa yourte avant
le coucher du soleil.
    — Voici mes ordres, leur dit-il. Je resterai auprès des
familles avec un tuman pour les protéger. Si les Assassins s’en prennent à moi,
je serai prêt. Vous, vous partirez dans toutes les directions et vous me
rapporterez ce que vous aurez appris sur ces tueurs. Comme ce sont des hommes
riches qui font appel à leurs services, il faudra vous emparer de villes et de
villages prospères. Ne faites aucun prisonnier, ne laissez la vie qu’à ceux qui
prétendront connaître quelque chose. Je veux savoir où ils se cachent.
    — La nouvelle d’une récompense se répandrait aussi vite
que nous pouvons galoper, dit Süböteï. Nous avons des chariots d’or et de jade,
nous pourrions les utiliser. Avec ta permission, seigneur, je promettrai une
forte somme à qui pourra nous révéler où les Assassins se terrent. Nous avons
de quoi tenter même un prince.
    D’un geste de la main, le khan approuva l’idée.
    — Promets d’épargner les villes qui nous fourniront des
renseignements, si tu veux. Le moyen m’importe peu, obtiens-moi simplement l’information
dont j’ai besoin. Et emmène les Arabes du camp avec toi. Je ne veux plus en
avoir un seul près de moi jusqu’à ce que nous ayons éliminé cette menace. Rien
d’autre ne compte d’ici là. Le shah est mort. C’est le seul danger que nous
ayons à affronter.
     
     
    Djalal al-Din sentait la foule s’enflammer comme s’il tenait
entre ses mains le cœur de ceux qui l’écoutaient. Ils étaient suspendus à ses
lèvres et c’était une sensation aussi grisante que nouvelle. Dans l’armée de
son père, il n’avait eu affaire qu’à des hommes ayant déjà juré obéissance. Il
n’avait pas eu à les recruter ni à les gagner à sa cause. Découvrir qu’il avait
ce don l’avait surpris presque autant que ses frères.
    Il avait commencé par se rendre dans les mosquées de
bourgades afghanes, lieux modestes ne rassemblant que quelques centaines de
fidèles. Il avait parlé à leurs imams et savouré leur expression horrifiée
quand il leur avait décrit les violences mongoles. Il avait appris ce qui
faisait le plus d’effet et ses récits étaient devenus chaque fois plus atroces.
Il avait quitté son premier village avec quarante hommes robustes de la tribu
des Pathans. Avant son arrivée, ils ne savaient même pas

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