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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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avec des râteliers d’arcs et une
fontaine à sec dont le bassin contenait encore un fond d’eau où nageaient des
poissons rouges. Ils découvrirent des chambres aux lits tendus de draps fins, des
dortoirs de dures couchettes en bois. C’était un lieu étrange et Süböteï avait
l’impression qu’on venait juste de l’abandonner et qu’à tout moment ses anciens
occupants pouvaient revenir et le faire de nouveau résonner de bruit et de vie.
Derrière lui, il entendit ses guerriers s’appeler l’un l’autre, commencer à
fouiller les pièces pour emporter tout ce qui avait de la valeur. Dans une
chambre aux fenêtres munies de barreaux, Süböteï et Gengis trouvèrent une coupe
renversée dans laquelle quelques gouttes de vin n’avaient pas encore séché. Le
khan observait tout au passage mais ne s’arrêtait pas.
    Au bout d’un couloir aux murs ornés de bannières en soie, une
autre lourde porte les arrêta. Süböteï appela les hommes aux marteaux mais, quand
il souleva la traverse de fer qui la barrait, elle vint facilement et la porte
s’ouvrit, révélant un escalier. Le khan ralentit à peine et Süböteï se
précipita pour le devancer, monta les marches rapidement, le sabre à la main. L’air
était chargé d’odeurs étranges, mais le général n’était pas prêt pour ce qu’il
découvrit et se figea.
    Un jardin se trouvait derrière la forteresse et donnait sur
la chaîne montagneuse qui fuyait vers le lointain. Des fleurs poussaient
partout mais leur parfum ne couvrait pas l’odeur de la mort qui régnait là. Une
femme d’une beauté incomparable gisait près d’un massif bleu. Ses lèvres
étaient encore rouges du vin qui avait taché sa joue et sa gorge quand elle
était tombée. Il enfonça la pointe de son pied dans le corps, oubliant un
instant que Gengis était juste derrière lui.
    Le khan passa sans même baisser les yeux, parcourant les
allées soigneusement entretenues comme si elles n’existaient pas. D’autres
femmes étaient étendues mortes, toutes superbes, toutes portant peu de
vêtements pour couvrir la perfection de leurs corps. Gengis ne semblait pas les
voir et gardait les yeux fixés sur les montagnes lointaines, enneigées et pures.
    Süböteï ne remarqua pas immédiatement l’homme assis sur un
banc de bois. Son corps enveloppé dans une robe était tellement immobile qu’il
aurait pu être un ornement de plus de ce cadre extraordinaire. Gengis était
presque parvenu à sa hauteur lorsque Süböteï sursauta et lança un avertissement.
    Le khan s’arrêta, leva son sabre, ne perçut aucun danger
dans le vieil homme et baissa son arme tandis que Süböteï le rejoignait.
    — Pourquoi ne t’es-tu pas enfui ? demanda Gengis
en langue jin.
    L’homme leva la tête, eut un sourire las avant de répondre :
    — C’est ma maison, Temüdjin.
    Gengis se raidit en entendant un étranger l’appeler par le
nom qu’il portait enfant.
    — Je vais la raser, tu le sais. Je jetterai ses pierres
dans le ravin pour que personne ne se souvienne qu’il y avait autrefois une
forteresse dans la montagne.
    Le vieillard haussa les épaules.
    — Bien sûr. Tu ne sais que détruire.
    Süböteï demeurait à proximité, prêt à tuer l’homme assis sur
le banc au moindre mouvement brusque. Il ne semblait pas menaçant mais son
regard était sombre sous ses épais sourcils et ses épaules encore massives
malgré les rides de son visage. Gengis rengaina son arme et s’assit lui aussi
en disant :
    — Je suis quand même étonné que tu n’aies pas fui.
    Le Vieux de la Montagne ricana.
    — Quand tu auras donné ta vie pour bâtir quelque chose,
tu comprendras.
    D’un ton plus mordant, il se corrigea aussitôt :
    — Non, même alors, tu ne comprendrais pas.
    Gengis sourit puis rugit de rire, à en avoir les larmes aux
yeux. Le vieillard l’observait, le visage crispé en un masque de haine.
    — Ah, il ne me manquait plus que cela, un Assassin, dans
un jardin jonché de mortes, qui m’assène que je n’ai rien bâti de ma vie !
réussit enfin à dire le khan.
    Il s’esclaffa de nouveau et même Süböteï sourit, tout en
gardant la main sur la poignée de son sabre.
    Le Vieux de la Montagne avait voulu écraser le Mongol de son
mépris avant d’affronter dignement la mort. Se faire ainsi rire au nez fit voler
en éclats son sentiment de supériorité.
    — Tu crois que tu as fait quelque chose de ta vie ?
rétorqua-t-il d’une voix sifflante.

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