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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Tu crois que tu resteras dans les mémoires ?
    Gengis secoua la tête alors que l’hilarité menaçait de le
reprendre. Il riait encore quand il se leva.
    — Tue ce vieux fou pour moi, veux-tu ? dit-il à Süböteï.
Ce n’est qu’une outre de vent.
    L’Assassin, cramoisi de rage, tenta de répliquer mais Süböteï
abattit son sabre et laissa le Vieux de la Montagne gargouiller dans son sang. Gengis
l’avait déjà chassé de son esprit.
    — Ils m’ont envoyé un avertissement en détruisant le
village. Je ne peux pas faire moins pour eux, s’il en reste quelques-uns en vie,
estima le khan. Je veux qu’ils se souviennent de ce qu’il en coûte de m’attaquer.
Ordonne aux hommes de commencer par le toit et de jeter les tuiles et les
pierres dans le vide. Je veux qu’il ne reste rien pour leur rappeler qu’ils ont
eu autrefois un foyer.
    — À tes ordres, seigneur, répondit Süböteï en inclinant
la tête.
     
     
    Djalal al-Din alluma un bâtonnet d’encens le jour
anniversaire de la mort de son père. Ses frères virent qu’il avait les larmes
aux yeux quand il se redressa et dit à voix basse, dans le vent du matin :
    — Qui redonnera vie aux os lorsqu’ils ne seront plus
que poussière ? Celui qui les a créés leur redonnera vie.
    Il se tut et se prosterna, touchant le sol de son front pour
honorer l’homme qui, en mourant, était devenu la lumière des hommes qui
suivaient son fils.
    Djalal al-Din savait qu’il avait changé au cours de l’année
écoulée depuis les jours de désespoir sur la petite île de la Caspienne. Il
avait trouvé sa vocation et beaucoup de ceux venus pour défendre la foi le
considéraient comme un saint homme. Ils avaient crû en nombre, parcourant des
centaines de lieues pour prendre part à sa guerre contre l’envahisseur mongol. Il
soupira en se rendant compte qu’il ne se concentrait pas sur la prière, ce jour
entre tous les autres. Ses frères étaient devenus ses officiers d’état-major, mais
eux aussi le regardaient presque avec révérence, semblait-il. En dépit de toute
cette ferveur, quelqu’un devait cependant fournir des vivres, des tentes et des
armes à ceux qui n’avaient rien. C’était pour cette raison qu’il avait accepté
de rencontrer le prince de Peshawar. Ils s’étaient connus à Boukhara, quand ils
étaient tous deux de gros enfants gâtés bourrés de sucreries. Djalal al-Din
gardait un vague souvenir du petit garçon et n’avait aucune idée de l’homme qu’il
était devenu. Le prince régnait sur une région de terres fertiles et le fils du
shah Mohammed était descendu plus loin au sud qu’il ne l’avait jamais fait. Il
avait marché jusqu’à user ses sandales et continué jusqu’à ce que la plante de
ses pieds devienne aussi dure que du cuir. Les pluies avaient étanché sa soif, le
soleil avait brûlé sa peau et rendu ses yeux ardents au-dessus d’une barbe
noire et fournie.
    De la fumée montait du brasero tandis qu’il se rappelait son
père. Le shah aurait été fier de son fils, quoique perplexe devant les
vêtements en lambeaux qu’il avait choisi de porter. Son père n’aurait pas
compris qu’il dédaignait à présent tout signe de richesse et s’en sentait plus
pur. Djalal al-Din ne pouvait que frissonner au souvenir de la vie facile qu’il
avait menée. Maintenant, il lisait le Coran, il priait et jeûnait jusqu’à ne
plus penser qu’à la vengeance et aux troupes qui grossissaient autour de lui. Il
arrivait à peine à se rappeler le jeune homme futile qu’il avait été, avec son
magnifique cheval noir, ses habits de soie et d’or. Tout cela avait disparu, remplacé
par une foi suffisamment ardente pour détruire tous les ennemis de Dieu.
    Lorsqu’il se détourna de la fumée, il vit que ses frères
attendaient patiemment, la tête baissée. Il posa une main sur l’épaule de Tamar,
monta à grandes enjambées les marches conduisant au palais du prince. Des
soldats en armure détournèrent la tête à son passage puis suivirent des yeux l’homme
dépenaillé venu voir leur maître. Nul ne leva la main pour arrêter le saint
homme qui avait amené une armée à Peshawar. Djalal al-Din se dirigea d’un pas
ferme vers la salle d’audience. Des esclaves lui ouvrirent la porte et il ne s’inclina
pas en découvrant l’homme qui l’avait fait venir.
    Le rajah de Peshawar était un homme svelte, vêtu d’une
tunique en soie fermée par une ceinture qui tombait mollement sur la

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