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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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khan le pouvaient et le
faisaient.
    Devant, la passe était assez large pour permettre à cinq
cavaliers de galoper de front. Une centaine d’archers avaient pris position sur
des sortes de gradins taillés dans la roche. Ils ne purent contenir le flot qui
déferla sur eux. Des volées auraient peut-être arrêté les premiers rangs
mongols, mais chaque archer tirait seul. De son sabre, le général ouvrit une
large entaille dans le flanc d’un autre Assassin. Son cheval titubait, le
poitrail percé de deux flèches. Seule la panique le faisait encore galoper, et Süböteï
était prêt lorsque l’animal à bout de forces s’effondra. Il sauta à terre, tomba
presque dans les bras d’un Arabe. Le Mongol tourna vivement sur lui-même, le
sabre à hauteur de cou. L’homme mourut égorgé et Süböteï surprit le suivant
alors qu’il venait de lâcher sa flèche. Il fit deux pas rapides, enfonça sa
lame dans la poitrine nue, juste en dessous du mot tatoué. Un guerrier mongol
qui avait réussi à rester en selle détendit la jambe au moment où Süböteï s’apprêtait
à affronter un troisième Arabe et renversa ce dernier. Le général leva la tête
pour le remercier et s’aperçut que c’était Gengis, jubilant et couvert de sang.
    Contre des hommes bien plus nombreux mais sans armures, les
archers auraient arraché la victoire. La passe étroite constituait la meilleure
défense que Süböteï eût jamais vue et il comprenait maintenant pourquoi les
Assassins avaient décidé de rester et de se battre là. Ils se sentaient sans
nul doute capables d’affronter n’importe quel ennemi. Süböteï avait quelque
chose de gluant au goût désagréable dans la bouche. Il s’essuya les lèvres, vit
une tache rouge sur sa main et cracha par terre.
    Autour de lui, les derniers archers se faisaient massacrer. Les
cavaliers mongols poussèrent un cri de victoire par lequel ils libérèrent la
peur qu’ils n’avaient pas montrée jusque-là. Süböteï ne se joignit pas à eux. Le
corps meurtri par une centaine de coups, il s’assit sur les marches de pierre, poussa
un cadavre du pied pour faire de la place. Il avait peine à respirer, comme si
ses poumons ne parvenaient pas à s’emplir d’air. Le soleil était haut dans le
ciel alors qu’il n’était pas encore midi et Süböteï eut un rire sans joie. Il
avait l’impression d’être resté des années enfermé dans cette passe obscure et
chaque inspiration était un combat pour recouvrer son calme.
    Du regard, il remonta le sentier, au-delà des guerriers et
des morts. Pendant toute la bataille, il avait eu sous les yeux la forteresse
qui se dressait devant lui, mais c’était seulement maintenant qu’il
enregistrait sa présence.
    Les Assassins avaient construit cette place forte avec des
pierres de la montagne, ils l’avaient édifiée en travers de la passe pour qu’on
ne puisse absolument pas la contourner. De chaque côté, les parois rocheuses
étaient trop lisses pour qu’on puisse les escalader et Süböteï poussa un soupir
en examinant l’unique grande porte qui l’arrêtait encore.
    — Des marteaux ! réclama-t-il à grands cris. Des
marteaux et des mantelets !

 
31
    Il était impossible de faire franchir la passe aux
catapultes que Gengis avait apportées de Samarkand, même démontées. La tâche d’abattre
l’obstacle revint donc à des hommes maniant le marteau et le grappin. La porte
de bronze de la forteresse était sertie en retrait des murs entre deux colonnes
de pierre. Le travail était épuisant. Süböteï organisa des équipes de guerriers
armés de marteaux, d’autres soutenant des mantelets pour les protéger. À la fin
de la première journée, les colonnes flanquant la porte portaient de profondes
entailles là où les Mongols les avaient attaquées à la pique et au burin. Elles
tenaient toujours. L’ennemi tirait des flèches du haut des murs par
intermittence, mais les meilleurs archers du khan criblaient les Assassins
avant qu’ils aient le temps de viser. Les défenseurs ne semblaient pas nombreux
et Süböteï se demanda si le gros des forces de la secte ne gisait pas déjà sur
les marches ensanglantées menant à la forteresse. Les Assassins œuvraient mieux
par la ruse et dans l’ombre. Ils n’étaient pas en nombre suffisant pour faire
face à une armée déterminée, comme Gengis l’avait souligné. Leur force reposait
sur l’hypothèse que nul ne découvrirait jamais leur repaire.
    Acheminer

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