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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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jardin du paradis situé derrière sa citadelle. Les
femmes avaient déjà été tuées sur son ordre, empoisonnées par une coupe de vin
qui les avait fait lentement glisser dans le sommeil. Les derniers de ses
hommes étant postés en haut des murailles, il n’y avait personne pour emmener
les corps et il flottait dans le jardin une odeur lourde de chair putréfiée. Cela
valait mieux pour elles que tomber aux mains des envahisseurs. Le vieil homme
décida de passer un moment là-bas en attendant le khan. Le jardin avait
toujours apaisé les tourments de son âme.
    — Souviens-toi de moi et rebâtis, mon fils. Si je sais
que tu débarrasseras le monde de ce khan ou de ses rejetons, je mourrai en paix.
    Son fils fixa sur lui ses yeux brûlants avant de s’incliner
de nouveau.
    — Je n’oublierai pas, promit-il.
    Le Vieux de la Montagne le regarda s’éloigner d’un pas
résolu. Il y avait derrière la forteresse un sentier que son fils prendrait. Deux
hommes l’accompagneraient, des Assassins versés dans toutes les façons de
donner la mort. Il avait dû leur ordonner de partir aussi car ils ne voyaient
aucune honte à mourir en défendant leur foyer. Une trentaine d’autres seulement
attendaient que les Mongols forcent la porte. Ils savaient qu’après leur mort
ils entreraient au paradis et cette pensée les portait au comble de la joie.
    De nouveau seul, le vieil homme descendit une dernière fois
les marches de marbre menant au jardin, huma avec plaisir l’air chargé du
parfum des fleurs et de la mort.
     
     
    La colonne de droite de la porte se cassa en deux à midi le
jour suivant, basculant sous le poids des pierres qu’elle soutenait. Gengis s’avança,
impatient de découvrir ce qu’il y avait derrière. Privée de son soutien, la
porte s’entrebâilla, les hommes de Süböteï passèrent leurs perches munies de
crochets dans la brèche et poussèrent. Le bas de la porte creusa un sillon dans
le sol.
    En armure, sabre et bouclier à la main, le khan attendait
que le passage s’élargisse. Comprenant que son seigneur voulait pénétrer le
premier dans la forteresse, Süböteï rejoignit ses hommes et agrippa le bord de
la porte de ses mains nues, prétexte pour passer devant Gengis. Il ne sut pas
si le khan avait deviné son intention, mais le général fut le premier à se
retrouver dans la cour. Il entendit le claquement de flèches se brisant sur les
pierres et se jeta sur le côté en inspectant la forteresse qu’ils avaient eu
tant de mal à prendre. Il restait quelques archers en haut des murailles mais, quand
Gengis entra à son tour, il para leurs traits avec son bouclier comme s’il les
cueillait dans l’air.
    Les guerriers de Süböteï suivirent, pénétrant dans la cour à
reculons et décochant des traits sur tout ce qui bougeait. À l’intérieur de la
forteresse, rien ne protégeait ses défenseurs. Les silhouettes vêtues de noir
se détachaient sur la pierre plus claire et tombèrent rapidement. Le visage
dénué d’expression, Gengis les regarda s’écraser dans la cour puis hocha la
tête, satisfait, quand le silence revint. Les hommes aux marteaux, la figure
encore rouge et couverte de sueur, emboîtèrent le pas au khan et au général
quand ils se risquèrent plus avant. D’autres guerriers gravirent les marches de
pierre menant aux murailles pour liquider d’éventuels survivants et s’assurer
que les autres étaient bien morts. Süböteï ne se retourna pas quand il entendit
un bruit de lutte derrière lui, un cri poussé par un homme tombant du mur. Il
savait que ses hommes nettoieraient la cour et les pièces qui l’entouraient. Il
n’avait pas à les surveiller, il ne le pouvait pas, alors que le khan s’avançait
imprudemment dans le nid des Assassins.
    Derrière la cour, les piliers d’un cloître soutenaient le
bâtiment principal. Gengis parvint à une porte fermée mais elle n’était qu’en
bois et les hommes aux marteaux la défoncèrent en quelques coups. Derrière, personne
n’était apparemment à l’affût mais Süböteï retint sa respiration tandis que
Gengis marchait dans la pénombre comme s’il se promenait entre ses yourtes. Le
khan semblait déterminé à dominer sa peur et Süböteï savait qu’il valait mieux
ne pas tenter de le retenir.
    Le repaire des Assassins était un dédale de pièces et de
couloirs. Ils traversèrent des salles aux murs desquelles étaient accrochés des
armes et des poids, un espace découvert

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