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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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convalescent.
    Arrivé le premier, Khasar avait pressé ses frères contre lui :
Gengis, Kachium et même Temüge, qui n’était pas un guerrier mais gérait le camp
et réglait les différends entre les familles. Khasar ramenait avec lui Ögödei. Le
garçon n’avait que treize ans mais il avait des membres longs et musclés, promesse
d’atteindre la taille de son père. Sur les méplats de son visage, les trois
frères du khan retrouvaient le garçon qui les avait maintenus en vie alors qu’ils
étaient bannis et n’avaient que quelques miettes pour les sauver de la faim et
de la mort. Khasar posa une main sur la nuque d’Ögödei et le poussa avec fierté
vers son père.
    — Il manie bien l’arc et le sabre, frère, dit Khasar.
    Il inclina vers sa bouche une outre d’arkhi et dirigea le
jet d’alcool vers le fond de sa gorge.
    Gengis entendit le cri de joie que poussa Börte, son épouse,
de la yourte familiale et sut que son fils serait entouré de femmes dans les
instants suivants.
    — Tu as grandi, Ögödei, dit-il avec maladresse. Je veux
tout savoir de tes voyages ce soir.
    Le garçon s’inclina avec cérémonie sans montrer d’émotion. Trois
ans, c’était une longue absence mais le khan était ravi du jeune homme qui lui
revenait. Ögödei avait les mêmes yeux jaunes que lui et Gengis approuvait son
silence et son calme. Il ne les mit pas à l’épreuve en le prenant dans ses bras,
pas devant tant de guerriers qui observaient le jeune garçon et le suivraient
peut-être un jour dans une charge.
    — Es-tu en âge de boire, fils ? lui demanda Gengis
en soulevant une outre.
    Il la lui lança et Ögödei l’attrapa avec adresse, dépassé
par ce qu’il voyait et entendait autour de lui. Lorsque Börte s’avança et le
serra contre elle, il demeura droit comme une flèche pour montrer à son père qu’il
n’était plus un petit garçon qui fond dans les bras de sa mère. Celle-ci ne
parut pas s’en apercevoir et, lui tenant le visage à deux mains, elle se mit à
pleurer de joie.
    — Suffit, Börte, marmonna Gengis derrière elle. Il est
assez âgé maintenant pour se battre et chevaucher avec moi.
    Sa femme l’ignora et il soupira, se laissant fléchir.
    Le khan sentit sa poitrine se serrer quand il vit Süböteï
trotter vers lui dans la plaine, Djötchi à son côté. Les deux hommes mirent
pied à terre et Gengis constata que Djötchi marchait avec le pas élastique d’un
guerrier-né. Il mesurait maintenant un pouce de plus que le khan, mais ses yeux,
toujours aussi sombres, rappelaient à Gengis qu’un autre homme l’avait
peut-être engendré. Il ne savait comment réagir et, d’instinct, il s’adressa à Süböteï,
ignorant Djötchi :
    — Les as-tu tous chassés devant toi, général ?
    — Je serais même allé plus loin si tu ne m’avais pas
rappelé, seigneur. Alors, c’est la guerre ?
    Une ombre passa sur le visage de Gengis mais il secoua la
tête.
    — Plus tard, Süböteï, plus tard. J’aurai des chiens
pour ton fouet. Sache qu’Arslan souhaite ne plus être mon général et quand
Jelme sera là, nous célébrerons sa vie.
    La nouvelle attrista Süböteï.
    — Je lui dois beaucoup. Le poète de mon armée est un
homme doué. Puis-je offrir ses services ?
    — J’ai déjà dix poètes et conteurs qui se disputent l’honneur
de chanter les louanges de mon général forgeron, mais le tien peut se joindre à
eux.
    En parlant, Gengis sentait sur lui le regard de la mère de Djötchi.
Börte attendait sans doute une forme de reconnaissance publique de son
premier-né avant de l’accueillir elle-même pour son retour. Le silence se fit ;
Gengis se tourna enfin vers Djötchi. Il était dur de ne pas broncher sous le
regard noir et fixe du khan. Cela faisait longtemps qu’un homme du camp n’avait
pas osé soutenir ce regard et Gengis sentit son cœur battre plus vite, comme s’il
se trouvait devant un ennemi.
    — Je suis heureux de te voir en bonne santé, père, dit Djötchi
d’une voix plus grave que Gengis ne s’y attendait. Lorsque je t’ai quitté, le
poison de l’assassin avait miné tes forces.
    Gengis vit Süböteï esquisser un geste, comme pour avertir Djötchi.
Le général avait apparemment l’esprit plus aiguisé que son jeune guerrier, qui
se tenait fièrement devant lui, comme s’il n’était pas le fruit d’un viol, rejeton
à peine toléré dans la yourte familiale.
    Conscient de la présence silencieuse de sa femme,

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