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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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risquaient rien, mais les
esclaves jin ou les femmes russes capturées faisaient des proies idéales. On
entendait leurs cris dans la nuit, presque noyés par les tambours et les cors.
    Puis on était passé aux poèmes, qui occuperaient une journée
entière. Certains étaient chantés à l’ancienne, sur deux tons sortant de la
même gorge, d’autres récités d’une voix forte, chaque conteur se disputant dans
le brouhaha l’attention de qui voulait bien écouter.
    Au terme de la seconde journée, Gengis avait remarqué que
les poètes gardaient en réserve leurs vers en l’honneur d’Arslan et attendaient
l’arrivée de son fils. Le khan avait alors lui-même rempli la coupe du général
forgeron.
    « Djaghataï et Jelme sont tout près, avait-il fait
remarquer par-dessus les gémissements des instruments et du vent. Viendras-tu
avec moi accueillir nos fils ? »
    Arslan avait acquiescé avec un sourire d’homme soûl.
    « J’emmènerai les poètes pour qu’ils leur chantent tes
exploits, vieil homme », avait repris le khan en mangeant à moitié ses
mots.
    Il trouvait l’idée magnifique et avait rassemblé son conseil
de généraux avec animation. Süböteï et Djötchi avaient fait venir des chevaux
tandis que Khasar et Ögödei s’approchaient en chancelant. Ögödei avait le
visage verdâtre et Gengis avait ignoré les relents aigres de vomi qui enveloppaient
son fils.
    Kachium, qui avait amené la jument grise du khan, une bête
superbe, s’était exclamé d’un ton joyeux :
    « C’est de la folie, frère ! Qui galope la nuit ?
Quelqu’un tombera. »
    Gengis avait montré l’obscurité puis ses compagnons.
    « Nous n’avons pas peur ! avait-il affirmé, aussitôt
approuvé par les fêtards qui l’entouraient. J’ai ma famille et mes généraux
avec moi. J’ai le forgeron Arslan et Süböteï le Vaillant. C’est la terre qui
doit craindre notre chute. Nos crânes durs l’ouvriront ! Es-tu prêt ?
    — Je te suivrai, frère », avait répondu Kachium, contaminé
par l’humeur folle de Gengis.
    Les deux hommes avaient rejoint au trot la tête de leur
petite colonne. Le chamane Kökötchu, l’un des seuls qui semblaient ne pas avoir
bu, les avait suivis des yeux. Gengis avait cherché du regard son troisième
frère, Temüge, et l’avait découvert à pied, secouant la tête de désapprobation.
Peu importe, avait pensé le khan, ce sale inutile n’a jamais su monter.
    Il avait regardé ses compagnons pour vérifier qu’ils avaient
tous emporté des outres pleines d’arkhi et d’alcool de riz. Il ne fallait pas
se retrouver à sec. Une dizaine de poètes s’étaient joints à eux, le visage
brillant d’excitation. L’un d’eux avait commencé à réciter des vers et Gengis
avait eu envie de le désarçonner d’un coup de pied et de le laisser derrière
eux.
    À la faible lueur des étoiles, il pouvait voir ses fils, ses
frères et ses généraux. Il avait eu un petit rire à l’idée qu’un infortuné
voleur puisse tomber sur un tel groupe de sabreurs.
    « Je donnerai une jument blanche à qui arrivera avant
moi au camp de Jelme et de mon fils Djaghataï ! » s’était-il exclamé.
    Il avait marqué un temps d’arrêt pour que chacun enregistre
le défi puis, d’un coup de talons, avait lancé sa monture au galop à travers le
camp. Presque aussi rapides, les autres avaient pris son sillage en poussant
des cris. Deux mille guerriers environ avaient suivi Gengis dans l’obscurité, tous
ceux qui avaient leur cheval à portée de main lorsque le khan s’était élancé. Aucun
n’avait hésité, même si le sol était dur et qu’une chute pouvait entraîner la
mort.
     
     
    Chevaucher à bride abattue sur un sol noir avait contribué à
dissiper un peu l’ivresse de Gengis, mais une douleur s’était mise à palpiter
derrière son œil gauche. Il se souvint qu’une rivière coulait non loin de là et
l’idée de plonger la tête dans l’eau glacée le tenta.
    Son humeur joyeuse retomba quand il devina une manœuvre d’encerclement
dans la nuit. Un instant, il se demanda s’il avait risqué sa vie en partant
ainsi sans bannière ni tambour, sans rien pour indiquer son rang de khan. Puis
il talonna sa jument et poussa un cri sauvage. Ce devait être les hommes de
Jelme qui formaient les cornes de chaque côté de sa troupe. Il galopa comme un
furieux vers le centre de la ligne où il trouverait à coup sûr son général. Khasar
et Kachium le

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