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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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hommes au passage, leur prodiguant des mots d’encouragement. Ceux
qui étaient gravement blessés émettaient des plaintes qui semblaient
étrangement fortes dans le silence succédant au tumulte du combat. Beaucoup d’entre
eux succomberaient avant le matin. Djalal al-Din avait de l’opium pour soulager
leurs souffrances, assez du moins pour engourdir leur conscience pendant leur
agonie. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour eux et il se sentait presque
malade de haine pour le khan mongol.
    Il se tourna vers son ami et aucun des deux hommes, conscients
que tout était fini pour eux, ne supporta la lucidité du regard de l’autre.
    — Je crois que mon père a fait brûler les bateaux, dit
Nawaz. C’est un imbécile, prisonnier de vieux usages et de vieux dieux. Il ne
comprend pas pourquoi j’ai choisi de te suivre.
    Djalal al-Din hocha la tête sans quitter des yeux le camp
mongol. L’armée de Gengis formait un grand arc qui les entourait. Personne n’arriverait
à fuir la rive cette nuit.
    — Je regrette de t’avoir amené ici, répondit le fils du
shah. J’avais d’immenses espoirs ! Voir que nous en sommes arrivés là…
    Il se racla la gorge et cracha par terre.
    — Tu savais nager, quand nous étions enfants, lui
rappela Nawaz. Tu pourrais traverser le fleuve…
    — Et laisser mes hommes ici ? Il n’en est pas
question. Toi, tu coulais comme une pierre, si je me souviens bien. J’ai dû te
tirer de l’eau.
    Le rajah sourit à cette évocation puis soupira en regardant
les Mongols qui reprenaient des forces dans l’obscurité naissante.
    — Nous avons montré qu’on peut les battre, déclara-t-il.
Tu es toujours un espoir pour nos soldats. Si tu peux traverser l’Indus, ils
donneront leur vie avec joie. Tout ne se termine pas forcément ici. Emmène tes frères
et reste en vie.
    Voyant Djalal al-Din plisser les lèvres, Nawaz devança ses
objections :
    — Je t’en prie. Laisse-moi le commandement, demain. Si
je sais que tu en réchapperas, je combattrai sans regret. Je t’avais promis que
les bateaux seraient là. Ne me laisse pas mourir avec le poids de cette faute, c’est
trop pour moi.
    Djalal al-Din sourit avec douceur.
    — Ton père serait fier de toi s’il savait tout. Moi, je suis fier de toi.
    Il pressa la nuque de Nawaz puis, recru de fatigue, laissa
sa main retomber.
     
     
    Gengis s’éveilla à l’aube, aussitôt irrité de sentir son
bras raide comme un morceau de bois. Il se leva du sol froid, essaya avec
précaution de faire bouger son bras. Avec le coude plaqué contre le flanc, il
arrivait à le faire monter et descendre mais, s’il l’écartait, il pendait sans
force. Il s’injuria, plus exaspéré par sa faiblesse que par sa souffrance. La
veille, l’officier de minghaan était venu palper l’articulation et l’avait
prévenu qu’il lui faudrait un mois de repos, puis deux autres mois pour refaire
les muscles qu’il aurait perdus.
    Gengis accepta le bol de thé au sel que lui tendait un
guerrier qui avait attendu son réveil. Il but lentement, sentit le breuvage
chasser le froid de ses membres. Il avait parlé à ses généraux, il avait fait
devant eux l’éloge de Kachium pour effacer la tache salissant la réputation de
son frère. Il avait aussi complimenté Ögödei, dont il était sincèrement fier. Son
fils semblait avoir pris une nouvelle envergure depuis qu’il était l’héritier
désigné. Il émanait de lui une dignité tranquille que Djaghataï n’avait jamais
possédée et Gengis s’interrogeait sur la bizarrerie du destin. Peut-être
avait-il été guidé dans le choix du fils qui hériterait de ses terres.
    L’armée de Djalal al-Din devint clairement visible quand le
jour se leva tout à fait. Les cadavres avaient disparu et Gengis présuma qu’on
les avait jetés dans l’eau pour que le courant les emporte. Près de la moitié
des soldats ennemis étaient morts et même si ce n’était qu’un effet de son
imagination, il pensait déceler de la résignation dans la façon dont les
survivants se tenaient et attendaient, en silence. Il songea aux cités qui
avaient été trop promptes à se rebeller. Elles entendraient parler de cette
journée et comprendraient ce que cela signifiait pour elles. Herat et Balkh
seraient les premières à revoir ses guerriers et, cette fois, il n’accepterait
ni reddition ni tribut. Elles serviraient d’exemple : il n’était pas de
ceux qu’on peut railler ou mépriser.
    Il

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