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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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comment la dissiper. Il se rappelait les
pires moments de sa propre vie et savait qu’aucun des mots qu’il prononcerait
ne fermerait les blessures de Süböteï, que seul le temps le ferait. Il fut
cependant tenté de lui dire, pour le réconforter, qu’il n’avait fait qu’obéir
aux ordres.
    En définitive, il s’en abstint. La présence de cet homme
affligé était comme une menace dans la yourte et Gengis sentit les poils de sa
nuque se hérisser.
    — Je mènerai l’armée à Herat, dans l’Ouest, annonça-t-il.
Un exemple là-bas calmera les autres cités. Après quoi, je retournerai dans la
steppe pour quelques années. Cela fait trop longtemps que je l’ai quittée et je
suis fatigué.
    Süböteï inclina légèrement la tête et Gengis commença à
sentir sa patience s’émousser. Il avait suivi les ordres, Djötchi était mort. Que
voulait-il de plus ?
    — Sais-tu qu’Arslan est mort dans la ville ?
    — C’était un grand homme, murmura Süböteï.
    — Mais ce ne fut pas une grande mort.
    Une fois de plus, Süböteï ne fit rien pour relancer la
conversation et le khan perdit son calme :
    — Que veux-tu de moi, à la fin ? Je te remercie. Tu
crois que je t’ai donné cet ordre avec plaisir ?
    Il jeta un coup d’œil au sac posé entre les pieds de Süböteï
et ajouta :
    — Il n’y avait pas d’autre solution.
    — Je pleure quand même sa mort.
    Gengis fixa un moment son général puis détourna les yeux.
    — À ta guise. Beaucoup d’autres la pleureront. Djebe
était son ami, Kachium aussi. Sa mère est éperdue de douleur, mais tous savent
que c’est moi qui ai donné cet ordre.
    — Je n’en reste pas moins l’homme qui a tué le fils du
khan, répondit Süböteï d’un ton lugubre.
    — Il n’était pas mon fils, rétorqua Gengis. Oublie
cette histoire et accompagne-moi à Herat.
    — Tu n’as pas besoin de moi là-bas.
    Gengis domina la colère qui montait en lui. Il comprenait
mal le chagrin de Süböteï mais il y avait une dette à payer et il se rendit
compte que son général n’accepterait pas de reprendre simplement sa place.
    — Une dernière fois, que veux-tu de moi ? demanda-t-il
d’un ton dur.
    Süböteï soupira. Il avait espéré trouver la paix en
remettant à Gengis le sabre et le sac. Elle n’était pas venue.
    — Laisse-moi repartir dans le Nord avec les tumans. Je
m’emparerai de villes pour toi et laverai ma faute.
    Cette fois, enfin, le général s’inclina profondément et fixa
le sol tandis que Gengis réfléchissait. Djebe projetait une expédition dans le
Nord au moment où l’armée de Djalal al-Din avait attaqué dans la vallée du
Panchir. En temps normal, Gengis aurait envoyé ses deux généraux sans hésiter. L’affliction
de Süböteï le troublait profondément, en partie parce qu’il en était cause. Il
s’était vengé des insultes de petits rois. Le shah était mort, ses villes
avaient brûlé dans tout le Khwarezm. Gengis cherchait la satisfaction du
vainqueur et ne la trouvait pas. La trahison et la mort de Djötchi
empoisonnaient les plaisirs les plus simples. Au bout d’un long moment, il
hocha la tête.
    — Très bien. Prends les hommes de Djebe et ceux de Djötchi.
De toute façon, il aurait fallu que je les envoie au loin pour qu’ils
réapprennent la discipline que j’attends de ceux qui me suivent.
    La mise en garde n’échappa pas à Süböteï, qui leva les yeux.
    — Je suis loyal, seigneur. Je l’ai toujours été.
    — Je le sais, convint le khan, faisant un effort pour
adoucir son ton.
    Il avait conscience de ne pas posséder le détachement que
Kachium aurait apporté à la rencontre. Gengis pensait rarement à la façon dont
il traitait des hommes tels que Süböteï, d’une compétence sans égale. Dans le
silence de la yourte, il éprouva tout à coup le besoin de trouver les mots
justes pour soulager la souffrance de son général :
    — Ta parole est de fer, Süböteï. Sois-en fier.
    Süböteï courba le buste avec raideur, laissa son regard s’attarder
sur le sac avant de l’accrocher à son épaule.
    — Il le faut bien, seigneur. C’est tout ce qui me reste.
     
     
    Herat se trouvait à près de deux cents lieues au sud-ouest
de Samarkand, dans une région traversée par deux larges rivières et une dizaine
d’autres de moindre importance. Une fois les yourtes des familles chargées sur
les chariots, Gengis choisit d’approcher de la ville-forteresse par
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