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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
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jeta son bol dans l’herbe et fit signe qu’on lui amène un
cheval frais. Les tumans formaient des carrés mais il ne leur accorda pas même
un regard, sûr que les officiers avaient veillé toute la nuit pour fournir des
flèches et des sabres à ceux qui en avaient besoin. Il n’était plus capable de
rester deux ou trois jours sans se reposer comme lorsqu’il était jeune. Pendant
qu’il dormait, de nombreux guerriers avaient soigné leurs montures et aiguisé
leurs lames.
    En montant à cheval, il vit Mongke et Kublai assis non loin
de lui avec d’autres jeunes garçons et partageant un morceau de mouton séché. Il
chercha des yeux un officier proche pour les mettre en lieu sûr. Avant qu’il
pût en trouver un, l’armée de Djalal al-Din poussa un cri de défi qui fit s’envoler
des nuées d’oiseaux des arbres bordant le fleuve.
    Gengis se dressa sur ses étriers pour voir si l’armée du
prince attaquait. Surpris, il vit les rangs s’écarter pour laisser passer un
seul homme.
    Le khan ne connaissait pas Djalal al-Din, mais le cavalier
solitaire ne pouvait être que lui. Kublai et Mongke se levèrent pour voir ce
qui retenait l’attention de leur grand-père. Sous leurs yeux fascinés, le chef
ennemi dégaina un poignard, coupa les lanières retenant son armure, dont les
plaques tombèrent.
    Gengis haussa les sourcils en se demandant s’il assistait à
une sorte de rituel. Dans sa robe trouée, Djalal al-Din avançait sur son cheval
et Gengis échangea un regard médusé avec les guerriers les plus proches de lui.
Le fils du shah leva son sabre comme pour saluer puis le planta dans la terre. Se
rendait-il ? Gengis vit trois officiers sortir des rangs ennemis et s’approcher.
Djalal al-Din leur parla d’un air détendu et leur sourit. Les trois hommes
pressèrent leur front contre son étrier et regagnèrent leur poste.
    Le khan ouvrit la bouche pour ordonner aux tumans de charger,
mais le prince fit tourner son cheval et l’éperonna. Son armée lui avait laissé
un large passage jusqu’au fleuve et Gengis comprit enfin l’intention de Djalal al-Din.
    Le fils du shah se lança vers la berge au galop et, sans
hésiter, plongea avec son cheval du haut de la pente escarpée. Les Mongols
étaient assez proches pour entendre l’éclaboussement qui suivit et Gengis hocha
la tête.
    — Vous avez vu ça ? cria-t-il à ses petits-fils.
    Kublai fut le premier à répondre :
    — J’ai vu. Il est mort ?
    Gengis haussa les épaules.
    — Peut-être. Il a sauté de haut.
    Il réfléchit un instant, cherchant un moyen de faire
apprécier aux deux garçons ce geste spectaculaire de mépris. Djalal al-Din
aurait pu se jeter dans le fleuve pendant la nuit, mais il avait voulu montrer
au khan le courage et la détermination de sa race. Cavalier-né, Gengis avait
savouré ce moment plus que n’importe quel autre de cette campagne, mais il
était difficile à expliquer à ses petits-fils.
    — Grave le nom de Djalal al-Din dans ta mémoire, Kublai.
C’était un ennemi redoutable.
    — Et c’est bien ? demanda l’enfant, perplexe.
    — Même les ennemis peuvent avoir de l’honneur. Heureux
le père d’un tel fils. Souviens-toi de ce jour et tu feras peut-être un jour la
fierté de ton père.
    Devant eux, les soldats de Djalal al-Din refermaient leurs
rangs et brandissaient leurs sabres. Les trois frères du prince s’avancèrent, des
larmes de joie dans les yeux.
    Gengis sourit, mais n’oublia pas d’envoyer les jeunes
garçons à l’arrière avant de donner l’ordre d’attaquer.

 
38
    La pluie était enfin venue à Samarkand, martelant les toits
de tuiles de la ville d’une averse ininterrompue qui dura des jours. L’eau
coulait dans les rues comme une rivière. La maladie se répandit quand les
fosses d’aisances débordèrent et ajoutèrent leur contenu puant à l’eau
stagnante, contaminant jusqu’aux puits. L’air demeurait cependant étouffant et
Gengis abandonna le palais du shah quand une nouvelle pestilence apparut. Elle
provoquait vomissements et diarrhées, tuant d’abord les enfants et les
vieillards quand ils étaient affaiblis. Nul n’était à l’abri et on ne décelait
aucune logique dans la propagation du mal : dans un quartier, des
centaines d’habitants succombaient alors que personne n’était atteint dans les
rues voisines. Des médecins jin déclarèrent au khan qu’on ne pouvait que
laisser le fléau suivre son cours.
    Le khan pressa Arslan de
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