Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
quitter Samarkand, mais le vieux
général refusa, comme il en avait le droit. La ville était à lui. Arslan ne
souffla pas mot des premières manifestations de la maladie dans son ventre
quand il raccompagna Gengis aux portes de la ville et les fit condamner par des
planches. Une fois le khan en sûreté, l’ancien forgeron retourna au palais par
les rues désertes, sentant comme un fer rouge lui brûler les entrailles. Gengis
apprit sa mort quelques jours plus tard et regarda la ville avec colère et
chagrin, comme si elle en était responsable. Ceux qui y étaient restés
pleuraient leurs morts ou les rejoignaient tandis que le khan et ses généraux
étaient à l’abri dans les yourtes. Là, personne ne mourait. Les familles
prenaient leur eau dans les lacs situés au nord et la maladie ne toucha pas le
camp.
     
     
    Les éclaireurs repérèrent Süböteï alors que le nombre de
victimes à Samarkand commençait à décroître et que l’air fraîchissait pour la
première fois depuis des mois. À l’approche du général, la tension monta dans
le camp. Gengis devenait tellement irritable que plus personne n’osait l’aborder.
La disparition d’Arslan avait apporté la touche finale à une année difficile et
il n’était pas sûr de vouloir entendre ce qu’il était advenu de Djötchi. Personne
n’était mort depuis quatre jours quand il autorisa enfin la ville à ouvrir ses
portes et à brûler les corps en décomposition. Celui d’Arslan en faisait partie
et Gengis se tint devant le bûcher funéraire tandis que les flammes réduisaient
son vieil ami en cendres. Les chamanes se rassemblèrent pour accompagner de
leurs incantations l’esprit du général montant vers le père ciel, mais Gengis
les entendait à peine. Les brasiers purifiaient l’air, brûlant ce qu’il restait
de la maladie. À certains égards, c’était comme une renaissance. Gengis aurait
voulu laisser les mauvais souvenirs derrière lui, mais il ne pouvait empêcher Süböteï
de rentrer.
    Lorsque le général parvint devant les murailles de Samarkand,
Gengis l’attendait dans sa yourte, perdu dans de sombres pensées. Il leva les
yeux lorsque Süböteï souleva le rabat de feutre et, même à cet instant, une
partie de lui espérait encore que son général avait échoué.
    Süböteï lui remit le sabre à tête de loup sans que son
regard trahisse quoi que ce soit de ses sentiments. Gengis prit l’arme presque
avec révérence, la posa sur son giron et émit un lent soupir. Süböteï le trouva
plus vieux que dans son souvenir, amaigri par les combats et le temps.
    — Le corps ? s’enquit Gengis.
    — Je l’aurais bien rapporté, mais avec cette chaleur…
    Süböteï baissa les yeux vers le sac grossier qu’il avait
posé par terre. Il avait porté son contenu desséché sur des centaines de lieues.
    — J’ai la tête de Djötchi, dit-il.
    Gengis grimaça.
    — Brûle-la ou enterre-la. Je ne veux pas la voir.
    Les yeux de Süböteï étincelèrent. Un instant, il fut tenté
de tirer la tête du sac et de forcer le khan à regarder le visage mort de son fils.
Il domina cette impulsion, sachant qu’elle était provoquée par son épuisement.
    — Ses hommes ont résisté après sa mort ? demanda
Gengis.
    Süböteï haussa les épaules.
    — Quelques officiers jin ont choisi de mettre fin à
leur vie. Les autres m’ont suivi, comme je l’avais prévu. Ils craignent encore
que tu ne les fasses exécuter.
    Après une inspiration, il reprit :
    — Je leur ai fait une promesse.
    Voyant Gengis sur le point de répondre, Süböteï abandonna
toute prudence :
    — Je ne permettrai pas que ma parole soit brisée, seigneur.
    Les deux hommes s’affrontèrent du regard, chacun évaluant la
volonté de l’autre. Finalement, le khan hocha la tête.
    — Ils vivront. Ils combattront de nouveau pour moi, non ?
    Il eut un petit rire forcé, désagréable. Au bout d’un moment,
Süböteï rompit un silence devenu insupportable :
    — J’ai appris ta victoire.
    Gengis parut soulagé de pouvoir parler d’autre chose.
    — Djalal al-Din s’est échappé. Des éclaireurs le
cherchent mais n’ont pas trouvé sa trace jusqu’ici. Veux-tu t’en charger ?
    — Non, seigneur. J’en ai assez de cette chaleur. Le
seul bon côté de ma mission dans le Nord, c’était de retrouver le froid. Tout
est plus pur, là-bas.
    Gengis réfléchit à la réponse. Il sentait une grande
amertume chez son général et ignorait
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher