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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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cracha du sang dans l’herbe, lança
un regard sombre à un guerrier proche, qui se fit tout petit.
    — La nuit ne fait que commencer et j’ai déjà mal à la
tête, marmonna Gengis. Allume les feux, Jelme. Ton père doit être là quelque
part, même s’il n’est pas aussi rapide que moi, loin s’en faut. Si Arslan vit
encore, nous boirons à sa santé et nous chanterons ses louanges en
engloutissant ce que tu as à manger.
    — Sois le bienvenu dans mon camp, seigneur, dit Jelme d’un
ton cérémonieux.
    L’humeur à la ripaille des hommes qui venaient d’arriver le
fit sourire. Son père lui-même eut un rire incrédule en se relevant et en s’appuyant
à un jeune guerrier stoïque.
    — Tu ne t’es pas arrêté ? murmura Jelme à Arslan.
    Le forgeron haussa les épaules et secoua la tête, les yeux
brillants.
    — Qui aurait pu s’arrêter ? Il nous a tous
entraînés.
     
     
    Les dix mille hommes de Jelme regagnèrent leur camp pour
festoyer. On réveilla même les jeunes enfants pour leur montrer le Grand Khan
quand il passa entre les yourtes. Gengis se fit un devoir de poser une main sur
la tête des plus petits mais il était distrait, impatient. Il avait entendu les
cors rappelant les cavaliers qui avaient encerclé la colonne et savait que
Djaghataï serait bientôt là. Il ne pouvait reprocher à Jelme de s’être préparé
à tout, mais il voulait voir son fils.
    Les serviteurs apportèrent de l’alcool de riz et de la
viande froide aux nouveaux venus tandis qu’on allumait de grands feux de bois
koryon qui projetèrent des flaques d’or dans les ténèbres. L’herbe humide fut
recouverte d’épaisses toiles de lin et de plaques de feutre. Gengis s’assit en
tailleur à la place d’honneur, avec Arslan à sa droite. Kachium, Khasar et Süböteï
le rejoignirent devant les flammes ronflantes et se passèrent une outre d’alcool
de riz. Alors que le cercle achevait de se former, Djötchi s’octroya une place
à la droite de Khasar, obligeant Ögödei à s’asseoir plus loin. Les généraux ne
parurent pas le remarquer, mais Djötchi savait que rien n’échappait à Kachium. Kökötchu
le chamane remercia le père ciel des conquêtes faites par Jelme et des
richesses qu’il avait rapportées. Djötchi le regarda tournoyer et pousser des
cris aigus en jetant des gouttes d’arkhi au vent et aux esprits. L’une d’elles
tomba sur le visage de Djötchi et coula le long de son menton.
    Lorsque le chamane se rassit lourdement, des musiciens se
mirent à jouer dans le camp, comme soudain libérés. Des bâtons frappèrent les
tambours, des voix plaintives se mêlèrent et s’enroulèrent l’une à l’autre, s’appelant
et se répondant par-dessus les feux. Des hommes et des femmes martelèrent des
chants et des poèmes, dansèrent jusqu’à ruisseler de sueur. Les compagnons de
Jelme étaient heureux de faire honneur au Grand Khan.
    La chaleur du feu, née d’un cœur de braises orange, cuisait
le visage de Djötchi. Le jeune homme, qui observait les généraux de son père, croisa
un instant le regard de Kachium avant de détourner les yeux. Si le contact fut
bref, il ne fut pas sans enseignement. Sachant que Kachium continuerait à le
scruter, Djötchi garda la tête tournée. Le regard montrait l’âme et il était
toujours le plus difficile à masquer.
    Lorsque Djaghataï arriva, escorté par les cris de son jagun,
Jelme constata avec satisfaction que la courte chevauchée avait eu raison du
reste d’hébétude due à la beuverie de la veille. Le deuxième fils de Gengis
donna une impression de dynamisme et de force quand il sauta par-dessus l’épaule
de son cheval.
    Le khan se leva pour l’accueillir et les guerriers
poussèrent des acclamations lorsque le père prit le bras du fils et lui tapota
le dos.
    — Tu as grandi, mon garçon, dit Gengis, qui avait
encore les yeux vitreux, la figure marbrée et boursouflée.
    Djaghataï s’inclina profondément, image même du fils parfait.
    Il parvint à garder une apparence détendue tandis qu’il
serrait des mains et donnait des accolades aux hommes de son père. Djötchi fut
agacé de voir son frère marcher avec aisance, le dos bien droit, montrant des
dents d’un blanc éclatant quand il riait ou souriait. À quinze ans, il avait
une peau sans traces de maladie, à peine balafrée au-dessus des poignets et des
avant-bras. Gengis le contemplait avec une fierté évidente. Lorsque Djaghataï
se vit offrir une

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