Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
camp ? Le soir où on rend hommage à mon père ? Ce tigre est un
cadeau fait à Gengis. Personne d’autre ne peut décider de son sort.
    Les yeux de Jelme brillaient maintenant de colère et
Djaghataï baissa la tête, redevint instantanément docile. Pendant son
entraînement, le général lui avait infligé des remontrances cinglantes et de
dures punitions. L’habitude d’obéir s’était profondément enracinée en lui.
    Gengis, qui avait assisté, attentif, à tout l’échange, prit
enfin la parole :
    — J’accepte le cadeau.
    Ses yeux jaunes semblaient avoir la même couleur que ceux du
fauve feulant derrière eux. Les deux frères s’inclinèrent pour ne pas provoquer
un accès de colère du khan. Ivre, Gengis était capable de frapper un homme qui
avait simplement soutenu son regard.
    — Nous pourrions former un cercle de guerriers armés
pointant sabres et lances vers le centre, poursuivit-il pensivement. Ainsi, un
homme seul pourrait affronter la bête, s’il le désire.
    — Ces animaux sont extrêmement dangereux, fit valoir
Jelme d’une voix tendue. Avec des femmes et des enfants autour…
    Il se sentait partagé entre la nécessité d’obéir au khan et
la folie de ce que celui-ci semblait envisager.
    — Alors, fais reculer les femmes et les enfants, répondit
Gengis avec un haussement d’épaules.
    Jelme s’inclina devant l’inévitable.
    — Comme tu voudras, seigneur. Mes hommes pourraient
attacher de lourdes planches entre elles pour former un cercle et utiliser les
catapultes pour le consolider.
    Gengis hocha la tête : il ne se souciait pas de la
façon dont on réglerait le problème. Il se tourna vers Djötchi, qui demeurait
figé là où son orgueil l’avait mené. Même Djaghataï paraissait apeuré, à
présent, mais c’était le khan qui prenait toutes les décisions et ils ne
pouvaient qu’attendre la suite.
    — Tue cette bête et ton frère pliera peut-être le genou
devant toi, dit Gengis avec douceur. Tous les hommes t’observeront. Verront-ils
un khan en toi ?
    — Un khan ou un cadavre, répondit Djötchi sans hésiter.
Ou les deux.
    Il ne pouvait plus reculer. Il leva les yeux vers le tigre
et sut qu’il se ferait sûrement tuer mais cela lui était égal. Il avait déjà
chevauché avec la mort dans les charges de Süböteï. Âgé de dix-sept ans, il
était capable de jouer sa vie sur un coup de tête. Il prit une profonde
inspiration, haussa les épaules et déclara :
    — Je suis prêt.
    — Alors, formez le cercle et placez la cage au milieu, ordonna
Gengis.
    Tandis que Jelme envoyait ses hommes chercher des planches
et des cordes, Djötchi fit signe à Djaghataï. Encore abasourdi, le plus jeune
des deux frères sauta à terre en faisant balancer le chariot, et le tigre émit
un grondement inquiétant.
    — Il me faut un bon sabre pour affronter cet animal, argua
Djötchi. Le tien.
    Djaghataï plissa les yeux pour masquer son sentiment de
triomphe. Djötchi ne pouvait pas survivre à un tel combat. Les Koryons ne
chassaient le tigre qu’en groupes d’au moins huit hommes bien entraînés. Il
avait un mort devant lui. Sur une impulsion, il détacha de sa ceinture le sabre
que Gengis lui avait donné trois ans plus tôt. Ne plus sentir son poids à sa
hanche lui fit éprouver un sentiment de perte, mais il se sentait néanmoins
comblé par le sort.
    — Je le reprendrai quand cette bête t’aura arraché la
tête, murmura-t-il, assez bas pour que personne d’autre ne puisse l’entendre.
    — Peut-être, répondit Djötchi, qui ne put s’empêcher de
couler un regard à l’animal en cage.
    Djaghataï le remarqua et s’esclaffa.
    — C’est tout ce que tu mérites. De toute façon, je n’aurais
jamais accepté pour khan un bâtard né d’un viol.
    Il s’éloigna, laissant Djötchi à sa rage.
     
     
    Au coucher du soleil, le cercle prenait forme dans la plaine.
Sous le regard vigilant de Jelme, les guerriers avaient assemblé une solide
structure de chêne et de hêtre du Koryo, maintenue par de grosses cordes et
renforcée par des plates-formes de catapulte. D’un diamètre de quarante pas, l’arène
n’avait ni entrée ni sortie. Djötchi devrait escalader les planches et ouvrir
lui-même la cage.
    Jelme ordonna qu’on allume des torches autour du cercle et
tous les Mongols s’en approchèrent autant qu’ils purent. Il sembla d’abord que
seuls ceux qui parviendraient à grimper sur la palissade pourraient voir,

Weitere Kostenlose Bücher