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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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chariots seulement en étaient équipés
et la progression était lente. Chaque jour, un nouvel obstacle surgissait et la
pente était parfois si raide qu’il fallait attacher les chariots à des cordes
dans la descente et que les guerriers devaient s’arc-bouter pour les retenir. Lorsque
l’air manquait, hommes et bêtes s’épuisaient rapidement et avaient de la chance
s’ils couvraient deux lieues en une journée. À chaque pic succédaient une
vallée sinueuse et une autre montée difficile. La chaîne semblait interminable
et les familles exposées au vent se blottissaient misérablement sous leurs
fourrures. Lors des haltes, la nécessité de monter les yourtes avant le coucher
du soleil était contrariée par l’engourdissement des doigts gelés. Presque tous
dormaient sous les chariots, enveloppés de couvertures et entourés des corps
chauds des chèvres et des moutons attachés aux roues. Il fallait tuer des
chèvres pour se nourrir et les vastes troupeaux fondaient.
    Trente jours après avoir quitté les rives de l’Orkhon, Gengis
ordonna une halte tôt dans la journée. Les nuages étaient descendus si bas qu’ils
frôlaient les sommets. La neige avait commencé à tomber lorsque les Mongols
installèrent un camp provisoire à l’abri d’une paroi rocheuse s’élevant vers la
blancheur qui les dominait. Au moins cette falaise protégerait-elle un peu du
vent mordant et Gengis avait préféré éviter de se trouver sur une crête exposée
au moment où le jour déclinerait. Il avait envoyé des jeunes cavaliers à
quarante lieues à la ronde pour repérer le meilleur chemin à prendre et lui
rapporter tout ce qu’ils auraient vu. Ces montagnes marquaient la fin du monde
qu’il connaissait et, en regardant ses serviteurs tuer un chevreau, il se
demanda comment étaient les villes du Khwarezm. Ressemblaient-elles aux
forteresses de pierre des Jin ? Avant ses éclaireurs, il avait envoyé des
espions qui apprendraient ce qu’ils pourraient des marchés et des défenses de
ces cités, tout ce qui pourrait être utile pendant la campagne à venir. Les
premiers partis commençaient à rentrer, fourbus et affamés. Gengis se forgeait
une image de ces villes dans sa tête mais elle demeurait fragmentaire.
    Ses frères étaient avec lui dans la tente du khan montée sur
son chariot, au-dessus de la tête de tous les guerriers. Lorsqu’il regardait
au-dehors, Gengis voyait les yourtes comme une profusion de coquilles pâles d’où
de minces volutes de fumée montaient vers le ciel. C’était un lieu froid et
hostile, mais il n’était pas découragé. Son peuple n’avait que faire des villes
et la vie se poursuivait autour de lui comme à l’ordinaire : disputes, démonstrations
d’amitié, fêtes familiales, mariages. Les Mongols n’avaient pas besoin de s’enraciner
pour vivre.
    Gengis se frotta les mains et souffla dessus en regardant un
de ses serviteurs jin pratiquer une entaille dans la poitrine du chevreau, y
passer les doigts pour presser l’artère principale entourant le cœur. La bête
cessa de ruer et ils entreprirent de l’écorcher d’une main experte. Chaque morceau
serait utilisé et la peau protégerait l’un de ses jeunes enfants du froid de l’hiver.
Les serviteurs vidèrent la panse de l’herbe à moitié digérée qu’elle contenait.
Rôtir la chair du chevreau dans ce sac blanc flasque était plus rapide que la
faire mijoter lentement, comme le préféraient les guerriers. La viande serait
dure sous la dent mais, par un tel froid, il fallait manger vite pour reprendre
des forces. Cette réflexion amena Gengis à toucher le chicot de la dent qu’il s’était
cassée alors qu’il chevauchait ivre pour rejoindre Jelme. Il grimaça. Elle lui
faisait constamment mal et il devrait peut-être se résoudre à laisser Kökötchu
arracher la racine. Son humeur s’assombrit à cette perspective.
    — Il sera bientôt cuit, dit-il à ses frères.
    — Pas assez vite pour moi, répondit Khasar. Je n’ai
rien mangé depuis l’aube.
    Autour d’eux dans la passe, les femmes préparaient des
milliers de repas chauds. Les bêtes ne recevraient que quelques poignées d’herbe
sèche mais les bergers n’avaient pas le choix. Par-dessus les bêlements
incessants, les généraux entendaient les voix de leurs hommes qui, malgré le
froid, étaient empreintes de satisfaction. Ils partaient en guerre et l’atmosphère
était joyeuse dans le camp.
    Des acclamations

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