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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Chakahai avant de s’asseoir. Malgré ses dimensions
démesurées, le camp était à certains égards un village et Yao Shu soupçonnait
Kachium de savoir exactement combien de fois ils s’étaient rencontrés tous les
trois et d’avoir peut-être même des espions qui les écoutaient dehors. Cette
idée donna au thé un goût plus amer encore. Ce n’était pas son monde. Il était
venu dans le camp de Gengis pour répandre les enseignements pacifiques du
Bouddha et ne savait pas encore s’il avait fait un bon choix. Les Mongols
étaient un peuple étrange. Ils semblaient accepter ce qu’il leur disait, en
particulier s’il donnait à ses leçons la forme d’histoires. Yao Shu pensait
leur avoir transmis une partie de la sagesse qu’il avait apprise dans sa jeunesse
mais, quand sonnaient les cors de guerre, ils oubliaient ses préceptes et se
précipitaient pour tuer. Il n’y avait pas moyen de les comprendre mais il s’y
était résigné. En buvant son thé, il se demanda si Chakahai s’était elle aussi
résignée à son rôle chez les Mongols.
    Le moine parla peu tandis que Ho Sa et la princesse
discutaient du sort des soldats jin dans les tumans de Gengis. Huit mille
hommes du camp environ provenaient de villes chinoises ou avaient été soldats
de l’empereur. Un nombre égal cependant avait appartenu aux tribus turques du
Nord. Les recrues jin auraient dû avoir peu d’influence, mais Chakahai avait
veillé à ce que tous les officiers soient servis par des gens de son peuple. Grâce
à eux, elle savait aussi bien que Kachium lui-même ce qui se passait dans le
camp.
    Yao Shu observait cette femme délicate quand elle assura Ho
Sa qu’elle parlerait à son époux des rites funéraires des soldats jin. Yao Shu
finit son thé en savourant son goût âpre et le son de sa langue maternelle dans
ses oreilles. Cela lui manquait, sans aucun doute. Il fut brusquement tiré de
ses réflexions en entendant son nom.
    — … peut-être Yao Shu le sait-il, disait Chakahai. Il
est souvent avec les fils de mon mari.
    Yao Shu cacha son embarras en tendant sa tasse pour qu’on la
remplisse.
    — Euh, oui ?
    L’épouse de Gengis soupira.
    — Tu n’écoutais pas. Je demandais si Djötchi serait
suffisamment remis pour prendre sa place à la tête de ses hommes.
    — À la prochaine lune, peut-être, répondit le moine. Ses
blessures ne se sont pas infectées mais ses bras et sa jambe resteront à jamais
marqués par le fer rouge. Il devra se refaire des muscles. Je peux l’y aider. Au
moins, il écoute, lui, à la différence de son imbécile de frère.
    Chakahai et Ho Sa se raidirent légèrement. Les serviteurs
avaient été envoyés à l’autre bout du camp mais il y avait toujours des
oreilles pour entendre.
    — J’ai assisté à l’entraînement, intervint Ho Sa, hésitant,
conscient de se risquer sur un terrain dangereux. Que t’a dit le général
Kachium ?
    Yao Shu leva les yeux, agacé par le ton murmurant de l’ancien
officier xixia.
    — Peu importe, répliqua-t-il. Et je n’ai pas à
surveiller ma langue quand je parle dans cette tente. Je dis la vérité comme je
la trouve.
    Il soupira lui aussi, poursuivit :
    — Mais j’ai eu quinze ans et j’ai été stupide, moi
aussi. Djaghataï peut encore devenir un homme solide, je ne sais pas. Pour le
moment, ce n’est qu’un jeune garçon en colère.
    Ces confidences étaient surprenantes dans la bouche du moine
et Ho Sa cligna des yeux d’étonnement.
    — Ce « jeune garçon en colère » mènera
peut-être un jour les Mongols, rappela Chakahai.
    — Je pense parfois que je suis resté trop longtemps
parmi eux, dit Yao Shu. Je devrais ne pas me soucier de savoir à qui reviendra
l’enseigne à queue de cheval du père, ni même craindre que ces nouveaux ennemis
ne la foulent aux pieds…
    — Tu as des amis, ici, argua Ho Sa. Pourquoi serais-tu
indifférent à ce qui nous arrive ?
    Le moine fronça les sourcils.
    — J’ai cru pouvoir être la voix de la raison dans ce
camp, avoir peut-être même de l’influence sur Gengis et ses frères.
    Il eut un grognement dédaigneux.
    — Bel exemple de l’arrogance de la jeunesse. Je pensais
pouvoir apporter la paix aux cœurs farouches des fils.
    Ses joues se colorèrent légèrement quand il ajouta :
    — Au lieu de quoi, je verrai peut-être Djaghataï
succéder à son père et entraîner son peuple dans des guerres plus destructrices
que tout ce que nous pouvons

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