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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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s’élevèrent au loin et les chefs se
tournèrent vers Kachium, qui savait généralement tout ce qui se passait dans
les yourtes. Sous le regard de ses frères, il haussa les épaules.
    — Yao Shu entraîne les jeunes guerriers.
    Temüge eut un claquement de langue irrité que Kachium ne
releva pas. Nul n’ignorait que Temüge avait de l’antipathie pour le moine
bouddhiste que Khasar et lui avaient ramené des terres jin. Quoique toujours
courtois, Yao Shu s’était fâché avec Kökötchu, le chamane, alors que Temüge
était son disciple le plus fervent. C’était peut-être pour cette raison que Temüge
le trouvait agaçant, en particulier quand il prêchait sa foi bouddhiste
débilitante à des combattants. Gengis n’avait pas tenu compte des récriminations
de Temüge, dans lesquelles il ne voyait que jalousie envers un saint homme
capable de mieux se battre avec ses mains et ses pieds que la plupart des
hommes avec un sabre.
    Ils entendirent d’autres acclamations, plus fortes cette
fois, comme si une foule plus nombreuse s’était rassemblée. Pendant que les
femmes cuisinaient, il n’était pas rare que les hommes s’exercent au sabre ou à
la lutte une fois les yourtes montées. Dans ces hautes montagnes, c’était
souvent le seul moyen de se réchauffer.
    Khasar se leva, pencha la tête vers Gengis.
    — En attendant que ce chevreau soit prêt, je vais aller
voir l’entraînement, frère. À côté de Yao Shu, nos lutteurs ont l’air de
lourdauds endormis.
    Gengis hocha la tête, remarqua la grimace de Temüge. Il
regarda la panse gonflée tournant au-dessus du feu et renifla l’air avec appétit.
    Comprenant que le khan n’attendait qu’un prétexte pour
suivre Khasar, Kachium avança :
    — C’est peut-être Djaghataï qu’il entraîne. Ögödei et
lui passent beaucoup de temps avec Yao Shu.
    Cela suffit à décider Gengis, dont le visage s’éclaira.
    — Allons-y tous, dit-il.
    Avant que Temüge puisse protester, le khan sortit dans le
vent froid. Les autres l’imitèrent, laissant Temüge regarder, l’eau à la bouche,
le chevreau rôtir.
     
     
    Yao Shu était torse nu malgré l’altitude. Il ne semblait pas
sentir le froid et, tandis que Djaghataï tournait autour de lui, des flocons de
neige se posaient sur les épaules du moine. Il respirait calmement alors que le
fils de Gengis avait déjà le visage cramoisi et le corps contusionné. Redoutant
une attaque soudaine, Djaghataï fixait le bâton du moine. Le petit bouddhiste
dédaignait les sabres mais se servait du bâton comme s’il le maniait depuis
toujours. Djaghataï sentait de vives douleurs aux côtes et dans la jambe gauche,
là où il avait été touché. Il n’avait pas encore réussi à porter un coup et l’exaspération
bouillonnait en lui, prête à jaillir.
    Des guerriers désœuvrés venaient à tout instant grossir la
foule. Ils n’avaient rien d’autre à faire et ils étaient curieux. La passe
était trop étroite pour que plus de quelques centaines d’entre eux assistent à
l’entraînement et ils se bousculaient, se querellaient en tâchant de faire de
la place aux lutteurs. Djaghataï sentit un mouvement dans la foule avant même
de voir son père et ses oncles la traverser. Il serra les mâchoires, déterminé
à porter au moins un bon coup sous le regard de Gengis.
    Penser, c’est agir, et il se jeta en avant, abattit son
bâton. Si Yao Shu était resté immobile, il l’aurait reçu sur la tête mais il se
baissa et frappa le jeune guerrier à la poitrine avant de se reculer vivement.
    Le coup n’était pas appuyé mais Djaghataï rougit de colère. Yao
Shu secoua la tête.
    — Reste calme, murmura le moine.
    C’était le principal défaut du jeune homme à l’entraînement.
Il n’y avait rien à reprocher à son équilibre ni à ses réflexes, mais son
tempérament irascible le trahissait chaque fois. Depuis des semaines, Yao Shu s’efforçait
de lui apprendre à rester maître de lui-même au combat, de surmonter sa rage
autant que sa peur. Les deux sentiments semblaient constamment liés chez le
jeune guerrier et Yao Shu se résignait à ce que ses progrès soient lents.
    Djaghataï se remit à tourner, changea brusquement de rythme
et attaqua de nouveau. Yao Shu se renversa en arrière pour parer le bâton
visant les jambes. Il le bloqua aisément, cogna du poing gauche sur la joue de
Djaghataï. Il vit le regard du garçon s’embraser et sa fureur prendre le dessus,
comme

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