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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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constater que les deux hommes s’estimaient. Süböteï venait
lui aussi chaque jour à l’aube et, malgré son isolement, Djötchi était bien
informé. En regardant les deux hommes bavarder, Yao Shu pressa les attelles de
son pied et grimaça.
    Lorsque la conversation mourut, Kachium se tourna vers le
moine en cherchant visiblement ses mots. Il savait comme tout le monde que c’était
Djaghataï qui avait ordonné l’embuscade. Il savait aussi qu’on ne pourrait
jamais le prouver. Djaghataï se pavanait dans le camp et nombreux étaient les
guerriers qui le regardaient avec approbation. Pour eux, il n’y avait pas de
honte à se venger et Kachium devinait ce que Gengis en pensait. Le khan n’aurait
eu besoin de personne pour se faire justice, mais il n’aurait pas perdu le
sommeil s’il avait fait appel à d’autres. Le camp était un monde dur ; Kachium
se demandait comment l’expliquer à Yao Shu.
    — D’après Kökötchu, tu marcheras dans quelques semaines
seulement, dit-il.
    Le moine haussa les épaules.
    — Je guéris, général. Le corps n’est après tout qu’un
animal. Les chiens et les renards guérissent. Moi aussi.
    — Je n’ai rien entendu sur les hommes qui t’ont attaqué,
mentit Kachium.
    Les yeux de Yao Shu se portèrent sur les autres blessés et
le frère du khan rougit légèrement.
    — Il y a toujours quelqu’un qui se bat dans le camp, ajouta-t-il
en écartant les mains.
    Le moine le regarda calmement, surpris qu’il se sente
coupable. Il n’avait pris aucune part à l’embuscade et était-il responsable de
Djaghataï ? Certes non. En fait, la correction aurait été bien plus grave
si Kachium n’était pas intervenu. Les agresseurs s’étaient dispersés en
emportant leurs blessés. Yao Shu soupçonnait que Kachium aurait pu les désigner
s’il l’avait voulu, peut-être même en donnant le nom de leur famille. C’était
sans importance. Les Mongols aimaient la vengeance et le moine ne ressentait
aucune colère contre les jeunes imbéciles qui avaient exécuté un ordre. Il s’était
juré de donner à Djaghataï une autre leçon en temps voulu.
    Troublé de constater que sa foi passait après un désir aussi
vil, il ne savourait pas moins la perspective de se venger. Il ne pouvait en
parler alors que des hommes de Djaghataï se trouvaient dans la tente, mais eux
aussi guériraient et, avant longtemps, il serait seul avec Djötchi. Yao Shu
avait assisté au combat contre le tigre. En baissant les yeux vers la peau
rayée étendue au pied du lit bas, il se dit qu’en se faisant un ennemi de
Djaghataï il s’était sans doute gagné un allié. La princesse xixia sera
contente, pensa-t-il.
    Kachium se leva en entendant la voix de Gengis dehors. Le
khan entra, la figure rouge et gonflée, l’œil gauche presque fermé. Il adressa
un signe de tête à Yao Shu puis se tourna vers Kachium en ignorant la présence
de Djötchi.
    — Où est Kökötchu, frère ? Il faut que je me fasse
arracher cette dent cassée.
    Le chamane apparut, accompagné de cette étrange odeur qui
faisait plisser le nez à Yao Shu. Le moine n’arrivait pas à aimer le magicien
décharné. Kökötchu savait éclisser les os brisés mais traitait les malades
comme des importuns et rampait ensuite sans vergogne devant Gengis et les
généraux.
    — La dent, Kökötchu, marmonna le khan. Il est temps.
    Il avait le front couvert de sueur et Yao Shu supposa qu’il souffrait
beaucoup, mais le khan se faisait un devoir de ne jamais le montrer. Le moine
se demandait parfois s’ils étaient fous, ces Mongols. La douleur n’était qu’une
partie de la vie qu’il fallait accepter et comprendre, pas anéantir.
    — Oui, seigneur khan, répondit Kökötchu. Je l’arracherai
et te donnerai des herbes pour faire dégonfler ta mâchoire. Allonge-toi, seigneur.
Ouvre la bouche autant que tu peux.
    Avec mauvaise grâce, Gengis s’étendit sur le dernier lit de
la yourte et renversa la tête en arrière suffisamment pour révéler à Yao Shu la
chair enflammée. Les Mongols ont de très bonnes dents, pensa-t-il. Le chicot
brun paraissait déplacé parmi les dents blanches. Il se demanda si leur régime
carné n’était pas la cause de leur force et de leur violence. Lui-même évitait
la viande, car il la croyait source de mauvaises humeurs dans le sang.
    Kökötchu déroula une large bande de cuir contenant de
petites tenailles de forgeron et un jeu de couteaux à lames étroites. Le regard
du

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