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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Derrière
lui, dix mille cavaliers se mirent à trotter dans la plaine. Il les garderait
en selle jusqu’à ce qu’ils soient hagards de fatigue ou que leurs membres leur
fassent si mal qu’ils ne puissent plus continuer. Djötchi sourit à cette pensée.
Lui, il résisterait à la souffrance. Comme il l’avait toujours fait.
     
     
    La cité d’Otrar, l’un des nombreux joyaux du Khwarezm, avait
prospéré au carrefour d’empires anciens. Pendant un millénaire elle avait été
la forteresse de l’Occident et avait prélevé une part des richesses qui
circulaient sur les routes commerciales. Ses murailles protégeaient des
milliers de maisons en brique, certaines hautes de deux étages, peintes en
blanc à cause de la dureté du soleil. Ses rues étaient toujours animées et un
homme pouvait tout acheter dans le monde d’Otrar s’il avait assez d’or. Son
gouverneur, Inaltchiq, faisait chaque jour des offrandes à la mosquée et
montrait avec ostentation son attachement aux enseignements du Prophète. En
privé, il buvait le vin interdit et entretenait dans une maison des femmes
choisies parmi des esclaves de races différentes, toutes destinées à son
plaisir.
    Lorsque le soleil s’abaissait vers les collines, Otrar
retrouvait lentement un peu de fraîcheur et les rues perdaient leur animation
tandis qu’hommes et femmes rentraient chez eux. Inaltchiq essuya la sueur
coulant dans ses yeux et allongea une botte à son maître d’armes. L’homme était
rapide et Inaltchiq le soupçonnait parfois de le laisser marquer des points. Cela
ne le dérangeait pas, tant qu’il le faisait intelligemment. Si l’ouverture
était trop évidente, le gouverneur frappait avec plus de force, imprimant dans
sa chair une zébrure ou un bleu. C’était un jeu, toute la vie n’était qu’un jeu.
    Du coin de l’œil, Inaltchiq vit son chef des scribes s’arrêter
au bord de la cour. Le maître d’armes se rua sur lui pour châtier ce moment d’inattention
et Inaltchiq battit en retraite avant de frapper bas pour que la pointe
émoussée de son sabre pique le ventre du maître d’armes. L’homme tomba
lourdement et Inaltchiq éclata de rire.
    — Non, je ne m’approcherai pas pour t’aider à te
relever, Akram. Une fois suffit pour chaque ruse.
    Le maître d’armes sourit et se leva d’un bond mais le jour s’amenuisait
et Inaltchiq s’inclina devant lui avant de lui remettre son sabre.
    Inaltchiq entendit les muezzins clamer la grandeur d’Allah
par-dessus les toits d’Otrar. C’était l’heure de la prière du soir et la cour
commença à se remplir des membres de sa maisonnée portant des tapis. Ils s’agenouillèrent
sur plusieurs rangées et baissèrent la tête. Inaltchiq se plaça devant eux, les
préoccupations de la journée disparaissant lorsqu’il les guidait dans les
répons.
    Tandis que les fidèles priaient en chœur, le gouverneur
était impatient de briser le jeûne de la journée. Le ramadan n’était pas encore
terminé et même Inaltchiq n’osait pas en enfreindre les règles. Les serviteurs
étaient bavards comme des pies et il se gardait bien de leur fournir des
preuves contre lui qu’ils utiliseraient devant les tribunaux de la charia. En
se prosternant, front contre terre, il songeait aux femmes qu’il choisirait
pour qu’elles lui donnent son bain. Même pendant ce mois sacré, tout était
possible après le coucher du soleil, quand un homme pouvait être roi dans son
foyer. Il se ferait apporter du miel et en répandrait sur le dos de sa favorite
du moment pendant qu’il jouirait d’elle.
    —  Allahu Akbar ! s’exclama-t-il.
    Dieu est grand. Le miel est une chose merveilleuse, un don d’Allah
aux hommes, pensa-t-il. Il en aurait mangé chaque jour, n’eût été la tendance
de sa taille à épaissir. Tout plaisir avait son prix, semblait-il.
    Il se prosterna de nouveau, modèle de piété devant sa
maisonnée. Le soleil s’était couché pendant le rite et il mourait de faim. Il
roula son tapis de prière et traversa la cour d’un pas vif, suivi par son
scribe.
    — Où est l’armée du khan ? demanda Inaltchiq par-dessus
son épaule.
    Comme à son habitude, le scribe consulta d’un air affairé
une liasse de papiers mais le gouverneur ne doutait pas qu’il connût déjà la
réponse. Zayed ben Salah avait vieilli à son service sans que l’âge émousse son
intelligence.
    — L’armée mongole se déplace lentement, maître, Dieu en
soit loué,

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