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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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lentement.
     
     
    Les éclaireurs rejoignirent Süböteï au moment où, un genou à
terre, il regardait la plaine et l’armée du shah. Du haut de la colline, on
pouvait voir à des lieues à la ronde et il n’avait pas besoin de ces jeunes
hommes pour savoir que l’ennemi approchait par la passe la plus large, celle qu’il
avait choisi de défendre.
    À peine les éclaireurs avaient-ils sauté à terre que Süböteï
agitait la main en disant :
    — Je sais. Allez prévenir les autres généraux. C’est là
que nous frapperons.
    Au loin, les cavaliers ennemis traçaient des lignes de
poussière sur les terres couvertes de maigres cultures en remontant vers le
nord. Süböteï s’efforçait de se mettre à la place du shah, mais c’était
difficile. Jamais il n’aurait engagé toute une armée dans une seule passe. Il
aurait contourné les hauteurs et laissé Otrar tomber. Le détour lui aurait fait
perdre un mois mais les tumans auraient été contraints de l’affronter en
terrain découvert, sans aucun avantage.
    Au lieu de quoi, le shah avait pris la route la plus courte,
montrant ainsi le prix qu’il attachait à Otrar. Süböteï observait, enregistrait
tout ce qui pouvait l’aider à écraser l’ennemi. Il savait aussi bien que
quiconque que Gengis avait trop étiré ses lignes dans ce royaume. Il ne s’agissait
plus de se venger d’une ville mais d’assurer la survie de son peuple. Les
Mongols avaient fourré les mains dans un nid de guêpes aussi furieuses que
celles de l’empire Jin et l’enjeu était de nouveau capital.
    Cette pensée fit sourire Süböteï. Certains se battaient pour
de nouvelles terres, pour des femmes exotiques ou même pour de l’or. De ses
conversations privées avec le khan, Süböteï avait conclu que ni Gengis ni lui
ne s’intéressaient à ces choses. Le père ciel donnait à un homme la vie et rien
d’autre. Les Mongols étaient seuls dans la steppe – et c’était une rude
solitude – mais ils pouvaient chevaucher et conquérir, s’emparer de villes
et d’empires. Avec le temps, ceux qui suivaient le khan deviendraient peut-être
aussi faibles et mous que les habitants des villes, mais cela importait peu à Süböteï.
Il n’était pas responsable des choix de ses fils et petits-fils, uniquement de
la façon dont il menait sa propre vie. Agenouillé sur la pierre grise, les yeux
sur les nuages de poussière qui se rapprochaient dans la plaine, il songea une
fois de plus qu’il n’avait qu’une seule règle qui le guidait en tout.
    — Se battre à chaque pas, à chaque inspiration, marmonna-t-il.
    Ces mots étaient pour lui un manifeste. On ne pouvait
peut-être pas arrêter la grande armée du shah, qui refoulerait les tumans de
Gengis jusqu’à leur steppe. Seul le père ciel le savait. Comme le khan, Süböteï
continuerait néanmoins à traquer tous ceux qui pouvaient le menacer et à
frapper le premier, plus durement qu’ils ne l’imaginaient. Ainsi, parvenu au
terme de sa vie, il pourrait regarder en arrière avec orgueil, non avec honte.
    Süböteï fut tiré de ses réflexions lorsque des cavaliers de
Kachium et de Jelme le rejoignirent. Après toutes ces journées passées près d’eux,
il les connaissait bien et il les salua par leurs noms. Ils sautèrent de selle
et s’inclinèrent, honorés qu’il se souvienne de tels détails.
    — Les tumans arrivent, général, annonça l’un d’eux.
    — As-tu des ordres pour moi ? répliqua Süböteï.
    L’homme secoua la tête et Süböteï plissa le front. Il n’appréciait
pas d’être sous le commandement de Kachium, même s’il avait découvert en lui un
chef solide.
    — Dis à tes officiers que nous ne pouvons pas attendre
ici. Le shah pourrait envoyer des troupes nous encercler. Nous devons le
harceler, le forcer à prendre la route que nous lui avons choisie.
    Süböteï et les autres levèrent les yeux quand Kachium et
Jelme arrivèrent, descendirent de cheval et s’approchèrent du haut rocher. Süböteï
se leva, salua le frère du khan en courbant la tête.
    — J’ai voulu voir par moi-même, dit Kachium en
observant les champs, en contrebas.
    L’armée du shah n’était plus distante que d’une lieue et ils
pouvaient tous voir ses premiers rangs à travers la poussière. Elle avançait
tel un bloc compact et ses seules dimensions avaient de quoi effrayer n’importe
quel homme.
    — J’ai attendu tes ordres avant de bouger, répondit Süböteï.
    Kachium

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