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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Saladin tandis que
son armée progressait sur un terrain pierreux. Le grand sultan s’était emparé
de Jérusalem et avait mis les croisés en déroute. Il avait affronté des ennemis
aussi redoutables que le khan mongol, voire plus. Chaque soir, après que ses
hommes avaient établi le camp, Mohammed lisait à la lueur d’une lampe le récit
que Saladin avait fait de ses batailles et tâchait d’en tirer tout le profit
possible avant de trouver le sommeil. Avec son exemplaire du Coran, c’était ce
qu’il avait de plus cher.
    La nacelle fermée par des rideaux avait gardé la fraîcheur
de la nuit mais le soleil serait brûlant dès qu’il se lèverait. Mohammed
déjeuna de dattes et d’abricots secs qu’il accompagna d’une lampée de yoghourt.
Ses hommes avaient emporté du mouton séché et du pain plat qui avaient ranci
depuis longtemps, mais c’était sans importance. Otrar n’était plus qu’à quelques
jours de marche et son imbécile de cousin, Inaltchiq, le régalerait des mets
les plus délicats quand ils auraient sauvé sa ville.
    Le shah sursauta lorsqu’un de ses serviteurs toussota de l’autre
côté du rideau.
    — Qu’y a-t-il ?
    Le rideau s’écarta, révélant le visage de l’homme juché sur
le marchepied fixé à la sangle de l’éléphant.
    — Le reste du café, maître.
    Mohammed tendit le bras pour prendre la tasse. Ils étaient
en route depuis une heure et il fut surpris de constater que le breuvage noir
était encore fumant. Il inclina la tasse avec précaution pour ne pas en
répandre sur sa barbe.
    — Comment l’as-tu gardé chaud ?
    Le serviteur sourit de voir son maître satisfait.
    — J’ai mis le pot dans un sac en cuir rempli de braises
des feux du matin.
    Mohammed grogna, but une gorgée. Le café était amer et
délicieux.
    — Tu as bien fait, Abbas. C’est parfait.
    Le rideau retomba quand l’homme redescendit et le shah l’entendit
trotter un moment à côté du pachyderme. Il pensait déjà sans doute à ce qu’il
pourrait trouver pour préparer le repas de son maître après la prière de midi.
    Si ses hommes l’avaient permis, le shah du Khwarezm aurait
envisagé d’accorder une dispense de prier pendant la marche. Ils perdaient ce
faisant plus de trois heures par jour et ce retard l’irritait. Mais cela aurait
été interprété comme un manque de piété par ceux qui cherchaient à le défier et
il chassa une fois de plus cette pensée. C’était leur foi qui les rendait forts,
après tout. L’appel à la prière reprenait les paroles du Prophète et même un
shah ne pouvait y faire obstacle.
    Il avait enfin détourné son armée de la grande vallée et
montait vers Otrar. Devant lui s’étendait une chaîne de collines brunes. Une
fois au-delà, ses guerriers fondraient sur la horde mongole avec la férocité d’hommes
accoutumés à la dureté des déserts du Sud. Il ferma les yeux dans la nacelle
qui se balançait et considéra les forces dont il disposait. Avec la perte des
troupes de Khalifa, il ne lui restait que cinq cents cavaliers, sa propre garde
de fils nobles. Il était déjà contraint de les utiliser comme messagers et
éclaireurs. Pour ces rejetons de vénérables familles, c’était une injure à leur
sang, mais il n’avait pas le choix.
    Plus loin dans la colonne, six mille chameaux avançaient d’un
pas lent, avec sur le dos les vivres de toute l’armée. Moitié moins rapides que
les meilleurs chevaux, ils étaient capables de porter des poids énormes. Le
reste de l’armée allait à pied tandis que le shah et ses généraux étaient
confortablement installés. Il raffolait de ses éléphants, quatre-vingts mâles
dans la fleur de l’âge.
    Regardant du haut de sa nacelle, le shah Mohammed était fier
de l’armée qu’il avait rassemblée. Saladin lui-même l’aurait été. Le shah vit
son fils aîné Djalal al-Din monté sur un étalon noir et son cœur s’envola comme
chaque fois qu’il posait les yeux sur ce superbe jeune homme qui lui
succéderait un jour. Les hommes adoraient le prince et Mohammed se prit à rêver
que sa lignée régnerait sur tous les peuples de la région pendant des siècles.
    Mohammed pensa de nouveau aux cavaliers de Khalifa et tâcha
de ne pas laisser la colère gâcher sa matinée. Lorsque la guerre serait finie, il
les pourchasserait et n’en épargnerait aucun. Il en fit le serment en lui-même
tandis que son armée progressait et que les collines se rapprochaient

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