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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Palchuk.
Peu d’hommes osaient s’adresser au chamane et Kökötchu ne doutait pas de
pouvoir aisément s’en débarrasser. N’était-il pas celui qui parlait aux esprits
pour le khan, celui qui avait assuré à Gengis autant de victoires ?
    Kökötchu se mordit la lèvre. Si Temülen confiait ses
soupçons à Gengis, si elle lui parlait d’une main trop fureteuse sur ses
cuisses et ses seins, aucun charme au monde ne le protégerait. Il tenta de se
persuader qu’elle ne dirait rien. Dans la froide lumière du jour, elle
admettrait qu’elle ne connaissait rien aux esprits, à la manière de les invoquer.
Peut-être devrait-il envisager de protéger un des invalides par le même « charme »
pour que la rumeur de ce nouveau rite revienne à Temülen. Il y songea
sérieusement un moment puis maudit de nouveau sa concupiscence, conscient qu’elle
mettait tout en danger.
    Planté à l’intersection de deux sentiers, le chamane regarda
deux jeunes femmes mener des chevaux par la bride. Elles inclinèrent la tête en
passant et il leur rendit aimablement leur salut. Mon autorité est absolue, mes
secrets bien gardés, se dit-il. Un grand nombre de femmes du camp ne verraient
pas leur mari revenir. Il pourrait faire son choix parmi elles quand il les consolerait
de leur chagrin.

 
17
    Avant que l’aube éclaire la plaine, les survivants des dix
tumans quittèrent les braises de leurs feux pour se rassembler. Aucune des
unités n’avait été épargnée et les plus touchées étaient réduites à quelques
milliers d’hommes. Les guerriers trop gravement blessés pour combattre
restèrent au camp provisoire, couverts de bandages sanglants, ou partirent
simplement pour mourir avec leurs compagnons. Les chamanes qui auraient pu les
recoudre et les guérir étaient tous trop loin. Beaucoup de ces blessés
réclamèrent une mort digne et la reçurent d’un coup de sabre, dans l’honneur.
    Gengis écouta le décompte des morts dans un vent frais qui
le fit frissonner. Il inclina la tête en entendant les noms de vétérans comme
Samuka et Ho Sa.
    Les morts étaient trop nombreux pour être tous cités. Vingt-trois
mille hommes avaient été tués, mutilés ou perdus dans les batailles contre le
shah. C’étaient les pertes les plus sévères que Gengis eût jamais connues, un
coup terrible pour le peuple mongol. Il sentait la rage monter lentement en lui
chaque fois qu’il cherchait un visage dans les rangs et ne le trouvait pas. Palchuk,
le mari de sa sœur, faisait partie des disparus et Gengis savait qu’il y aurait
des torrents de larmes quand ils retourneraient enfin au camp.
    Le khan parcourut du regard les lignes qui se formaient. En
plus de son propre tuman de dix mille hommes, il remarqua les bannières de
Khasar et Kachium, Djebe et Süböteï, Djaghataï, Jelme et Djötchi. Il avait
donné des ordres pour que les guerriers des tumans les plus touchés remplissent
les vides laissés par les morts et on était parvenu à reconstituer huit tumans.
Tous ces hommes, jusqu’aux plus jeunes, âgés de quatorze ans, étaient aguerris.
Ils ne failliraient pas, il le savait.
    Il tendit le bras pour toucher le bas de sa jambe et grimaça
en le sentant encore sensible et humide. Il avait reçu cette blessure la veille
et ne se souvenait pas comment. Il ne pouvait pas s’appuyer dessus mais il
avait attaché son pied à l’étrier pour pouvoir quand même monter. Des guerriers
avaient eu leur armure transpercée par une flèche ou par un coup de sabre et
avaient bandé leurs plaies avec des bandes de tissu sales. D’autres, pris de
fièvre, transpiraient abondamment dans une brise qui ne les rafraîchissait pas.
Personne n’avait dormi et tous étaient épuisés, mais ils ne montraient aucun
relâchement, aucune faiblesse. Ils avaient tous perdu des amis ou des parents. Les
journées de combat avaient tout brûlé en eux hormis une froide détermination à
venger leurs morts.
    Lorsque la lumière du jour le permit, Gengis regarda l’armée
du shah. Il entendit des cors sonner l’alarme au loin quand les éclaireurs de
Mohammed découvrirent l’armée qui les attendait. Les soldats du Khwarezm
semblaient lents à se mouvoir et tournaient en rond sans parvenir à former les
rangs.
    Il donna l’ordre de se mettre au trot et ses tumans le
suivirent. Sa première rangée de deux mille guerriers abaissa des lances qui
pesèrent lourdement dans les mains d’hommes aux muscles fatigués. Les

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