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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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en
entendant le fracas assourdi de la bataille livrée dans les collines. À la
clarté de la lune, il distingua des ombres lointaines mais ne put que deviner
ce qui se passait. Ces maudits Mongols avaient encore attaqué.
    Avec seulement quatre cents cavaliers survivants, ses fils
et lui avaient abandonné l’armée et chevauchaient à vive allure. Il tourna les
yeux vers l’est, où le jour commençait à poindre, et s’efforça de se remplir l’esprit
de projets d’avenir. C’était difficile. Venu écraser un envahisseur, il avait
vu ses meilleurs hommes perdre leur sang, leurs forces et la vie. Les Mongols
étaient des tueurs infatigables, il les avait sous-estimés. Seule la pensée d’Abbas
galopant vers la forteresse des Assassins dans les montagnes le réconfortait. Ces
hommes de l’ombre n’échouaient jamais et il aurait voulu voir le visage du khan
lorsqu’il sentirait leurs poignards noircis de suie s’enfoncer dans sa poitrine.
     
     
    En traversant le camp, Kökötchu y sentait l’odeur de la peur,
flottant épaisse dans l’air de la nuit. On en voyait aussi une manifestation
dans les lampes suspendues à des poteaux à chaque intersection du dédale de yourtes.
Le noir effrayait les femmes et les enfants, qui imaginaient des ennemis tout
autour d’eux. Pour Kökötchu, cette terreur était grisante. Avec les guerriers
estropiés, Temüge, le frère de Gengis, et Yao Shu, il était l’un des rares
hommes restés parmi des milliers de femmes apeurées. Il cachait mal son désir
en les regardant se préparer comme elles pouvaient à une attaque, fourrant du
foin dans des vêtements et des armures avant de les attacher sur la selle d’un
cheval de remonte. Nombreuses étaient celles qui venaient chaque jour lui
offrir le peu qu’elles avaient afin qu’il prie pour que leur mari revienne sain
et sauf. En ces occasions, il se surveillait et se forçait à se rappeler que
les guerriers rentreraient et poseraient des questions à leurs épouses. Quand
une jeune femme agenouillée psalmodiait devant lui dans sa tente, sa pitoyable
offrande posée dans la poussière, il lui arrivait de placer une main sur ses
cheveux et de rougir de désir en la guidant dans ses prières.
    La pire, c’était Temülen, la sœur de Gengis. Elle avait un
corps svelte et de longues jambes, avec dans l’ossature comme un écho de la
force de son frère. Elle était venue trois fois lui demander de protéger
Palchuk, son mari. À sa troisième visite, elle sentait fort la sueur. Malgré
les petites voix qui hurlaient des mises en garde dans sa tête, Kökötchu avait
insisté pour placer sur sa peau un charme qui s’étendrait à tous ceux qu’elle
aimait. Ce souvenir provoqua chez lui une érection malgré ses craintes. Elle l’avait
regardé avec de l’espoir plein les yeux. Comme elle avait cru en lui ! La
sentir en son pouvoir lui avait fait perdre toute prudence. Il lui avait parlé
de ce charme extraordinairement puissant qui serait comme une armure de fer
contre les sabres ennemis. Il s’était montré subtil dans ses hésitations et, pour
finir, elle l’avait imploré de le faire opérer. Il avait eu du mal à cacher son
excitation lorsqu’il avait feint de céder à ses suppliques.
    Elle avait ôté ses vêtements comme il le lui avait ordonné
et s’était tenue complètement nue devant lui tandis qu’il entamait ses
incantations. Il se rappelait que ses propres doigts avaient tremblé quand elle
avait fermé les yeux et l’avait laissé dessiner sur son corps un réseau de
lignes avec du sang de mouton.
    Kökötchu s’arrêta soudain sur le sentier sinueux et se
traita d’imbécile. D’abord Temülen était restée immobile, les yeux clos, tandis
qu’il traçait ses lignes d’un doigt, couvrant le ventre, les seins et les
jambes de la jeune femme de formes rouges, laissant sa main s’attarder. Submergé
de désir, il s’était peut-être mis à haleter. Quand il s’était pressé contre
ses cuisses, elle avait brusquement ouvert les yeux, l’avait regardé à travers
la fumée de l’encens et avait soudain eu des doutes. Il frissonna en se rappelant
son expression.
    Elle était partie après avoir rassemblé précipitamment ses
affaires tandis qu’il protestait qu’il n’avait pas terminé. Il l’avait regardée
s’éloigner en courant à moitié et il avait senti son estomac se serrer en
prenant conscience des risques qu’il avait pris. Il ne craignait pas le mari,

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