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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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étranger, le prince Morosini de Venise. Ça vous dit quelque chose ?
    — L’ami du colonel Karloff ? rugit Fédor qui, instantanément calmé, se rassit. Posez les questions !
    — C’est toujours la même : où étiez-vous dans la soirée du 3 décembre entre 18 h 30 et 22 heures ?
    — Rue Daru dans la salle de répétition de l’église. Je chantais avec les choristes !
    Et de donner aussitôt un échantillon de son talent qui fit trembler le lustre à pampilles.
    — Et votre taxi, il était où ?
    — Devant la porte.
    — On aurait pu vous l’emprunter !
    — Non. On ne pouvait pas ! Roue de secours et roue arrière gauche crevées par mauvais plaisant. On réparait pendant que je chantais !
    — Bien ! Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. On vérifiera…
    — Vérifiez, vérifiez ! Vous verrez ! Et dites un peu, s’il vous plaît… C’est Morosini qu’on a enlevé ? À ce moment-là ? Mais à quel endroit ?
    — Sur le trajet entre la rue Alfred-de-Vigny et la gare de Lyon et sans doute pratiquement devant chez lui. Le taxi passait… Un G7 portant votre numéro !
    — Mon numéro ! Qui a osé ?… Il faut que je le trouve, celui-là ! clama Fédor revenu à sa tonalité naturelle. Il me ressemblait ?
    — Absolument pas ! Ça pouvait être un Italien !
    — Italien ?… Alors, par les reliques de saint Vladimir, qu’est-ce que vous faites ici ?
    — La plaque minéralogique ! Vous auriez pu la prêter !
    — À un moujik italien ? Jamais… Si je le coince, je le livre… à qui ?
    Sauvageol lui tendit sa carte et s’en alla vérifier les assertions de Fédor qu’au fond il ne mettait pas en doute. Si c’était un ami de ce Karloff dont il avait déjà entendu parler par le patron, ce pouvait même être un auxiliaire bénévole intéressant. À condition, s’il dénichait l’individu, de ne pas l’étendre pour le compte d’un seul coup de poing !
    En sortant du logis de Razinsky, Sauvageol s’en alla rendre compte à Langlois. Ce n’était pas lui son chef direct mais l’inspecteur principal Durtal. Pour ce que l’on appelait déjà l’affaire Morosini, que le grand patron entendait mener en personne, celui-ci avait fait appel à la meilleure paire de ses services : l’inspecteur principal Émile Durtal et un nouveau venu dans le cénacle, l’inspecteur Gilbert Sauvageol. Aussi différents l’un de l’autre que possible d’ailleurs ! Autant Durtal – nettement plus âgé ! – était massif, monolithique en quelque sorte, impressionnant même à cause de ses yeux froids et de son allure lente pouvant donner à croire que ses pensées marchaient au même rythme – ce qui était une lourde erreur ! –, autant « le petit jeune » était vif, primesautier et volubile : un vrai farfadet ! De même leurs armes étaient différentes, l’un donnait le frisson alors que l’autre, avec sa gaieté à fleur de peau, séduisait d’emblée.
    Ils arrivèrent l’un après l’autre ce soir-là dans le bureau de Langlois où le plus jeune se pointa le premier et rendit compte de sa visite.
    — Si le numéro est bien le même que celui de son taxi, ce ne peut être le chauffeur en aucun cas. C’est un Russe bon teint qui, même grimé d’un sérieux maquillage, ne réussirait jamais à se faire passer pour un Rital ! Il est d’ailleurs copain avec un certain Karloff qui est retiré des voitures mais que vous devez connaître.
    — Oh, oui ! C’est un cas celui-là, mais d’une honnêteté inattaquable… et qui connaît bien Morosini à qui il a sauvé la vie. Il tient un garage à Versailles maintenant ! Pour en revenir à notre affaire, il faut continuer à chercher à la G7. Si aucun véhicule n’a été volé…
    — Aucun, Monsieur !
    — Il peut s’agir d’un complice qui n’a pas vu d’inconvénient à changer de plaque, ou d’un des chauffeurs, moyennant finances évidemment. Ce ne sera peut-être pas facile à démêler et faites attention où vous mettez les pieds. Voyez chez ceux qui font la nuit surtout ! Tous ne ramènent pas forcément leur caisse au dépôt ! Ah, vous voilà, Durtal ! ajouta Langlois à l’adresse du collègue qui venait d’entrer. Vous allez faire du tourisme. J’ai tout ce qu’il vous faut ! Sauvageol, vous pouvez disposer !
    Avec une grimace de regret, le jeune homme s’exécuta. Il aurait aimé en savoir davantage, mais quand le grand patron prenait un certain ton il n’était jamais sain d’insister. Il sortit

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