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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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dit-elle en tendant au commissaire deux dessins à la plume exécutés sans le moindre repentir et d’une vérité criante… Un visage et une silhouette.
    — Fabuleux ! apprécia-t-il, abasourdi. Comment faites-vous ?
    — Oh, ce n’est rien, dit-elle d’un ton léger. J’imite Cyrano de Bergerac : je mets ma mémoire à côté du papier et il ne reste plus qu’à la recopier !
    Il ne put s’empêcher de rire.
    — Tout simple, en effet !… Si un jour M me de Sommières vous met au chômage, n’hésitez pas à venir me voir ! Vous êtes la physionomiste la plus remarquable que j’aie jamais rencontrée. Un grand merci !
    Il acheva son verre de whisky et allait quitter son fauteuil quand, après une brève hésitation, « l’artiste » demanda :
    — Auriez-vous des relations… amicales dans la police de Londres ? Par exemple, à Scotland Yard ?
    — J’ai déjà rencontré le Superintendant Gordon Warren, mais Aldo Morosini et Vidal-Pellicorne le connaissent mieux ! Pourquoi ?
    — C’est que justement, il s’agit d’Adalbert. Il est parti habiter à Londres pour être auprès de cette bourrique de Torelli et les ponts sont coupés entre lui et nous… alors qu’on aurait un tel besoin de son aide !
    — C’est pourtant vrai qu’il ne s’est pas manifesté ! Vous dites qu’il a rejoint cette chanteuse ?
    — Avec armes et bagages. Il l’héberge dans la demeure qu’il possède là-bas et il ne tient plus compte de personne sauf de son rival, ce brave Mr Wishbone. C’est au point qu’il a tout fait fermer à Paris et appelé Théobald, son fidèle factotum, pour qu’il vienne servir… non pas lui, mais la dame ! Le pauvre garçon désespéré a obéi, mais uniquement pour rendre son tablier !
    — Ce genre de comportement ne lui ressemble guère !
    — Plan-Crépin ! soupira M me de Sommières. Vous n’avez pas l’impression que le commissaire a suffisamment de soucis ? Ce n’est pas la première fois qu’Adalbert tombe amoureux et se brouille avec Aldo. Je ne peux qu’espérer que ce ne sera pas la dernière !
    — Je vais tout de même essayer d’en apprendre plus ! J’ai déjà entendu… de vagues bruits touchant cette femme qui aurait tendance à abuser de son pouvoir de séduction et compterait même un ou deux suicides à son actif ! Vous avez bien fait de m’en parler ! De toute façon, dès que j’aurai des nouvelles d’Aldo, je vous tiendrai au courant… Et surtout ne perdez pas courage !
    — Ça, on n’en manque jamais ! affirma fièrement Marie-Angéline. Cela se transmet de génération en génération. Nous sommes tous de la même trempe dans la famille…
    — … depuis les croisades ! conclut Tante Amélie avec, dans son regard vert, l’ombre d’un sourire.
     
    L’enquête à la compagnie des taxis G7 fut rapide et instructive. Le numéro indiqué par Lucien était, comme par hasard, celui d’un autre Russe, Fédor Razinsky, ancien avocat près les tribunaux de Saint-Pétersbourg, qui n’avait strictement rien de commun avec l’Italien grassouillet et résolument trivial décrit par Lucien. Physiquement, il était même son contraire. Long, maigre, blond, légèrement grisonnant, il offrait certaines ressemblances avec son compatriote Karloff – que d’ailleurs il connaissait ! –, ressemblance qui n’était pas uniquement extérieure. Il était doté lui aussi d’une voix de style bourdon de cathédrale qui avait dû faire merveille dans les prétoires, sans oublier un caractère chatouilleux qui lui permettait de s’exprimer pleinement quand on lui en offrait l’occasion. Ce que fit, en toute innocence, l’inspecteur Sauvageol quand il s’aventura à son domicile, rue des Filles-du-Calvaire, pour s’enquérir, fort poliment, de son emploi du temps au cours de la soirée du 3 décembre.
    — Qu’est-ce que ça peut bien vous faire ? tonna-t-il.
    Refusant de le suivre sur ce terrain, le petit Sauvageol lui offrit un sourire amène.
    — J’ai besoin de le savoir, tout bêtement.
    — Et pourquoi, s’il vous plaît ? !
    — Pour savoir si je ne vais pas être obligé de vous coffrer pour complicité d’enlèvement, fit-il, toujours aussi gracieux.
    — Moi ?… En prison ?
    — Eh oui ! Vous et votre voiture bien entendu. C’est un objet indispensable pour un kidnapping réussi.
    Du coup, le géant se plia pour regarder l’imprudent sous le nez avec un frémissement de mauvais augure.
    — Et j’aurais kidnappé qui ? !
    — Un noble

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