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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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mille d’entre eux allèrent rejoindre Alaric qui, à la tête de l’armée des Goths, se dirigeait vers Rome.

10.
    Galla Placidia, revivant en l’an 440 cette première décennie du V e  siècle, n’avait éprouvé aucun remords ou regret de ce qu’elle avait accompli en ces temps de guerre, de massacres, de doute aussi, de meurtres, de trahison, de vengeance et de conspiration.
    Elle avait accepté de se plier à ce qu’elle appelait « la loi de Dieu ».
    Dieu seul avait le pouvoir d’empêcher que l’Empire soit cette arène de mort au sol imbibé de sang.
    Mais Dieu laissait faire.
    Il n’y avait donc aucun moyen de se dérober ni même de comprendre ce qu’était le dessein de Dieu.
    Voulait-il que meure l’Empire, que Rome soit saccagée, détruite par l’armée d’Alaric − les hordes, les hordes barbares, murmurait Galla − ou bien Dieu avait-il choisi de sauver le monde romain ?
    Galla Placidia se souvenait des affrontements entre païens et chrétiens.
    Elle avait avec ferveur approuvé les lois, les rescrits impériaux, qui ordonnaient la destruction des édifices païens, temples et sanctuaires.
    Les sacrifices rituels, la célébration des divinités et des dieux étaient interdits.
    Galla Placidia avait vu à Rome des moines qui, une masse ou un levier en main, détruisaient tout ce qui pouvait rappeler les religions et les cérémonies païennes.
    On traquait les païens qui construisaient des cachettes dans leurs maisons ou au fond de leur jardin afin d’y mettre à l’abri les objets de leur culte.
    On élaborait des lois qui condamnaient à la peine de mort les juifs et les hérétiques et quiconque troublerait par la force l’exercice de la religion catholique. Ceux qui attaqueraient publiquement ses dogmes seraient condamnés à l’exportation.
    Galla Placidia retrouvait ce temps passé, quand elle lisait quarante années plus tard les lettres de l’évêque d’Hippone, qui approuvait les persécutions.
    Elle était fière d’avoir été aux côtés de l’évêque Augustin, le saint homme qui voulait, comme elle, que l’Empire romain soit l’Empire catholique.
    « L’Église de Dieu, écrivait-il, connaît deux sortes d’ennemis également dangereux, quoique opposés : les adversaires déclarés et les indifférents. Les lois enchaînent les premiers à la manière des fous furieux ; elles secouent les seconds et les tirent d’une léthargie funeste, pour les faire veiller au salut de l’unité. Nous en avons ranimé ainsi plus d’un et loin de nous taxer de cruauté ils nous remercient aujourd’hui de les avoir arrachés à un sommeil de mort. »
    Galla Placidia n’avait rien ignoré de la « cruauté » dont tous ceux qui avaient contribué à la chute de Stilicon et à sa mort faisaient usage.
    On torturait sous les ordres d’Olympius, l’officier qui était le nouveau maître du palais impérial.
    Il recherchait les complices de Stilicon, ce « brigand », cet « ennemi public », cet allié d’Alaric le Wisigoth.
    Olympius voulait des aveux qui lui permettraient de poursuivre les « satellites » de Stilicon, de les dépouiller de leurs biens au bénéfice d’Olympius et de cet officier, Héraclianus, qui avait tranché la tête de Stilicon.
    Quant aux membres de la famille de ce dernier, l’empereur Honorius avait décidé de les faire conduire à Rome.
    Serena, l’épouse, et sa fille Thermantia répudiée par Honorius, étaient gardées, surveillées.
    Et on leur présenta la tête tranchée d’Eucherius, leur fils et frère !
    Avec la même cruauté, on frappait les officiers « hérétiques », la plupart d’origine « barbare ». Ils étaient dégradés, humiliés, condamnés.
    On offrait ainsi à Dieu les preuves de la foi d’un Empire catholique implacable à l’égard des hérétiques, des païens, des Barbares qui, convertis au christianisme, refusaient les dogmes catholiques.
    Galla Placidia avait vécu ces années-là dans l’exaltation.
    Les hordes d’Alaric approchaient. Elles brûlaient, elles dévastaient le pays d’Ancône, elles se dirigeaient vers Rome.
    Alaric voulait que tout soit détruit, maisons, villages, récoltes, afin qu’il ne restât rien après son passage de ce qui pourrait ravitailler ou protéger l’ennemi.
    Alaric avançait, traversant les Apennins, et devant lui habitants et soldats fuyaient.
    Des milliers d’entre eux avaient déjà gagné la Ville et provoquaient l’effroi, la

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