La chute de l'Empire Romain
avaient été condamnés par Dieu puisque se prétendant chrétiens ils refusaient la Trinité.
Galla Placidia avait écouté, et sans hésiter elle avait pris le parti des chrétiens, de Dieu, et avait condamné les païens et les hérétiques.
Elle croyait Jérôme qui de son ermitage de Bethléem écrivait : « Stilicon est le demi-Barbare qui tourne contre l’Empire les trésors et les forces de l’Empire. »
Augustin, l’évêque d’Hippone, partageait cette accusation. Orose, auteur proche d’Augustin, écrivait : « Stilicon nous pille afin de soudoyer les Barbares. Que lui importerait de verser tout ce qu’il y a de sang humain sur la terre pourvu qu’il pût voir un moment la pourpre sur les épaules de son fils unique », cet Eucherius, que Galla Placidia avait rejeté.
Elle avait donc été cette jeune fille de dix-huit ans qui avait pris parti contre Stilicon.
Maintenant qu’elle était une femme de cinquante ans, mère de l’empereur Valentinien III, il lui arrivait, certaines nuits, de se demander si elle n’avait pas injustement accusé Stilicon.
Mais elle ne regrettait pas sa détermination, son engagement aux côtés de ceux qui, à Rome, à Ravenne, accusaient Stilicon de vouloir conclure une alliance avec les Wisigoths d’Alaric.
Autour de lui se formait la coalition de ceux qui défendaient l’égalité des Barbares et des Romains, souhaitaient que les Barbares soient reconnus comme des « peuples fédérés », pouvant atteindre le sommet de l’État.
Pour tous ceux-là, Stilicon était l’empereur.
Et Galla Placidia s’était dressée contre eux.
Elle partageait le sentiment des sénateurs, dont l’un s’écriait, apprenant qu’une ambassade allait rencontrer Alaric :
« Ce que tu conseilles, ô Stilicon, n’est pas une paix mais un pacte de servitude. »
Galla Placidia revivait ces mois sombres, cette première décennie du V e siècle durant laquelle les empires romains d’Occident et d’Orient semblaient en proie à une crise pouvant conduire à leur destruction.
Les auxiliaires barbares engagés dans l’armée manifestaient leur soutien à Stilicon.
Un imposteur – Constantin III − prenait la tête des légions romaines de Britannia et de la Gaule et pillait, saccageait des provinces.
Et Stilicon recrutait des Barbares goths pour combattre l’imposteur.
La fille aînée de Stilicon, Marie, dont le père avait voulu qu’elle épousât l’empereur Honorius, décédait dans des circonstances obscures.
À Constantinople, le 1 er mai 408, l’empereur d’Orient, Arcadius, mourait, laissant pour héritier son fils Théodose II, âgé de huit ans.
L’on accusait Stilicon de vouloir réunifier l’Empire romain au profit de son fils, Eucherius. Et ses adversaires répandaient le bruit que ce fils de Stilicon était païen.
Galla Placidia revivait sa colère, aussi rageuse quarante ans plus tard qu’en cette année 408, quand elle avait appris que l’empereur Honorius, veuf de Marie, épousait sa sœur puînée, Thermantia, fille elle aussi de Stilicon !
Caprice d’empereur, qui ne rêvait que de tuer Stilicon, qui le régentait et espérait revêtir de la pourpre impériale son fils, Eucherius ?
En cette année 408, un rescrit impérial ordonna de se saisir du patrice Stilicon, « brigand public et ennemi de l’empereur et de l’Empire, et de le mettre à mort sur-le-champ ».
Stilicon ne chercha ni à fuir ni à se défendre.
Il se remit entre les mains d’un officier romain, qui le fit agenouiller et lui trancha lui-même la tête, le 23 août 408.
Cet officier se nommait Héraclianus et était promis à un grand avenir. Il prit le commandement de l’Afrique, la plus riche des provinces de l’Empire.
Parfois, Galla Placidia se demandait si Stilicon n’avait pas désiré avec sincérité une entente entre deux mondes : le romain et le barbare. Et ainsi sauver et renforcer l’Empire romain.
Mais Galla Placidia pensait, à la fin des fins, qu’il s’agissait d’une illusion à laquelle, elle le reconnaissait, il lui était arrivé de rêver.
Mais le sang recouvrait le rêve.
À l’annonce de la mort de Stilicon, les soldats romains entrèrent dans toutes les villes où l’on gardait en otages les femmes et les enfants des Barbares qui servaient dans les troupes auxiliaires et égorgèrent ces malheureux otages jusqu’au dernier.
Apprenant cela, les soldats auxiliaires se rebellèrent et trente
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