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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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panique, car ni le citoyen le plus humble ni le sénateur le plus averti n’imaginait que les Barbares fussent si proches, si déterminés.
    On racontait que lors de la traversée des Apennins, un ermite s’était présenté à Alaric, le suppliant, en larmes, de ne pas attenter à la Ville du genre humain, d’épargner au monde une calamité sans exemple.
    Alaric, les yeux fixes, avait répondu d’une voix monocorde :
    « Je marche malgré moi, il y a quelqu’un qui me pousse en avant et me crie sans cesse : “Va prendre Rome.” »
    Et tout à coup, les Barbares étaient là, campant dans la plaine qui s’étendait au nord de Rome et se continuait au sud-ouest, le long du Tibre, jusqu’au port.
    Galla Placidia se souvenait de la colère qui l’avait saisie lorsqu’elle avait vu les cavaliers barbares s’avancer jusqu’aux remparts.
    Elle n’avait pas eu peur mais au contraire elle avait ressenti une fébrilité presque joyeuse.
    Elle méprisait ces Romains qui se lamentaient, qui prétendaient que les Barbares d’Alaric menaçaient l’approvisionnement de la Ville puisqu’ils avaient atteint le port et l’embouchure du Tibre où se trouvaient les greniers de Rome.
    Ils pouvaient donc affamer Rome.
    Galla Placidia s’était mêlée à ces Romains.
    Elle avait crié qu’il fallait se défendre et certains de ceux qui l’entouraient l’avaient acclamée, réclamant des armes.
    Galla avait parcouru la Ville.
    On avait ouvert les arsenaux d’État, placé des armes de jet sur les remparts. Mais personne ne prenait le commandement de cette foule gagnée par la panique.
    C’était donc cela, le peuple de Rome !
    Galla Placidia avait écouté ces soldats, ces sénateurs, ces hommes du peuple qui affirmaient que l’Empire avait été trahi, que Stilicon n’avait pas été décapité, qu’il serait aux côtés d’Alaric, que dans la Ville il avait des complices qui allaient ouvrir les portes de Rome aux Wisigoths.
    Quelqu’un avait lancé le nom de Serena, l’épouse de Stilicon qui se cachait à Rome, préparait et attendait l’entrée des Barbares. Ils détruiraient la ville et massacreraient tous ses habitants.
    Alors on se saisit de Serena, on l’accusa de trahison. Et le Sénat commença à la juger.
    Quarante ans plus tard, Galla Placidia s’étonnait encore d’avoir exigé, parce qu’elle était la fille de l’empereur Théodose le Grand et la sœur consanguine des deux empereurs, Arcadius et Honorius, d’être entendue par les sénateurs.
    Elle, Galla Placidia, que Serena avait accueillie comme l’une de ses filles, déclarait de sa voix tranchante que Serena avait trahi Rome et l’Empire.
    Elle, Galla Placidia, en témoignait.
    Et elle ne regrettait pas, quarante ans plus tard, d’avoir par cette accusation décidé le Sénat à prononcer à l’unanimité la peine de mort contre Serena.
    Oui, elle s’était vengée d’avoir été fiancée contre son gré à Eucherius.
    Elle était fille d’empereur romain et Stilicon et les siens étaient des descendants de Barbares.
    Oui, elle était fervente du Dieu de l’Empire.
    Oui, elle était catholique, rejetant les païens et les hérétiques, coupables d’attirer sur Rome la colère divine.
    Et elle n’avait pas tremblé de remords ou de joie quand un employé du Sénat lui avait rapporté que Serena avait été étranglée dans son cachot.
    Mais elle avait vibré de colère. Son corps s’était tendu à se rompre quand elle avait appris que les sénateurs romains avaient décidé de verser une rançon à Alaric afin qu’il lève le siège de Rome.
    Et le roi des Goths avait accepté, exigeant même d’entrer au service de l’empereur d’Occident, une fois qu’on lui aurait remis l’or et l’argent.
    Et Galla Placidia vit les Romains, à coups de marteau et de ciseaux, arracher les ornements d’or et d’argent recouvrant les statues élevées pour célébrer les victoires de Rome.
    Galla Placidia s’était avancée, avait protesté, mais on l’avait repoussée et elle n’avait pu empêcher qu’on brise puis fonde la statue de la Virtus, celle qui incarnait le courage guerrier et l’âme millénaire de Rome.
    Galla Placidia s’était tue.
    Adossée à une colonne, elle avait regardé la Virtus fondre, devenir ce métal bouillonnant, puis ce bloc noirci sur lequel les esclaves versaient de l’eau boueuse.
    La statue de la Virtus, cette déesse altière, au visage sévère, aux seins qu’on devinait ronds et

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