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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Peut-être était-il venu dans l’intention de la reconquérir. Ethel lui
souhaita bonne chance en son for intérieur.
    « Veux-tu que je t’achète un
journal ? proposa Billy.
    — Non, merci, mon chéri. Je
n’arriverais pas à me concentrer. »
    En attendant son train, elle lui
demanda : « Tu te rappelles notre code secret ?» Enfants, ils
avaient élaboré une méthode très simple pour communiquer sans que leurs parents
puissent déchiffrer leurs messages.
    Billy réfléchit quelques
instants, puis son visage s’éclaira. « Oui, bien sûr.
    — Je t’écrirai en code,
comme ça, Da ne saura rien.
    — Entendu. Envoie tes
lettres chez Tommy Griffiths. »
    Le train entra en gare dans un
nuage de vapeur. Billy serra Ethel dans ses bras. Elle vit qu’il se retenait
pour ne pas pleurer.
    « Sois sage, lui dit-elle.
Et occupe-toi bien de Mam.
    — Oui, fit-il en s’essuyant
les yeux du revers de la manche. Tout ira bien. Et toi, fais attention quand tu
seras à Londres.
    — C’est promis. »
    Ethel monta dans un wagon et s’assit
près d’une fenêtre. Une minute plus tard, le train s’ébranla. Comme il prenait
de la vitesse, elle regarda le chevalement de la mine disparaître dans le
lointain et se demanda si elle reverrait un jour Aberowen.
    5.
    Maud prenait un peut déjeuner
tardif avec la Princesse Bea dans la petite salle à manger de Ty Gwyn. La
princesse était d’excellente humeur. En temps normal, elle se plaignait
constamment de la vie en Angleterre ; pourtant, d’après les souvenirs que
Maud avait conservés de son séjour à l’ambassade de Grande-Bretagne, la vie en
Russie était nettement plus pénible : les maisons étaient glaciales, les
gens maussades, l’administration incapable et le gouvernement désorganisé. Mais
aujourd’hui, Bea ne se lamentait pas. Elle était ravie d’être enfin enceinte.
    Elle alla même jusqu’à parler
aimablement de Fitz. « C’est lui qui a sauvé ma famille, vous savez,
confia-t-elle à Maud. Il a levé l’hypothèque qui grevait notre domaine. Mais
jusqu’à présent, il n’y avait personne pour en hériter – mon frère n’a pas
d’enfant. Quelle tragédie si les terres d’Andreï et de Fitz devaient revenir à
quelque cousin éloigné ! »
    Maud ne voyait pas ce que cela
avait de tragique. Le cousin en question pourrait très bien être un de ses
propres fils. Mais elle n’avait jamais pensé hériter d’une fortune et n’accordait
que peu d’attention à ces choses.
    Elle n’était pas une compagne
bien divertissante ce matin, se dit-elle en buvant son café et en jouant avec
ses toasts. En fait, elle était malheureuse. Elle était oppressée par le papier
peint, une profusion victorienne de feuillage qui recouvrait tout, des murs au
plafond.
    N’ayant pas parlé à ses proches
de son idylle avec Walter, elle ne pouvait leur annoncer leur rupture, si bien
que personne ne pouvait lui manifester de compassion. Seule Williams, la
pétillante jeune intendante, était au fait de la situation, mais elle avait
disparu.
    Maud lut dans le Times le
compte rendu du discours que Lloyd George avait prononcé au dîner de
Mansion House. Il s’était montré optimiste à propos de la crise des Balkans,
affirmant qu’elle se réglerait de façon pacifique. Elle espérait qu’il ne se
trompait pas. Bien qu’elle ait renoncé à Walter, l’idée qu’il doive endosser l’uniforme
et se fasse blesser ou tuer à la guerre la terrifiait.
    Le journal publiait aussi une
brève dépêche de Vienne intitulée « Terreur serbe ». Elle demanda à
Bea si la Russie défendrait la Serbie contre les Autrichiens. « J’espère
bien que non ! répondit-elle, un peu affolée. Je ne veux pas que mon frère
parte à la guerre. »
    Maud se rappela avoir pris le
petit déjeuner dans cette même pièce avec Fitz et Walter, quand ils étaient en
vacances. Elle avait alors douze ans, eux dix-sept. Les garçons avaient un
appétit d’ogre et engloutissaient chaque matin quantité d’œufs, de saucisses et
de toasts beurrés avant d’aller faire du cheval ou nager dans le lac. Walter
était si séduisant déjà, un bel étranger plein de charme. Il la traitait avec
autant de courtoisie que si elle avait son âge, ce qui était flatteur pour une
aussi jeune fille – et constituait aussi, elle le comprenait à présent,
une subtile façon de lui faire des avances.
    Pendant qu’elle se perdait dans
ses réminiscences, Peel, le

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