Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
pas à ce que des rumeurs
parviennent à Fitz avant qu’elle ne l’en ait officiellement informé. Il
risquait de s’en offusquer. Elle s’efforça donc de dissimuler ses sentiments.
    Fitz s’assit à ses côtés.
Cherchant un sujet de conversation sans rapport avec Walter, elle pensa à Ty
Gwyn et demanda :
    « Qu’est-il arrivé à Williams,
ton intendante galloise ? Elle a disparu subitement et, quand j’ai
interrogé les autres domestiques, ils ont éludé la question.
    — J’ai dû me séparer d’elle,
répondit Fitz.
    — Oh ! » Maud
était surprise. « J’avais pourtant l’impression que tu l’appréciais.
    — Pas particulièrement. »
Il semblait embarrassé.
    « Qu’a-t-elle fait pour te
déplaire ?
    — Elle a subi les
conséquences de son impudicité.
    — Fitz, quel ton pompeux !
s’esclaffa Maud. Tu veux dire qu’elle est enceinte ?
    — Ne parle pas si fort, je
te prie. Tu connais la duchesse.
    — Pauvre Williams. Qui est
le père ?
    — Enfin, ma chère !
Crois-tu que je le lui aie demandé ?
    — Non, bien sûr que non. J’espère
qu’il fera son devoir, comme on dit.
    — Je n’en ai aucune idée.
Bonté divine ! Ce n’est qu’une domestique.
    — Je ne te savais pas aussi
dur avec ton personnel.
    — Il ne faut pas encourager
l’immoralité.
    — J’aimais bien Williams.
Elle est plus intelligente et plus intéressante que la plupart des femmes qui
nous entourent.
    — Ne sois pas ridicule. »
    Maud renonça. Pour une raison qui
lui échappait, Fitz feignait de n’éprouver qu’indifférence pour la jeune
intendante. Mais il n’était pas homme à s’expliquer, et il était inutile d’insister.
    Walter s’approcha d’eux, tenant
une tasse de thé d’une main et de l’autre une assiette avec une tranche de
cake. Il sourit à Maud, mais ce fut à Fitz qu’il s’adressa. « Tu connais
Churchill, n’est-ce pas ?
    — Le petit Winston ?
Bien sûr. Il a commencé sa carrière dans mon parti, avant de passer chez les
libéraux. Je pense que son cœur penche toujours du côté des conservateurs.
    — Il a dîné vendredi dernier
avec Albert Ballin. J’aimerais bien savoir ce que celui-ci avait à lui dire.
    — Je peux éclairer ta
lanterne – Winston en a parlé à tout le monde. En cas de guerre, lui a dit
Ballin, si l’Angleterre reste à l’écart des hostilités, l’Allemagne s’engage à
laisser la France intacte, autrement dit à ne lui prendre aucun territoire –
contrairement à ce qui s’est passé la dernière fois, lorsqu’elle a annexé l’Alsace
et la Lorraine.
    — Ah ! s’exclama Walter
satisfait. Merci. Cela fait des jours que j’essaie de le savoir.
    — Ton ambassade n’est pas au
courant ?
    — De toute évidence, ce
message n’était pas censé passer par la voie diplomatique. »
    Maud était intriguée. Cette
assurance semblait de nature à convaincre l’Angleterre de ne pas participer au
conflit européen. Peut-être Fitz et Walter ne seraient-ils pas condamnés à s’entre-tuer,
après tout. « Comment a réagi Winston ? demanda-t-elle.
    — Il est resté évasif, dit
Fitz. Il a rapporté cette conversation au cabinet, mais celui-ci n’en a pas
discuté. »
    Maud était sur le point de s’en
indigner quand Robert von Ulrich fit son apparition, aussi pâle que si on
venait de lui apprendre la mort d’un être cher. « Que diable lui est-il
arrivé ? » s’écria-t-elle tandis qu’il s’inclinait devant Bea.
    Il se retourna et annonça à la
cantonade : « L’Autriche vient de déclarer la guerre à la Serbie. »
    L’espace d’un instant, Maud eut l’impression
que la Terre avait arrêté de tourner. Personne ne bougeait, personne ne
parlait. Elle avait les yeux rivés sur les lèvres de Robert, sous sa moustache
cirée, et aurait voulu qu’il revienne sur ses paroles. Puis l’horloge sonna sur
le manteau de la cheminée et un murmure consterné s’éleva de la pièce.
    Des larmes montèrent aux yeux de
Maud. Walter lui tendit un mouchoir de lin soigneusement plié. « Vous
allez devoir vous battre, dit-elle à Robert.
    — En effet. » Il
répondit d’un ton sec, comme si c’était une évidence, mais il paraissait
effrayé.
    Fitz se leva. « Je ferais
mieux de retourner à la Chambre voir ce qui se passe. »
    Plusieurs autres personnes
prirent congé. Profitant du brouhaha, Walter se tourna vers Maud et lui dit
tout bas : « La proposition d’Albert

Weitere Kostenlose Bücher