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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’artillerie et n’en sortaient que pour lancer des attaques
suicidaires contre les nids de mitrailleuses ennemies. Finalement, les Anglais
durent leur salut à l’arrivée de renforts, dont un corps d’armée d’Indiens aux
visages bruns, frissonnant dans leurs uniformes tropicaux. Quand la bataille
s’acheva, soixante-quinze mille soldats britanniques avaient péri et la force
expéditionnaire était brisée ; mais les Alliés avaient érigé une barricade
défensive de la Manche à la frontière suisse et l’envahisseur allemand avait
été arrêté.
    Le 24 décembre, Fitz se trouvait
au quartier général britannique à Saint-Omer, non loin de Calais. Il était
d’humeur morose. Il se souvenait de la désinvolture avec laquelle lui et
d’autres avaient déclaré aux soldats qu’ils seraient rentrés chez eux pour
Noël. Aujourd’hui, tout donnait à penser que la guerre durerait toute une
année, voire davantage. Les armées ennemies passaient leurs journées dans les
tranchées, mangeaient de la nourriture avariée, souffraient de la dysenterie,
des puces et du « pied des tranchées », et luttaient contre les rats
qui dévoraient les cadavres jonchant le no man’s land. Naguère, Fitz avait été
convaincu que l’Angleterre devait entrer en guerre, mais il ne parvenait plus à
se rappeler pour quelles raisons.
    Ce jour-là, la pluie avait cessé
et le froid s’était installé. Sir John envoya un message à toutes les
unités pour les avertir que l’ennemi prévoyait une attaque pour Noël. Une
attaque purement imaginaire, Fitz le savait : il n’avait reçu aucune
information en ce sens. En vérité, Sir John ne voulait pas que la
vigilance se relâche le jour de Noël.
    Chaque soldat recevrait un cadeau
de la princesse Mary, âgée de dix-sept ans, la fille du roi et de la reine
d’Angleterre : une boîte de laiton estampé contenant des cigarettes, un
portrait de la princesse et une carte de vœux signée du roi, les non-fumeurs,
les sikhs et les infirmières auraient droit à du chocolat et à des confiseries
à la place de tabac. Fitz participerait à la distribution des cadeaux aux
chasseurs gallois. En fin de journée, comme il était trop tard pour regagner le
confort relatif de Saint-Omer, il resta au quartier général du 4 e  bataillon,
une tranchée-abri humide, à quatre cents mètres du front, à lire une aventure
de Sherlock Holmes en fumant un de ces petits cigares qu’il avait appris à
apprécier. Ils étaient moins bons que ses chers panatellas mais, désormais, il
avait rarement le temps de fumer un gros cigare jusqu’au bout. Il se trouvait
en compagnie de Murray, qui avait été promu capitaine après Ypres. Fitz, lui,
n’était pas monté en grade. Hervey tenait sa promesse.
    Peu après la tombée de la nuit,
des coups de feu retentirent. Les hommes avaient vu des lumières et croyaient
que l’ennemi lançait une attaque surprise. En fait, il s’agissait de lampions
multicolores dont les Allemands décoraient leur parapet.
    Murray, qui était sur le front
depuis un certain temps, lui parla des troupes indiennes qui défendaient le
secteur voisin. « Ces pauvres diables ont débarqué en uniforme d’été parce
qu’on leur avait dit que la guerre serait finie avant les frimas. Mais je vais vous
dire une chose, Fitz : ces moricauds sont sacrement ingénieux. Comme vous
le savez, nous n’arrêtons pas de demander au ministère qu’il nous envoie des
mortiers de tranchée comme ceux des Allemands, capables de lancer des grenades
au-dessus d’un parapet. Eh bien, les Indiens s’en sont bricolé quelques-uns
avec des bouts de tuyau en fer. On dirait la plomberie des toilettes d’un pub
de campagne, mais ça marche ! »
    Le matin, le paysage était
recouvert de brouillard givrant et le sol durci par le gel. Fitz et Murray
entamèrent la distribution des cadeaux de la princesse. Certains soldats
s’étaient rassemblés autour d’un brasero pour essayer de se réchauffer, mais
ils étaient plutôt contents de ce froid, préférable à l’humidité, surtout pour
ceux qui souffraient du pied des tranchées. Fitz remarqua que quelques-uns se
parlaient en gallois, alors qu’ils s’adressaient toujours en anglais aux
officiers.
    La tranchée allemande, distante
de quatre cents mètres, était dissimulée par un banc de brume dont la couleur évoquait
celle de l’uniforme allemand, un gris bleuâtre fané que l’on appelait « vert-de-gris ».
Fitz

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