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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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nous a envoyés ici pour
sauver la France. La bataille qui s’annonce pourrait être décisive. » Fitz
ne put s’empêcher d’élever la voix. « Si Paris est perdue, et la France
avec elle, comment expliquerons-nous aux nôtres que nous étions en train de
nous reposer ? »
    Au lieu de lui répondre, Hervey
regarda par-dessus l’épaule de Fitz. Se retournant, celui-ci découvrit un homme
lent et massif, sanglé dans un uniforme français : une tunique noire
ouverte sur un ventre proéminent, un pantalon rouge trop serré, des jambières
et le képi rouge et or d’un général vissé sur la tête. Des yeux sans couleur
dévisageaient les deux Anglais sous des sourcils poivre et sel. Fitz reconnut
le général Joffre.
    Lorsqu’il se fut éloigné, suivi
de son état-major, Hervey demanda : «Êtes-vous responsable de
ceci ? »
    Fitz était trop fier pour mentir.
« Ce n’est pas impossible.
    — Vous n’avez pas fini d’en
entendre parler », dit Hervey en se précipitant pour rejoindre le
généralissime.
    Sir John reçut Joffre dans
un petit salon, en présence d’officiers triés sur le volet, parmi lesquels Fitz
ne figurait pas. Il rongea son frein au mess en espérant que le Français
parviendrait à convaincre le commandant de la force expéditionnaire
d’interrompre sa honteuse retraite pour participer à l’assaut.
    Le lieutenant Murray lui apprit
la nouvelle deux heures plus tard : « Il paraît que Joffre a tout
essayé. Il a supplié, il a sangloté, il a laissé entendre que l’honneur des
Anglais serait à jamais souillé. Et il a gagné la partie. Demain, nous marchons
vers le nord. »
    Fitz sourit de toutes ses dents.
« Alléluia ! »
    Une minute plus tard, le Colonel Hervey
s’approcha de sa table. Fitz se leva poliment.
    «Vous êtes allé trop loin, déclara
Hervey. Le général Lourceau m’a informé de votre initiative. Il tenait à la
saluer.
    — Je ne chercherai pas à la
nier. À en juger par son résultat, elle était fondée.
    — Écoutez-moi bien,
Fitzherbert, reprit Hervey en baissant la voix. Vous êtes foutu. Vous avez fait
preuve de déloyauté vis-à-vis d’un officier supérieur. Votre nom est marqué
d’une croix noire qui ne s’effacera jamais. Même si la guerre devait durer une
année, vous n’obtiendrez jamais de promotion. Vous êtes commandant et vous
resterez commandant.
    — Je vous remercie de votre
franchise, mon colonel, dit Fitz. Mais je suis entré dans l’armée pour
remporter des batailles et non des promotions. »
    4.
    Bien que l’avance de Sir John
ce dimanche ait été d’une prudence consternante selon Fitz, son initiative n’en
obligea pas moins von Kluck à parer la menace en envoyant des troupes qu’il
aurait préféré affecter ailleurs, ce dont Fitz ne pouvait que se féliciter.
Désormais, les Allemands se battaient sur deux fronts, à l’ouest et au
sud : une calamité aux yeux de tout commandant.
    Le lundi matin, Fitz se réveilla
d’humeur optimiste après avoir passé la nuit sur une couverture, à même le sol
du château. Une fois avalé son petit déjeuner au mess des officiers, il
attendit impatiemment que les avions de reconnaissance soient revenus de leur
sortie matinale. La guerre, avait-il découvert, consistait en une longue
inactivité entrecoupée de plages d’agitation frénétique. Dans le parc du
château, il y avait une chapelle censée dater de l’an mil et il alla y jeter un
coup d’œil, bien qu’il n’ait jamais compris qu’on puisse s’intéresser aux
vieilles pierres.
    La séance de débriefing se
déroula dans un superbe salon qui donnait sur les jardins et sur le fleuve. Les
officiers s’assirent sur des sièges pliants autour d’une table de fortune, au
milieu d’un splendide décor XVIII ème Sir John avait un menton en
galoche et une moustache de morse blanche dissimulant des lèvres au pli figé
dans une expression de fierté outragée.
    Les colonnes allemandes
s’éloignant vers le nord, rapportèrent les aviateurs, l’armée britannique avait
un véritable boulevard devant elle.
    Fitz jubilait. Apparemment, la
contre-attaque alliée inattendue avait pris les Allemands au dépourvu.
Naturellement, ils ne tarderaient pas à se regrouper, mais, pour le moment, ils
semblaient désemparés.
    Il attendit que Sir John
ordonne d’accélérer la progression ; à sa grande déception, le commandant
en chef se contenta de confirmer les objectifs limités définis

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