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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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entendit une mélodie lointaine les Allemands chantaient des cantiques de
Noël. Bien qu’il n’ait pas l’oreille musicale, il lui sembla reconnaître « Douce
nuit, sainte nuit ».
    Il retourna à la tranchée-abri,
où il partagea avec les autres officiers un petit déjeuner sinistre de pain
rassis et de jambon en conserve, avant de sortir fumer. De toute sa vie, jamais
il n’avait été aussi accablé. Il pensa au breakfast que l’on devait servir en
ce moment même à Ty Gwyn : saucisses chaudes, œufs du jour, rognons au
poivre et à la moutarde, harengs fumés, toasts beurrés et café crème odorant.
Il aurait tant aimé avoir des sous-vêtements propres, une chemise repassée de
frais et un costume de laine moelleux ! Et pouvoir passer la matinée
devant la cheminée, sans rien d’autre à faire qu’à lire les blagues stupides de Punch !
    Murray le rejoignit : « On
vous demande au téléphone, mon commandant. C’est le quartier général. »
    Fitz s’étonna. Quelqu’un avait dû
se donner bien du mal pour le retrouver. Il espéra qu’une nouvelle crise
franco-anglaise n’avait pas éclaté pendant qu’il distribuait les cadeaux de
Noël. Le front barré d’un pli soucieux, il rentra dans la tranchée-abri et prit
le téléphone de campagne. « Fitzherbert.
    — Bonjour, mon commandant,
dit une voix qui lui était inconnue. Ici le capitaine Davies. Vous ne me
connaissez pas, mais on m’a demandé de vous transmettre un message de votre
famille. »
    De sa famille ? Fitz
craignit une mauvaise nouvelle. « C’est fort aimable à vous, capitaine.
Que dit ce message ?
    — Votre épouse a donné
naissance à un garçon, mon commandant. La mère et l’enfant se portent bien.
    — Oh ! » Fitz se
laissa tomber sur une caisse. Le bébé n’aurait pas dû naître aussi tôt – il
devait être en avance d’une ou deux semaines. Les prématurés étaient fragiles,
il le savait. Mais il était en bonne santé, à en croire le message. Et Bea
aussi.
    Fitz avait un fils, et son
domaine un héritier.
    « Vous êtes toujours là, mon
commandant ? demanda le capitaine Davies.
    — Oui, oui. Un peu ému,
c’est tout. C’est plus tôt que prévu.
    — Comme c’est Noël, nous
avons pensé que cette nouvelle vous ferait plaisir.
    — Vous avez eu raison,
croyez-moi !
    — Permettez-moi d’être le
premier à vous féliciter.
    — Trop aimable, dit Fitz. Je
vous remercie. » Mais le capitaine Davies avait déjà raccroché.
    Au bout d’un moment, Fitz se
rendit compte que les autres officiers le regardaient en silence. L’un d’eux
finit par demander : « Bonne ou mauvaise nouvelle ?
    — Bonne ! Excellente,
même. Je suis père. »
    Il eut droit à moult poignées de
main et tapes dans le dos. En dépit de l’heure matinale, Murray sortit la
bouteille de whisky et ils burent tous à la santé du bébé. « Comment
s’appelle-t-il ? demanda Murray.
    — Tant que je vivrai, il
sera viComte d’Aberowen, répondit Fitz, qui comprit un peu tard que le
capitaine ne s’intéressait pas au titre du bébé mais à son prénom. George, en
l’honneur de mon père, et William, en l’honneur de mon grand-père. Le père de
Bea s’appelait Piotr Nikolaïevitch, alors peut-être ajouterons-nous ces deux
prénoms. »
    Murray semblait amusé. « George
William Peter Nicholas Fitzherbert. Que de noms à
porter ! »
    Fitz opina en souriant. « D’autant
qu’il ne pèse sans doute que sept livres. »
    Le cœur plein de fierté et de
bonne humeur, il mourait d’envie de partager cette nouvelle. « Je vais
peut-être aller faire un tour sur le front, dit-il lorsqu’ils eurent fini leur
whisky. Distribuer quelques cigares aux hommes. »
    Il sortit de la tranchée-abri
pour s’engager dans le boyau de communication. Il était euphorique. On
n’entendait pas un coup de feu, l’air était frais et pur, sauf à proximité des
latrines. Ce n’était pas à Bea qu’il pensait en cet instant, mais à Ethel. Son enfant
était-il déjà né ? Était-elle heureuse dans la maison achetée avec
l’argent qu’elle lui avait extorqué ? L’âpreté avec laquelle elle avait
mené les négociations l’avait refroidi, mais il ne pouvait s’empêcher de se
rappeler que c’était son enfant qu’elle portait. Il espéra que son accouchement
se passerait sans problème, comme celui de Bea.
    Il oublia toutes ces pensées en
arrivant sur le front. Comme il s’engageait dans

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