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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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du
Calvaire, qui abritait le dispensaire de Lady Maud à Aldgate. C’est dans
ce quartier qu’Ethel avait choisi de s’établir parce que c’était le seul dont
elle connaissait le nom, Lady Maud l’ayant cité à plusieurs reprises.
    La salle était éclairée par des
appliques à gaz à l’éclat chaleureux, et, au milieu, un poêle à charbon
dissipait le froid. On avait disposé des rangées de chaises pliantes bon marché
en face d’une table et d’un pupitre. Ethel fut accueillie par le secrétaire de
section, Bernie Leckwith, un homme studieux et pédant mais qui avait un cœur d’or.
Il semblait soucieux. « Notre oratrice s’est décommandée »,
annonça-t-il.
    Ethel était déçue. « Qu’allons-nous
faire ?» Elle parcourut la salle du regard. « Il y a déjà plus de
cinquante personnes.
    — Ils nous envoient quelqu’un
d’autre, mais elle n’est pas encore arrivée, et je ne sais pas ce qu’elle vaut.
Elle n’est même pas membre du parti.
    — Qui est-ce ?
    — Une certaine Lady Maud
Fitzherbert. » Bernie ajouta d’un air désapprobateur : « Si j’ai
bien compris, elle vient d’une famille de propriétaires miniers. »
    Ethel éclata de rire. « Ça
alors ! J’ai travaillé chez eux dans le temps.
    — C’est une bonne oratrice ?
    — Aucune idée. »
    Ethel était intriguée. Elle n’avait
pas revu Maud depuis ce fameux mardi où elle avait épousé Walter von Ulrich. Le
jour où l’Angleterre avait déclaré la guerre à l’Allemagne. Ethel avait
toujours la robe que Walter lui avait achetée pour l’occasion, accrochée dans
sa penderie et protégée par du papier mousseline. Une robe de soie rose avec
une chasuble vaporeuse. Elle n’avait jamais rien possédé de plus beau.
Naturellement, elle était beaucoup trop étroite pour elle aujourd’hui. De toute
façon, ce n’était pas une tenue appropriée pour une réunion du parti
travailliste. Elle conservait le chapeau assorti, bien rangé dans son carton à
l’enseigne d’une modiste de Bond Street.
    Elle prit place, soulagée de ne
plus avoir à porter son propre poids, et attendit le début de la réunion.
Jamais elle n’oublierait le dîner au Ritz qui avait suivi le mariage, en
compagnie de Robert von Ulrich, le fringant cousin de Walter. En entrant dans
le restaurant, elle avait senti le regard malveillant que lui décochaient deux
femmes et avait deviné que, sous sa robe hors de prix, elle conservait quelque
chose de ses origines ouvrières. Mais cela lui était bien égal. Robert s’était
répandu en commentaires hilarants sur leurs vêtements et leurs bijoux, et elle
lui avait un peu décrit la vie dans une ville minière du pays de Galles, une
existence qui lui était aussi étrangère que celle des Esquimaux.
    Où étaient-ils aujourd’hui ?
Walter et Robert étaient à la guerre, évidemment, l’un dans l’armée allemande,
l’autre dans l’autrichienne, et Ethel n’avait aucun moyen de savoir s’ils
étaient encore en vie. Elle n’en savait pas davantage sur Fitz.
    Elle supposait qu’il était parti
en France avec les chasseurs gallois, mais n’en était même pas sûre. Ce qui ne
l’empêchait pas de consulter les listes de morts au champ d’honneur que
publiaient les journaux, craignant d’y découvrir le nom de Fitzherbert. Elle le
détestait pour la manière dont il l’avait traitée, et pourtant, elle remerciait
le Ciel de ne pas y trouver son nom.
    Elle aurait pu garder le contact
avec Maud, tout simplement en se rendant au dispensaire le mercredi, mais
comment aurait-elle justifié sa visite ? Exception faite d’une petite
alerte en juillet – quelques taches de sang dans sa culotte, dont le
docteur Greenward lui avait assuré qu’elles n’avaient rien d’inquiétant –,
elle allait parfaitement bien.
    Maud n’avait pas changé en six
mois. Elle entra dans la salle dans une tenue aussi spectaculaire que d’habitude,
coiffée d’un grand chapeau à larges bords orné d’une immense plume aussi raide
que le mât d’un yacht. Ethel se sentit soudain miteuse dans son vieux manteau
marron.
    Maud l’aperçut et se dirigea vers
elle. « Bonjour, Williams ! Pardonnez-moi, je veux dire Ethel. Quelle
bonne surprise ! »
    Ethel lui serra la main. « Vous
m’excuserez si je reste assise, dit-elle en tapotant son ventre rebondi. Je ne
sais même pas si j’aurais la force de me lever pour saluer le roi.
    — Surtout n’en faites

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