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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ses mains douces une tasse
de grès bleu. Préférant ne pas lui dire la vérité sur son frère, Ethel raconta
à Maud la dernière version en date de sa saga « Teddy Williams » :
celui-ci était mort au combat, en France. « Je dis aux gens que nous
étions mariés, ajouta-t-elle en touchant son alliance bon marché. D’ailleurs,
personne ne s’en soucie de nos jours. Quand un garçon part à la guerre, la
fille veut lui faire plaisir, qu’ils soient mariés ou non. » Elle baissa
la voix. « Je suppose que vous êtes sans nouvelles de Walter. »
    Maud lui sourit. « En fait,
il est arrivé quelque chose de fantastique. Vous avez lu les articles sur la
trêve de Noël ?
    — Oui, bien sûr : les
soldats anglais et allemands ont échangé des cadeaux et joué au football dans
le no man’s land. Quel dommage qu’ils n’aient pas prolongé cette trêve et
refusé de reprendre les armes.
    — En effet. Fitz a vu Walter
ce jour-là !
    — Vraiment ! C’est
merveilleux !
    — Bien entendu, Fitz ignore
que nous sommes mariés, et Walter a dû être très prudent. Mais il m’a transmis
un message pour me dire qu’il pensait à moi en ce jour de Noël. »
    Ethel serra la main de Maud. « Donc,
il va bien !
    — Il a combattu en
Prusse-Orientale, puis il a été affecté sur le front français, mais il n’a pas
été blessé.
    — Dieu merci. Mais vous n’aurez
sans doute pas de nouvelles de sitôt. Une chance pareille, cela n’arrive pas
tous les jours.
    — Vous avez raison. J’espère
tout de même qu’on l’enverra, pour une raison ou pour une autre, dans un pays
neutre, la Suisse ou les États-Unis, par exemple, d’où il pourra me poster une
lettre. Sinon, je devrai attendre la fin de la guerre.
    — Et comment va Monsieur le Comte ?
    — Fitz va bien. Il a passé
les premières semaines de guerre à mener la grande vie à Paris. »
    Pendant que je cherchais du
boulot dans un atelier de couture, pensa Ethel avec une bouffée de
ressentiment.
    « La Princesse Bea a eu
un petit garçon, poursuivit Maud.
    — Votre frère doit être ravi
d’avoir un héritier.
    — Nous sommes tous enchantés »,
dit Maud, et Ethel se rappela que, même rebelle, c’était une aristocrate.
    L’assistance se dispersa. Un taxi
attendait Maud et les deux femmes se dirent au revoir. Bernie Leckwith monta
dans l’autobus avec Ethel. « Elle était mieux que je ne pensais,
décréta-t-il. D’accord, c’est une aristo, mais elle a la tête sur les épaules.
Et puis très aimable, surtout avec toi. Je suppose qu’à force de travailler
pour une famille, on finit par la connaître de près. »
    Plus que tu ne crois ! se
dit Ethel.
    Elle demeurait dans une rue
paisible, bordée de maisons attenantes, anciennes mais solides, occupées par
des familles d’ouvriers, d’artisans et d’employés relativement aisés. Bernie l’accompagna
jusqu’à sa porte. Il avait certainement l’intention de l’embrasser,
comprit-elle. Soulagée de constater qu’il existait encore un homme au monde qui
la trouvait séduisante, elle envisagea de le laisser faire, simplement. Mais le
bon sens l’emporta : elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs. « Bonne
nuit, camarade ! » lança-t-elle gaiement, et elle rentra chez elle.
    Pas un bruit, pas une lumière à l’étage :
Mildred et ses enfants dormaient déjà. Ethel se déshabilla et se coucha,
épuisée ; pourtant, les pensées se bousculaient dans sa tête et elle n’arrivait
pas à dormir. Elle finit par se relever et prépara du thé.
    Elle décida d’écrire à son frère.
Elle prit son bloc de papier à lettres et commença :
     
    Ma très chère jeune sœur
Libby.
     
    Dans le code de leur enfance,
seul un mot sur trois comptait et les noms propres étaient écrits dans le
désordre. Cette phrase se traduisait tout simplement par : Cher Billy.
    Le plus simple, serappela-t-elle,
c’était de rédiger le message qu’elle voulait lui adresser puis de combler les
vides. Elle écrivit :
     
    Assise seule très malheureuse.
     
    Puis elle transforma la phrase :
     
    Je suis assise chez moi, seule
et pas très heureuse ni malheureuse.
     
    Enfant, elle avait adoré ce jeu,
prenant plaiSir à inventer un message imaginaire pour dissimuler le vrai.
Billy et elle avaient conçu différents stratagèmes : un mot biffé
comptait, un mot souligné ne comptait pas.
    Elle décida de rédiger l’intégralité
de sa lettre avant de la

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