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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’avait connue la France. Da affirmait qu’ils avaient besoin d’un
gouvernement travailliste. Billy ne savait pas à qui donner raison.
    Il aborda un jeune homme au
visage amical : « Savez-vous où se trouve l’atelier de Mannie Litov ? »
    L’autre lui répondit dans une
langue qui ressemblait à du russe.
    Il fit une nouvelle tentative et
tomba cette fois sur un Anglais qui n’avait jamais entendu parler de Mannie
Litov. Aldgate ne ressemblait pas à Aberowen, où tout le monde savait où
étaient tous les magasins et tous les ateliers de la ville. Avait-il fait tout
ce chemin – et dépensé tout cet argent – pour rien ?
    Pas question de renoncer aussi
vite. Il scruta la rue en quête de passants au type britannique, qui auraient l’air
d’exercer une activité quelconque, portant des outils, ou poussant une
charrette. Au bout de cinq tentatives infructueuses, il interrogea un laveur de
carreaux chargé d’une échelle.
    « Mannie Li’ov ? »
répéta l’homme. Il disait Litov sans prononcer le t, qu’il remplaçait
par un petit bruit de gorge. «L’a’elier de ’ou’ure ?
    — Je vous demande pardon,
dit poliment Billy. Pouvez-vous répéter ?
    — L’a’elier de ’ou’ure. Là
où on fabrique des vêements – des ves’es et des pan’alons.
    — Euh… oui, ça doit être ça »,
bredouilla Billy, qui commençait à s’inquiéter.
    Le laveur de carreaux hocha la
tête. « ’out d’oit, un qua’t de mile, ‘ou’nez à d’oi’e, A’k ‘av ‘ad.
    — Tout droit ? répéta
Billy. Un quart de mile ?
    — C’est ça, puis ‘ou’nez à d’oi’e.
    — Je dois tourner à droite ?
    — A’k ‘av ‘ad.
    — Ark Rav Road ?
    — Vous pouvez pas vous ‘omper. »
    La rue s’appelait en réalité Oak
Grove Road, la « rue du bosquet des chênes ». Les chênes y brillaient
par leur absence, comme les bosquets en général. C’était une venelle étroite et
tortueuse, bordée de bâtiments en brique délabrés, grouillante de piétons, de
chevaux et de charrettes à bras. Les deux passants que Billy interrogea l’orientèrent
vers une maison coincée entre un pub, Au Chien et au Canard, et une boutique
condamnée à l’enseigne de Lippmann’s. La porte d’entrée était ouverte. Billy
monta à l’étage et se retrouva dans une salle où vingt femmes cousaient des
uniformes de l’armée britannique.
    Elles continuèrent à travailler,
actionnant leurs pédales en cadence, sans paraître lui prêter attention. L’une
d’elles finit par lui lancer : « Entre, mon chou, on ne va pas te
manger – encore qu’en ce qui me concerne, j’aurais bien envie d’y goûter
un peu. » Elles s’esclaffèrent toutes bruyamment.
    « Je cherche Ethel Williams,
dit-il.
    — Elle n’est pas là, lui
répondit la femme.
    — Pourquoi ?
demanda-t-il, inquiet. Elle est malade ?
    — En quoi ça te regarde ?»
La femme se leva. « Moi, c’est Mildred, et toi ? »
    Billy la dévisagea. Elle était
jolie malgré ses dents en avant. Elle portait un rouge à lèvres très vif et des
boucles blondes dépassaient de son chapeau. Son gros manteau gris informe n’arrivait
pas à dissimuler tout à fait le balancement sensuel de ses hanches lorsqu’elle
s’avança vers lui. Il était trop ébahi pour parler.
    « Dis donc, lança-t-elle, ce
serait pas toi le salaud qui l’a engrossée et puis qui a mis les voiles, au
moins ? »
    Billy retrouva sa voix. « Je
suis son frère.
    — Oh, foutre ! C’est
toi, Billy ? »
    Il en resta bouche bée. Jamais il
n’avait entendu une femme prononcer ce mot.
    Elle l’observa avec aplomb. « Oui,
tu es son frère, ça se voit, même si tu fais plus que tes seize ans. » Sa
voix s’adoucit et il se sentit fondre. « Tu as les mêmes yeux noirs et les
mêmes cheveux bouclés.
    — Où est-ce que je peux la
trouver ? » demanda-t-il.
    Elle lui jeta un regard de défi. « Figure-toi
que je sais qu’elle n’a pas envie que sa famille sache où elle vit.
    — C’est mon père qui lui
fait peur, répliqua Billy. Mais elle m’a écrit. Je me fais du souci pour elle,
c’est pourquoi j’ai pris le train.
    — Tu es venu exprès de ce
trou perdu du pays de Galles où elle est née ?
    — Ce n’est pas un trou perdu ! »
s’indigna Billy. Puis il haussa les épaules : « Enfin, peut-être que
si.
    — J’adore ton accent, reprit
Mildred. J’ai l’impression d’entendre quelqu’un

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