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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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chanter.
    — Vous savez où elle habite ?
    — Comment tu as fait pour
arriver jusqu’ici ?
    — Elle m’a dit qu’elle
travaillait pour Mannie Litov, à Aldgate.
    — Un vrai petit Sherlock
Holmes, pas vrai ? railla-t-elle, avec une pointe d’admiration dans la
voix.
    — Si vous ne voulez pas me
dire où elle est, je trouverai bien quelqu’un d’autre pour me renseigner,
déclara-t-il avec une feinte assurance. Je ne rentrerai pas chez moi avant de l’avoir
vue.
    — Elle va me tuer, mais tant
pis, dit Mildred. Vingt-trois Nutley Street. »
    Billy lui demanda comment s’y
rendre. Il la pria de parler lentement.
    « Ne me remercie pas,
lança-t-elle comme il prenait congé. Mais tu me défendras si Ethel veut me
tuer, hein ?
    — D’accord », dit
Billy, qui ne demandait qu’à défendre Mildred contre n’importe quel danger.
    Les autres femmes lui lancèrent
des baisers en guise d’adieu, et il en fut tout gêné.
    Nutley Street n’avait rien d’un
havre de paix. Une seule journée à Londres avait suffi à Billy pour s’habituer
à ces rangées de maisons attenantes. Bien plus grandes que les habitations de
mineurs, elles étaient séparées de la rue par une petite cour. L’impression d’ordre
et de monotonie était accentuée par les fenêtres à guillotine toutes
identiques, composées de douze carreaux, alignées tout le long des façades.
    Il frappa au numéro 23, mais
personne ne répondit.
    Il commençait à s’inquiéter.
Pourquoi n’était-elle pas allée travailler ? Était-elle malade ?
Sinon, pourquoi n’était-elle pas chez elle ?
    En jetant un coup d’œil par la
fente de la boîte aux lettres, il distingua un couloir au plancher ciré et un
portemanteau avec un vieux manteau brun qui lui était familier. Il faisait
froid ce jour-là. Ethel ne serait pas sortie sans se couvrir.
    Il s’approcha de la fenêtre et
chercha à voir à l’intérieur ; un rideau l’en empêchait.
    Retournant à la porte, il jeta
encore un coup d’œil par la boîte aux lettres. Tout était comme avant, pourtant
cette fois, il entendit du bruit. Un long gémissement. Collant ses lèvres à la
fente, il cria : « Eth ! C’est toi ? C’est moi, Billy ! »
    Il y eut un long silence, puis
les plaintes reprirent.
    « Nom de Dieu ! »
    La porte étant équipée d’une
serrure Yale, le verrou était sans doute fixé au montant par deux vis. Il
frappa le battant du plat de la main. Il ne semblait pas très solide,
probablement du pin bon marché, plus très neuf. Il recula, leva une jambe et
frappa la porte du talon de sa lourde botte de mineur. Le bois craqua, mais
résista. Il fit plusieurs autres tentatives. La porte tenait bon.
    Si seulement il avait un marteau !
    Il parcourut la rue du regard,
espérant apercevoir un ouvrier avec ses outils, mais elle était déserte et il
ne vit que deux gamins sales qui l’observaient avec intérêt.
    Il redescendit jusqu’au portail,
pivota sur ses talons et fonça sur la porte, la frappant de l’épaule droite.
Elle céda, et il tomba dans le couloir.
    Il se releva en se frottant l’épaule
puis écarta le battant arraché. Tout était silencieux. « Ethel ?
appela-t-il. Où es-tu ? »
    Entendant un nouveau gémissement,
il le suivit jusqu’à une pièce du rez-de-chaussée, située sur l’avant de la
maison. C’était une chambre de femme, avec des bibelots en porcelaine sur le
manteau de la cheminée et des rideaux à fleurs à la fenêtre. Ethel était sur le
lit, vêtue d’une robe grise qui la couvrait comme une tente. Elle n’était pas
allongée, mais à quatre pattes. C’était elle qui gémissait.
    «Qu’est-ce que tu as, Eth ?»
fit Billy d’une toute petite voix terrifiée.
    Elle retint son souffle. « C’est
le bébé qui arrive.
    — Mince alors ! Je
ferais mieux d’aller chercher un docteur.
    — Trop tard, Billy. Bon
sang, que ça fait mal !
    — On dirait que tu vas
mourir !
    — Mais non, Billy, c’est
toujours comme ça quand on accouche. Approche-toi, tiens-moi la main. »
    Billy s’agenouilla près du lit et
Ethel lui prit sa main. Elle accentua son étreinte avant de se remettre à
gémir. Le cri était plus long, plus angoissé, et elle le serra si fort qu’il
crut que ses os allaient se briser. Elle se mit à hurler, puis à haleter comme
si elle avait couru longtemps.
    Une minute plus tard, elle dit :
« Je te demande pardon, Billy, mais tu vas être obligé de regarder sous

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