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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’engagea
dans une ruelle qui le reconduisit dans la rue bien éclairée. Les latrines qui
se trouvaient au milieu de la chaussée le cachaient à tous ceux qui pouvaient l’attendre
devant chez lui. Il s’éloigna rapidement.
    Deux rues plus loin, il se rendit
compte qu’il serait obligé de passer devant les Deux Couronnes. Il s’arrêta
pour réfléchir quelques instants. Il connaissait bien la ville. Le seul autre
chemin possible l’aurait obligé à faire demi-tour. Or les hommes qu’il avait
entendus étaient peut-être encore devant chez lui.
    Il n’avait pas le choix. Lev s’engouffra
dans une autre ruelle et remonta l’allée qui passait derrière le pub.
    Alors qu’il approchait de la
grange abritant le tripot, il perçut des voix et entrevit deux hommes,
peut-être plus, dont le réverbère au bout de l’allée découpait les silhouettes
en ombres chinoises. Le temps pressait, mais il fit halte et attendit qu’ils
soient rentrés. Pour se rendre moins visible, il se colla à une haute palissade
en bois.
    Ils n’en finissaient pas. « Allez,
allez, murmura-t-il. Vous n’avez pas envie d’aller vous mettre au chaud ?»
La pluie dégoulinait de sa casquette et jusque dans sa nuque.
    Quand ils se décidèrent enfin à
rentrer, Lev sortit de l’ombre pour reprendre sa route, et longea la grange
sans incident. Au moment où il s’éloignait, il entendit à nouveau des voix. Il
pesta. Les clients buvaient de la bière depuis midi, et à cette heure de l’après-midi
ils avaient souvent besoin de sortir. Il entendit quelqu’un lui lancer : « Salut,
mon pote. » Il l’avait pris pour un ami. On ne l’avait donc pas reconnu.
    Il fit la sourde oreille et
continua de marcher.
    Des murmures lui parvinrent. Ils
étaient en grande partie inintelligibles, mais il crut entendre : « On
dirait un Russkoff. » Les vêtements russes n’étaient pas identiques à ceux
des Britanniques, et peut-être avaient-ils remarqué à la lueur du réverbère à
présent tout proche la coupe de son manteau et la forme de sa casquette. Un
homme sortant d’un pub avait généralement plus urgent à faire que de suivre les
passants, et il pouvait espérer que ceux-ci penseraient d’abord à se soulager.
    Il obliqua dans la première
ruelle et disparut à leurs regards. Malheureusement, se dit-il, il n’avait
sûrement pas disparu de leurs pensées. Spiria avait dû leur raconter son
histoire et il s’en trouverait bien un pour comprendre pourquoi un homme
habillé comme un Russe filait vers le centre-ville, une valise à la main.
    Il ne fallait pas qu’il manque
son train.
    Il se mit à courir.
    La voie ferrée suivait le fond de
la vallée, et le chemin de la gare descendait de bout en bout. Il courait avec
facilité, à longues foulées. Au-dessus des toits, il distingua les lumières de
la gare et, à mesure qu’il s’approchait, le panache de fumée du train à l’arrêt
le long du quai.
    Il traversa la place et s’engouffra
dans le hall. La grande horloge murale indiquait six heures moins une. Il se
précipita vers le guichet et pécha des pièces dans sa poche : « Un
billet, s’il vous plaît.
    — Et où voulez-vous aller ce
soir ?» demanda aimablement l’employé.
    Lev montra le quai avec
impatience. « Ce train, là !
    — Il s’arrête à Aberdare, à
Pontypridd…
    — Cardiff ! »
Levant les yeux, Lev vit que l’aiguille des minutes venait de bouger
imperceptiblement pour se poser dans un léger tremblement sur le chiffre xII.
    « Aller-retour ou aller
simple ? ajouta l’employé sans se presser.
    — Aller simple, vite ! »
    Lev entendit siffler le train.
Désespéré, il examina les pièces de monnaie qu’il avait en main. Il connaissait
le tarif – il s’était rendu deux fois à Cardiff au cours des six derniers
mois – et posa l’argent sur le comptoir.
    Le train s’ébranla.
    L’employé lui donna son billet.
    Lev s’en empara et tourna les
talons.
    « N’oubliez pas votre
monnaie ! » lança l’employé.
    Lev gagna la barrière en deux
enjambées. « Billet, s’il vous plaît », dit le contrôleur, qui l’avait
pourtant vu l’acheter.
    Le train prenait déjà de la
vitesse.
    Le contrôleur poinçonna son
billet et demanda : « Vous ne voulez vraiment pas votre monnaie ? »
    La porte du hall s’ouvrit
brusquement et les frères Ponti entrèrent au pas de course. « Te voilà,
toi ! » cria Joey en fonçant sur Lev.
    Celui-ci le prit

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