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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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autant l’impression
qu’elle fait preuve de faiblesse dans ses relations internationales. Je pense
que, pour le moment, il a trouvé le bon équilibre.
    — Et par la suite ? »
    La suite, voilà bien ce qui
inquiétait tout le monde. « Qui peut dire de quoi demain sera fait ?
répondit Gus. Woodrow Wilson lui-même en est incapable. »
    Elle rit. « Réponse de
politicien. Vous irez loin à Washington. » Comme quelqu’un s’adressait à
elle, elle se retourna.
    Gus s’écarta. Il éprouvait le même
sentiment qu’un boxeur au moment où l’arbitre déclare le match nul.
    Certains privilégiés étaient
conviés à prendre le thé avec le conférencier. Gus était du nombre, sa mère
étant l’une des mécènes du musée. Il laissa Rosa à sa conversation et se dirigea
vers un salon privé. Il eut le plaiSir d’y retrouver Olga. Son père devait
appartenir, lui aussi, au petit cercle des donateurs.
    Il prit une tasse de thé et alla
la rejoindre. « Si vous venez un jour à Washington, je me ferai un plaiSir de
vous faire visiter la Maison-Blanche.
    — Oh ! Pourrez-vous me
présenter au président ? »
    Il aurait aimé lui répondre Oui, tout ce que vous voudrez ! mais il hésita à faire une promesse qu’il
n’était pas sûr de pouvoir tenir. « J’essaierai, cela dépendra de son
emploi du temps. Quand il s’installe devant sa machine à écrire pour rédiger un
discours ou un communiqué de presse, personne n’a le droit de le déranger.
    — J’ai été si attristée par
la mort de son épouse. »
    Ellen Wilson était décédée depuis
presque un an, au tout début de la guerre européenne. Gus hocha la tête. « Il
en a été désespéré.
    — J’ai entendu dire qu’il
fait déjà la cour à une veuve fortunée. »
    Gus fut déconcerté. Il est vrai
que c’était un secret de polichinelle à Washington : huit mois seulement
après la disparition de son épouse, Wilson s’était pris d’une passion de jeune
homme pour la voluptueuse Edith Galt. Le président avait cinquante-huit ans, l’objet
de sa flamme quarante et un. En ce moment même, ils étaient ensemble dans le
New Hampshire. Gus faisait partie du très petit nombre de gens à savoir que
Wilson avait demandé sa main à Mrs Galt le mois précédent et que celle-ci
tardait à lui donner sa réponse. Il demanda : « D’où tenez-vous cette
information ?
    — Est-elle exacte ? »
    Il sut résister à l’envie d’impressionner
la jeune fille en lui révélant des secrets. « Je ne peux pas évoquer ce
genre de sujet, dit-il à contrecœur.
    — Oh, quel dommage !
Moi qui espérais tant apprendre quelques potins.
    — Désolé de jouer les
rabat-joie.
    — Ne soyez pas bête ! »
Elle posa la main sur son bras, et Gus frémit comme sous l’effet d’une décharge
électrique. « J’organise un tournoi de tennis demain après-midi. Vous
jouez ?»
    Gus se défendait plutôt bien,
grâce à la longueur de ses membres. «Oui, dit-il, j’adore le tennis.
    — Serez-vous des nôtres ?
    — J’en serai ravi. »
    3.
    Il ne fallut qu’une journée à Lev
pour apprendre à conduire. Quant au second talent indispensable à un chauffeur,
celui de changer les pneus, deux heures d’apprentissage lui suffirent. À la fin
de la semaine, il savait faire le plein, changer l’huile et régler les freins.
Si la voiture refusait de démarrer, il était capable de dire si la batterie
était à plat ou une durite bouchée.
    En tant que moyen de locomotion,
les chevaux appartenaient au passé, lui avait assuré Josef Vialov. Les garçons
d’écurie étaient payés une misère parce qu’on en trouvait à la pelle. À l’inverse,
les chauffeurs, peu nombreux, touchaient des salaires élevés.
    De plus, Vialov appréciait d’avoir
un chauffeur assez costaud pour lui servir de garde du corps au besoin.
    Il avait une Packard Twin Six
flambant neuve, une limousine de sept places en plus du chauffeur, un modèle
lancé quelques semaines plus tôt et qui laissait les collègues de Lev bouche
bée. Son moteur à douze cylindres faisait pâlir d’envie jusqu’à ceux qui
trônaient au volant d’une Cadillac V8.
    Lev avait été moins épaté par la
demeure ultramoderne de Vialov. Le jardinier en chef lui avait dit que c’était
une « maison de la Prairie », un style architectural tout récent. À
ses yeux, ce bâtiment de plain-pied et tout en longueur avec des avant-toits
plongeants ressemblait

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